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Politique Publié le mardi 31 mai 2011 | Le Patriote

Interview / Kafana Koné Gilbert (SGA RDR) à Koulibaly : “Le Président Ouattara n’oblige personne à entrer dans son Gouvernement”

Directeur opérationnel de la campagne du candidat Ouattara au premier tour de l’élection présidentielle, Kafana Koné Gilbert, rompt ici le silence. Il donne sa lecture de l’actualité politique nationale marquee par l’imminence de la formation du gouvernement d’ouverture.
Le Patriote : Depuis la fin de la crise postélectorale, on ne vous voit plus au devant de la scène. Qu’est ce qui explique ce repli ?
Kafana Koné Gilbert : C’est vrai que depuis l’élection du Président de la République, le Docteur Alassane Ouattara, dont j’ai été l’un des directeurs de campagne au premier tour, on ne m’a pas entendu. Mais vous savez que je ne suis pas prolixe. Je ne suis pas un homme de communication, mais un homme d’action, de terrain. C’est pourquoi vous ne m’entendez pas depuis l’accession du Président à la magistrature suprême. C’est mon tempérament.

LP : Vous avez passé les cinq mois qu’a duré la crise postélectorale au Golf hôtel avec le Président de la République. Qu’est-ce qui vous a marqué chez l’homme pendant cette période?
KKG : Nous avons vécu une période très difficile au Golf. Difficile, parce que voir des responsables de ce niveau cloîtrés dans des chambres, alors qu’ils devraient être sur le terrain pour s’occuper des problèmes pour lesquels le peuple les a élus, c’est vraiment inadmissible. Car, les problèmes pour lesquels le Président Ouattara a été élu empiraient de jour en jour. Pendant ce temps, nous étions réduits dans un espace.
Ce qui m’a frappé chez le Président Ouattara pendant cette période, c’est sa patience. En dépit de toutes les pressions qui se sont exercées sur lui pour agir, il a toujours écouté les uns et les autres par rapport à leurs inquiétudes, mais il a toujours pris la bonne décision au bon moment. C’est avec le recul qu’on se rend compte qu’il avait vraiment raison.

LP : L’avez-vous rencontré pendant cette période difficile ?
KKG : Je l’ai rencontré quelque fois. Je lui ai posé des questions et ses réponses m’ont permis de comprendre un certain nombre de choses et de savoir patienter.

LP : A cette période, quel rôle avez-vous joué à ses côtés ?
KKG : Pendant cette période, nous avons agi en RHDP. Le RHDP a travaillé aux côtés du Président de la République. Le RHDP a réagi quand il fallait et pris des positions quand il fallait. Avec le comité chargé de l’organisation des manifestations, nous avons géré ensemble les activités et tous les mouvements sur le terrain. Ces actions sur le terrain ont débouché sur l’arrivée des Forces républicaines de Côte d’Ivoire à Abidjan. A Abidjan, nous avons également mené des actions. Du travail collectif a été fait. Et je salue ce travail. Je voudrais saluer cette cohésion au sein du RHDP. Et j’espère que ce sont des prémices d’une union plus forte pour l’intérêt de la Côte d’Ivoire.

LP : Vous n’étiez pas sur le terrain, mais vous avez mené des actions sociales au profit des populations, notamment celles de Yopougon auxquelles vous avez offert plus de 5 tonnes de riz, du sucre, etc. doit-on croire que vous avez des ambitions pour Yopougon ?
KKG : C’est une action qui a été plus ou moins spontanée. Mon collaborateur, le départemental Imbassou Ouattara, m’a appelé un jour pour me dire qu’à Port-Bouët 2, il n’y avait pas de riz pour le lendemain au niveau du centre de regroupement des victimes de guerre au centre social de Port-Bouët 2. Alors, j’ai saisi Anne Ouloto, qui est chargée des questions de solidarité. Mais c’était trop juste pour qu’une action puisse se faire dès le lendemain. J’ai donc pris sur moi d’apporter une contribution pour acheter les vivres dont vous venez de parler afin de soulager un tant soit peu les victimes de la crise postélectorale qui étaient regroupées au centre social de Port-Bouët 2, en attendant des actions plus grandes. Et cela n’a pas tardé, puisque deux jours après, la Première Dame a fait un geste beaucoup plus significatif. C’est une action d’ordre plus humanitaire que politique.

