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Politique Publié le lundi 30 mai 2011 | Nord-Sud

1993-2010: De la primature au palais Ouattara a-t-il changé ?

© Nord-Sud Par DR
Visite du chef de l`état en France: le Président Alassane Ouattara reçu à Matignon
Paris (France). Invité au Sommet du G8 qui s`est tenu du 26 au 28 mai à Deauville, le Président de la République de Côte d`Ivoire, SEM Alassane Ouattara a été également reçu par le premier ministre français, François Fillon
Avant de séduire 54% de l’électorat en novembre 2010, Alassane Ouattara était surtout le seul Premier ministre de Félix Houphouet-Boigny. 21 ans après, a-t-il subi l’usure du temps ?
Décryptage.

Alassane Ouattara a été élu président de la République le 28 novembre 2010. Mais, les Ivoiriens ont dû patienter cinq mois pour le voir assumer la plénitude de sa fonction. Néanmoins, en cinq mois de gestion de la guerre il a pris des décisions. Celles-ci rappellent-elles l’homme providentiel qui a volé au secours du ‘’Vieux’’ en 1990 ? Le temps a-t-il produit son effet ? En d’autres termes, le Ouattara du palais présidentiel est-il semblable à celui de la primature ?

Alassane Ouattara prend le pouvoir à 68 ans. Soit 20 ans après l’arrivée du technocrate du début des années 1990. Il est évident que les conditions ont quelque peu changé. Même si l’ex-banquier continue de défendre l’image d’un sportif. La différence d’âge démontre aussi que le chef de l’Etat est lui connu par les 20-30 ans. Cela n’est certainement pas le cas pour le Premier ministre de Félix Houphouet-Boigny.

Ponctualité et rigueur au travail Ces deux valeurs ont marqué le passage de Ouattara à la primature, entre 1990 et 1993. Les fonctionnaires de cette époque se souviendront, sans doute, de l’obligation qu’ils avaient de pointer au bureau à 7h30. Et, le Premier ministre avait l’habitude de visites inopinées qui terrorisaient les responsables peu assidus. Avec lui, les Ivoiriens ont commencé à respecter les heures de travail.

Avec la ponctualité, la rigueur au travail deviendra une caractéristique essentielle de la gouvernance. Tenir un conseil des ministres en fin de journée, à sa descente d’avion, voilà qui a marqué les esprits. L’on n’oubliera pas la rigueur avec laquelle il obligera des proches du ‘’Vieux’’ à payer leurs impôts. Une mesure renversante pour eux.

Il est vrai que cette image de ponctualité n’a rien à voir avec le grand retard pris lors de la cérémonie d’investiture à Yamoussoukro. Malgré les heures qu’il a passées à la Fondation FHB, deux jours avant, pour s’assurer que tout allait bien.

A la décharge de Ouattara, l’on notera que les lacunes graves constatées ce jour-là sont plutôt imputables au comité d’organisation. Et, selon nos informations, il n’aurait pas apprécié les fautes commises. L’avertissement a toutefois été pris au sérieux. La semaine suivante, la cérémonie de prestation de serment du président de la Cour suprême, s’est déroulée au palais du Plateau, sans aucune concession au temps. Mais, la vigilance doit continuer.

Choix des hommes Sur la question, beaucoup de personnes s’interrogent. Ceux qui ont connu Alassane Dramane Ouattara dans les années 1990 se souviennent d’un technocrate soucieux d’utiliser les compétences sans exclusive. Aussi bien au niveau de son cabinet que de l’équipe gouvernementale, il a donné leurs chances à des personnes qui ont convaincu de la justesse de ses choix. Les nominations du Golf suscitent-elles, des commentaires. Certains lui reprochent d’avoir fait la part belle à son allié du Pdci. D’autres estiment qu’il n’a pas suivi de près les nominations aux grandes directions de l’économie et des finances. Ce qui a entraîné une sorte de favoritisme. Au sein des sociétés d’Etat, l’on relève encore du favoritisme, des cas de personnes tirées de leur retraite pour être bombardées directeur général, etc. Certains ministres apparaissent désormais comme des recordmen. Ils sont au gouvernement depuis 2003 et ont besoin d’être mis en concurrence avec d’autres Ivoiriens. Certains inconditionnels parlent de nominations par intérim, dans la majorité des cas. L’objectif étant de ne pas faire trop de vagues en attendant la formation du gouvernement. Comme s’il avait entendu les critiques, l’on apprendra que le chef de l’Etat a suspendu les nominations. Il est vrai que Ouattara hérite de l’Etat dans un contexte particulier. Sa victoire, il la doit à des alliances politiques. La guerre lui impose aussi un gouvernement d’union. Mais, c’est à lui d’imposer le respect de la compétence et de l’éthique dans les nominations. La meilleure voie, pour lui, est de donner l’exemple. Influence et relations internationales Une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont été témoins de l’investiture d’Alassane Ouattara le 21 mai. La cérémonie a été retransmise en direct sur des chaînes françaises. L’aboutissement de cinq mois d’une guerre très médiatique. La communauté internationale tout entière s’est mobilisée derrière lui pour faire partir Laurent Gbagbo. On peut dire que l’actuel président jouit d’une image favorable au plan mondial. Bien entendu, cela peut être lié à la situation particulière de la Côte d’Ivoire dont l’expérience démocratique aura requis une forte implication de la communauté internationale. Mais, il ne serait pas faux de dire que le pays le doit peut-être, en partie, à l’aura de l’opposant puis candidat Ouattara. Au début des années 1990, la Côte d’Ivoire recevait un de ses fils rompus aux questions monétaires. Par la suite, en devenant directeur général du Fmi en 1994, celui-ci acquiert une autre stature. Les relations qu’il tisse donnent inévitablement plus d’échos à son action politique nationale. Il est perçu comme l’ami des personnes influentes dans le monde. Certes, le Ouattara d’aujourd’hui a encore un puissant relationnel, soutenu par celui de son épouse. Mais, il convient de noter que le monde a considérablement changé en 20 ans. Les dirigeants d’hier ont passé le témoin. Au Sénégal, Abdoulaye Wade s’apprête à sortir de scène. En Afrique, par exemple, le très influent Omar Bongo, ami personnel de Ouattara, a tiré sa révérence. Olusegun Obasanjo ne dirige plus le Nigeria. Thabo Mbeki est parti, après s’être rapproché de Laurent Gbagbo. Plusieurs pays de la sous-région ont réalisé des performances économiques non négligeables. De nouveaux circuits se sont créés. Au niveau stratégique, le multilatéralisme est venu rogner la superpuissance des Etats-Unis et de l’Union européenne. Des pays tels que la Chine, l’Inde, le Brésil donnent des leçons de croissance aux anciennes locomotives de l’économie mondiale. L’enjeu pour la Côte d’Ivoire sera alors de maintenir les relations privilégiées qu’il a avec l’Ue et les Etats-Unis, tout en diversifiant ses pôles de coopération et en jouant un rôle plus accrû dans l’intégration sous-régionale. Lors du récent sommet du G8 à Deauville, le président élu a sollicité les pays les plus puissants pour un appui d’urgence à son pays. Pour l’heure, c’est la France qui a fait un geste concret, annonçant «un programme de désendettement et de développement» d’un peu plus de 1.300 milliards Fcfa. Pour sa part, le nouveau président martèle sa capacité à mobiliser les ressources que requiert son programme.

Kesy B. Jacob
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