Après avoir porté Alassane Ouattara au pouvoir /Des jeunes leaders du Rhdp inquiets

Le rêve s’est réalisé pour les leaders de jeunesse, qui ont soutenu Alassane Ouattara dans sa conquête du pouvoir d’Etat. Depuis le 28 novembre 2010, le candidat à la présidentielle, du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), est le président de la République de Côte d’Ivoire. Il a été confirmé dans ses fonctions les 6 et 21 mai 2011 par le Conseil constitutionnel et la Grande chancellerie de l’ordre national. Alassane Ouattara a même commencé à nommer à différents postes de l’administration publique. Pour l’heure, les jeunes qui ont été en avant-garde de la lutte pour son avènement, croquent le marmot, dans l’hypothétique espoir de se voir nommer à un poste ‘’digne’’ de ce nom. Les leaders de jeunesse du Rhdp, et de certaines structures qui ont soutenu Alassane Ouattara, sans l’exprimer, attendent certainement d’être récompensés. On peut citer entre autres, les présidents Karamoko Yayoro (Rjr), Konan Kouadio Bertin dit Kkb (Jpdci), Diomandé Mamadou (Jmfa), Yao Kouadio Séraphin (Judpci), Touré Mamadou de la coalition pour le changement (Cpc), et Soro Alphonse Tiorna de l’Alliance pour le changement (Apc). Ces jeunes ont à divers niveaux, pris des risques, quelquefois au péril de leur vie et de leur carrière, pour le triomphe du candidat du Rhdp. Karamoko Yayoro qui a mis un bémol à sa fonction d’enseignant, a livré plusieurs batailles à la tête de la jeunesse du Rdr et du Rhdp. C’est le plus logiquement du monde que l’ancien fesciste qui ne veut pas rester éternellement président du Rassemblement des jeunes Républicains (Rjr), lorgne du côté d’une nomination importante. Du côté du Pdci qui a été un allié déterminant dans la victoire d’Alassane Ouattara, Kkb qui a été de tous les grands rendez-vous au niveau de la jeunesse, pense nul doute, à son avenir politique. Celui qui a pris beaucoup de coups et de risques pour la jeunesse de son parti et pour celle du Rhdp, espère d’une récompense honorable pour la suite de sa carrière politique. Yayoro et Kkb dont les noms circulent dans le giron des ministrables, scrutent l’horizon de la transition réussie avec à la clé une responsabilisation au niveau de l’administration. Quant aux présidents de jeunesse de l’Udpci et du Mfa, ils n’en demeurent pas moins ambitieux. Pour Yao Kouadio Séraphin et Diomandé Mamadou, l’arrivée au pouvoir du Rhdp est une aubaine à saisir pour se faire une place au soleil. Ils comptent respectivement sur l’appui des présidents de L’Udpci et du Mfa, Mabri Toikeusse et Anaky Kobean qui sont très proches du président de la République et qui pourraient faire partie du prochain gouvernement.

Inquiétude légitime

Par ailleurs, les responsables des structures de jeunesse membres de la société civile, nourrissent les mêmes ambitions que ceux des partis politiques, à juste titre d’ailleurs. C’est le cas de Touré Mamadou, président de la Cpc qui a fait preuve d’imagination et d’une débauche d’énergie avant et pendant la campagne présidentielle. Ce jeune qui résidait en France, a été démarché par des responsables du Rdr pour venir apporter un coup de main à la jeunesse. Touré Mamadou a dû renoncer en 2008, à ses études, et s’éloigner de sa famille pour se lancer dans le marigot politique ivoirien. Ayant fait un 3ème cycle en affaires internationales à l’école des hautes études internationales de Paris, le président de la Cpc était en train d’achever une thèse en diplomatie à l’Université Paris V. Touré Mamadou a donc écourté ses études pour venir créer des espaces et des structures comme la Cpc, les Utl (Universités des temps libres), ‘’Ado Boys’’ dirigée par Narcisse Poquaud, et ‘’Ado girls’’ présidée par Emma Biako. D’ailleurs ce sont les animateurs de ces structures qui, à travers des prêts à diffuser (Pad), ont sauvé la campagne d’Alassane Ouattara à la télévision après ‘’la débacle’’ de Zasso Patrick. Par ailleurs, le président de la Cpc, pendant les heures chaudes qui ont conduit à la chute de l’ex-président Laurent Gbagbo, a été d’un apport important dans la bataille de l’opinion sur les médias internationaux. Il est donc logique que Touré Mamadou s’attende à une nomination à la dimension de ses efforts. Idem pour Alphonse Soro Tiorna, le président de l’Apc qui, à travers sa structure, a éveillé les consciences. Il a organisé beaucoup de manifestions. L’Apc qui a fait la campagne pour le choix du meilleur programme parmi ceux proposés par les candidats, s’est ouvertement prononcée en faveur du ‘’vivre ensemble’’ d’Alassane Ouattara. Aujourd’hui, tous ces jeunes qui refusent de laisser transparaître leur impatience, sont visiblement inquiets eu égard aux nominations faites jusque-là. Surtout que pendant toute sa campagne, Alassane Ouattara avait promis, la main sur le cœur, qu’il ferait de la création d’emploi pour les jeunes, une priorité après son élection. C’est vrai, il n’est qu’au début de son mandat. Mais l’inquiétude des leaders de jeunesse, est légitime non seulement au regard des efforts fournis mais surtout au regard des milliers de jeunes qui les ont suivis. En effet, Yayoro, Kkb, Touré Mamadou, Soro Alphonse et les autres leaders de jeunesse qui ont conduit Alassane Ouatara au pouvoir, ont la responsabilité morale de trouver du travail pour les jeunes. Ils sont aujourd’hui un repère pour ces jeunes sans emploi. Pour y arriver, encore faut-il qu’ils soient eux-mêmes bien lotis.

BAMBA Idrissa