LP : Le Président de la République a été investi le 21 mai dernier. Que vous inspire cette cérémonie ?
KKG : Ce fut vraiment un événement historique, de par sa taille et sa portée. Plus de 20 chefs d’Etat et de gouvernement qui se sont libérés pour honorer l’invitation du Président Ouattara, c’est un acte de considération à l’endroit du Chef de l’Etat. A mon sens, c’est un signal fort de soutien de la communauté internationale qui, d’ailleurs, a été constante dans ses prises de position quant à la défense de la volonté du peuple ivoirien exprimée dans les urnes. En plus de cela, cela prouve la dimension du Dr. Alassane Ouattara. Enfin, par la mobilisation exceptionnelle de la population, cela prouve que le peuple ivoirien adhère à la vision du Président Ouattara. Le thème : « la Côte d’Ivoire rassemblée » n’a pas été démenti. Le peuple fait confiance à son Président et est prêt à le soutenir dans ses actions. Et je pense que cette confiance ne sera pas trahie.

LP : Tout n’a pas été rose au cours de cette cérémonie. Des couacs ont été relevés par les observateurs de la presse nationale et internationale. Est-ce votre avis ?
KKG : C’est vrai que le protocole était débordé. L’événement est allé au-delà de ce qui avait été prévu ou envisagé. Les délégations sont venues avec des membres beaucoup plus étoffés que ce qui avait été annoncé. Avouons que ce n’était pas une opération facile à gérer. Je pense que nos amis qui sont venus de l’extérieur l’ont compris. J’ai même eu le Président de la République qui m’a rassuré que nos amis avaient pris ces petites difficultés avec philosophie. Ils auraient compris que l’événement avait dépassé les limites prévues.

LP : Vous avez été le directeur opérationnel du candidat Ouattara au premier tour. Cependant, on ne vous a pas vu dans le comité d’organisation de son investiture. Pourquoi ?
KKG : C’était l’investiture du Président de la République. C’est une affaire du gouvernement. Je ne pense pas que c’était par manque de ressources humaines. Je crois qu’il faut quand même féliciter le comité d’organisation pour ce qui a été fait. A l’extérieur, on n’a pas constaté beaucoup d’anomalies. Tout ce qui s’est passé, c’était à l’intérieur de la salle. On ne prendra pas cela pour condamner le comité d’organiser. Il faut plutôt le féliciter et l’encourager.

LP : Vous n’avez pas eu de ressentiment lorsque le comité n’a pas fait appel à votre expertise ?
KKG : Moi, je ne suis pas membre du gouvernement. Donc, je ne peux pas avoir de ressentiment. Il faut dire aussi que je ne suis pas jeune. Il est temps que des jeunes organisent et se mettent à la tâche.

LP : L’une des pierres angulaires du programme de Gouvernement du Président Ouattara est la réconciliation de tous les Ivoiriens. A ce titre, le Chef de l’Etat a décidé de la formation d’un gouvernement de large ouverture. Cependant, le FPI tergiverse et pose même des conditions pour son entrée dans ce gouvernement. Quel commentaire en faites-vous ?
KKG : Il faut savoir qu’il ne s’agit pas d’un gouvernement de réconciliation. Il s’agit d’un gouvernement d’ouverture pour reconstruire la Côte d’Ivoire. C’est un gouvernement qui doit participer au processus de réconciliation des Ivoiriens. Ce gouvernement de large rassemblement a toujours été une préoccupation du Président Alassane Ouattara pendant la campagne électorale. Il a toujours dit qu’il formerait un gouvernement où il appellerait toutes les compétences ivoiriennes pour les mettre au service de la Côte d’Ivoire. Il s’agit de rassembler les Ivoiriens, compte tenu de la situation que le pays a traversée. C’est pour susciter un élan national pour rebâtir la Côte d’Ivoire.

LP : Le FPI pose des conditions, notamment la libération de Gbagbo et de ses camarades.
KKG : Il ne peut pas y avoir de conditions. Le Président de la République, c’est Alassane Ouattara. C’est lui qui a le devoir de former le gouvernement tel qu’il le conçoit. Mais il ne peut pas obliger quelqu’un à entrer dans son gouvernement.

LP : Mamadou Koulibaly, le président par intérim du FPI, dit pour qu’il y ait une réconciliation équitable, il faut libérer Gbagbo et ses camarades. Qu’en pensez-vous ?
KKG : En Côte d’Ivoire, on a souvent l’habitude de galvauder les termes. On parle d’un concept et on en fait une affaire folklorique. Et puis cela devient un instrument entre les mains des opportunistes. La réconciliation est une affaire très sérieuse. Le sujet est tellement sérieux que nous devons le traiter avec beaucoup de précaution. La réconciliation ne se fera pas par des meetings ou des caravanes. Il est quand même indécent d’aller dans un meeting où se trouvent les victimes, les bourreaux éventuels et leur dire : «Allez à la réconciliation». Alors que le bourreau lui-même n’a pas ouvert la bouche pour reconnaître ses fautes. Je suis chrétien. Et chez les chrétiens, quand on va se réconcilier avec Dieu, la première des choses est de confesser ses péchés. C’est après la confession des péchés que le prêtre vous donnera l’absolution pour laquelle il vous demandera des choses à faire ou à dire et qui constituent la condition de l’absolution.

LP : Que demandez-vous donc au FPI ?
KKG : Que le FPI confesse ses fautes. C’est la moindre des choses. La reconstruction du FPI doit partir de la reconnaissance de ses fautes et du mal fait au peuple ivoirien. Pendant dix ans, ils ont tué dans ce pays, ils ont empêché les autres de s’exprimer, personne ne pouvait mener des actions politiques. Ils ne peuvent pas aujourd’hui se présenter en victimes. La réconciliation ne se fera pas au rabais. J’entends Mamadou Koulibaly dire qu’il faut libérer les militants et cadres du FPI. Cela n’est pas une réconciliation. Faut-il libérer des personnes qui ont commis des fautes pour qu’elles recommencent ? Mamadou Koulibaly, jusqu’à ce jour, n’a pas dit quelles ont été ses responsabilités dans cette crise. En 2000, quand il y a eu des tueries à Abobo et à Yopougon, le même Mamadou Koulibaly a dit que le charnier était un montage. Pense-t-il toujours que c’était un montage ? On s’est suffisamment joué des Ivoiriens dans ce pays. Il faut que la vérité éclate. Pour se réconcilier, il faut qu’on parle pour savoir la vérité. Celle-ci doit éclater pour que ceux qui ont été les auteurs demandent pardon à leurs victimes. Sans cela, il ne peut pas y avoir de réconciliation. Il faut que chacun se mette à l’œuvre.

LP : Il n’est donc pas question de faire table rase sur le passe comme le souhaite Mamadou Koulibaly ?
KKG : Mamadou Koulibaly pense que demander des comptes aux uns et aux autres par la voie de la justice, c’est de la vengeance. Mamadou Koulibaly qui se targue d’être le Président de l’Assemblée nationale et qui vote des lois, pense-t-il que les lois qu’il vote au Parlement doivent être foulées au pied ? Il revendique la Constitution qui prône l’impunité, qu’il soit quand même sérieux. On ne lit pas pas la Constitution en fonction de ses intérêts ou de ses convictions politiques. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas pu arrêter tous les voleurs qu’on doit libérer ceux qui ont été déjà arrêtés. Mamadou Koulibaly doit tenir un autre langage.

LP : Que vous inspirent comme commentaire les nominations dans l’administration faites jusque là par le Chef de l’Etat ?
KKG : Je crois que nous sommes tous un peu pressés. Le Président de la République est à peine sorti du Golf. Les nominations qui ont été faites étaient nécessaires. Il fallait prendre l’appareil de l’Etat en main. Mais on ne peut pas faire le monde en un jour. Il y a beaucoup d’impatience que je peux comprendre. Qu’on laisse le temps au Président. Il y aura des nominations à tout moment. Tout ne s’arrête pas aux nominations. Je demande aux militants d’être patients. Qu’on suive le Président dans son programme
Réalisé par I.B. Kamagaté


Gestion des affaires publiques
Ouattara-Gbagbo : une différence de nature
Depuis le dimanche 28 novembre 2010, la Côte d’Ivoire a choisi de confier son destin, pour les prochaines années, au candidat des Houphouétistes, Alassane Ouattara. Depuis le lundi 11 avril 2O11, le candidat élu par le peuple de Côte d’Ivoire, conformément aux critères définis par la Constitution, a la plénitude du pouvoir. A la tête de l’Etat, il y a donc un changement. L’alternative telle que souhaitée par tout démocrate qui se respecte, s’est produite. La gestion des affaires publiques a changé de main. Elle ne sera plus la même. Elle ne se fera plus de la même façon. Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo ne conçoivent pas le mode de financement public de la même manière.
Au sommet du G8 qui vient de se terminer à Deauville (France), sommet auquel il a été convié en même temps que les présidents du Niger et de la Guinée, le président de la République n’a pas eu froid aux yeux. Comme à son habitude, il a indiqué au monde entier et surtout à l’intention de ses hôtes, combien il lui fallait d’argent sur cinq ans pour s’attaquer aux problèmes de développement qui assaillent son pays. 15 à 20 milliards d’euros sur un quinquennat, lui seront nécessaires à cet effet. Soit plus de 13 mille milliards de nos francs. Et au chef de l’Etat d’ajouter – et c’est là que se trouve la différence avec son prédécesseur – qu’il en parlerait à ses hôtes au cours des rencontres et même pendant le dîner. En économiste, il sait qu’emprunter pour travailler n’est pas une mauvaise chose en soi. Ce n’est guère humiliant. Bien au contraire. Quand des institutions financières acceptent de t’accorder des prêts, c’est que tu as de la crédibilité. Evidemment, pour ne pas perdre cet avantage, tu es obligé de faire ce pourquoi tu as sollicité le financement bancaire. Comme en outre, tu sais que tu as des remboursements à effectuer selon les engagements pris, tu ne joues pas au gentil avec cet argent qui ne t’appartient pas.
Or, nous avons entendu ici, l’ancien chef de l’Etat se vanter de financer les réalisations de Yamoussoukro «sans emprunter un sou à quelqu’un». Il bombait même la poitrine d’avoir réussi l’exploit de bâtir l’hôtel des députés de la capitale politique de la Côte d’Ivoire, en mettant de côté, petit à petit, l’argent issu de la vente du pétrole. Nous savons tous aujourd’hui que l’argent du pétrole n’a pas que servi à offrir à une Assemblée nationale désœuvrée, un palais. Il a aidé entre autres, à régler les grosses factures d’achat d’armes et à jouer au bon Samaritain. Enfin, bref ! Le problème que nous voulons soulever ici, c’est la dangerosité du mode de financement public induit par la réponse de l’ancien chef de l’Etat. Y-a-t-il au monde un seul pays dont les ressources suffisent pour alimenter le budget national, boucler le budget d’investissement et le budget de fonctionnement ? Pendant que Laurent Gbagbo, pareil à un écureuil, mettait l’argent de côté pour construire le palais de Yamoussoukro, les infrastructures existantes tombaient en ruine et aucune autre ne voyait le jour. Actuellement, en Côte d’Ivoire, tout est à refaire. Et ces ruines ne sont pas toujours dues à la guerre, ni aux pillages encore moins à la destruction des vandales. Par faute d’entretien et d’investissement nouveau, conséquence du mode de gestion de Laurent Gbagbo, la vieillesse est passée par là. Le temps a fait ses effets sur tout. La guerre n’a fait que rendre pire la situation. Heureusement que pour le pays, Alassane Ouattara est venu redresser les choses. La tâche ne sera pas facile. Elle demandera à chaque Ivoirien, un effort personnel. Un engagement de chaque instant. Les dégâts à réparer sont profonds. Les chantiers sont nombreux. Et les travaux immenses. Mais, rien n’est impossible à celui qui veut entreprendre.
Raphaël Lakpe
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