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Politique Publié le lundi 6 juin 2011 | Le Mandat

Interview/ Mamadou Koulibaly aux militants Fpi : ‘‘Nous avons perdu le pouvoir, sortez de vos cachettes’’ ; ‘‘Le nombre des députés doit augmenter ’’

© Le Mandat Par Prisca
Préparatifs du 20ème anniversaire de la fête de la liberté - Le FPI reçoit la presse.
Jeudi 08 Avril 2010 – Ivotel / Dans le cadre des préparatifs du 20ème anniversaire de la fête de la liberté, le Front Populaire Ivoirien a convié la presse à un déjeuner- débat autour du thème : "Gagner les élections pour une Côte d`ivoire libre, indépendante et souveraine. Photo: Pr Mamadou Koulibaly, président de l`Assemblée nationale
Après son refus de prendre part au gouvernement d’union nationale, le Front populaire Ivoirien a tenu une Assemblée Générale extraordinaire le vendredi 2 juin dernier. Plusieurs questions étaient à l’ordre du jour. Entre autres, les élections générales, les nouvelles orientations du parti de Laurent Gbagbo… Dans cette interview accordée à Onuci-Fm, le Président par intérim du Fpi, Mamadou Koulibaly revient sur ces différentes préoccupations.

Le 2 juin 2011, la famille du Fpi au grand complet, était réunie à Abidjan. Autour de quelle préoccupation vous vous êtes entretenus, Monsieur le Président ?

Nous nous sommes réunis pour définir la nouvelle ligne de comportement des militants. Tous les élus, Maires, Députés, Conseillers municipaux, Présidents de Conseils généraux et les fédéraux Fpi sur toute l’étendue du territoire, les bureaux de la jeunesse et des femmes du Fpi, les enseignants et les enseignants chercheurs du supérieur du Fpi, à tous, nous avons passé le message des engagements qui sont les nôtres aujourd’hui.

Autrement dit, c’est pour mettre en ordre de bataille la famille.

Oui, en ordre de bataille, et puis en ordre de suivi d’un nouveau comportement, d’un nouvel état d’esprit. En particulier, il leur a été expliqué, de bien se mettre à l’esprit que nous avons perdu le pouvoir. Le pouvoir que nous partageons avec les autres forces politiques depuis 2000 est perdu depuis le 11 avril 2011. Ça, il faudrait que les élus passent le message partout où ils sont auprès des bases. Deuxièmement, comprendre qu’il faut arrêter de pleurnicher sur cette perte de pouvoir et retrousser les manches, pour nous remobiliser, pour nous requinquer, pour tirer les leçons de nos erreurs, et nous réengager pour l’avenir. Troisièmement, rompre définitivement avec les comportements qui ont fait que le monde entier nous taxe d’ivoiritaires, admettre définitivement que le Fpi est un parti ouvert, le Fpi n’est pas un parti ethnocentriste, qui fait des déductions tribales. ça a été une erreur pour nous, d’utiliser la thèse de l’ idéologie de l’ivoirité. Nous avons, parlé pour que les militants comprennent bien que, ça a été une erreur dont nous devons rompre définitivement avec. Ensuite, tuer la peur en nous. Il a été expliqué aux militants qui étaient là que, tant qu’ils resteront cachés, loin de leur base et loin de chez eux, ils ne seront pas capables de remobiliser les Ivoiriens et les militants qui sont tenus très loin de centres de décisions du Fpi. Il leur a été demandé par la direction intérimaire de rompre leur peur et d’affronter leur peur. Car, ils ne seront pas tuer ni molester.

Mais, il a été aussi question des prochaines Législatives ?

Il a été question des Législatives. Mais nous pouvions y aller, si nous sortons de notre cachette et que nous prenions conscience du changement de la donne, si nous prenons conscience des erreurs du passé et si nous nous engageons sur de nouvelles voies plus prometteuses.

Dans cette perspective, que demandez-vous à la Commission Electorale Indépendante?
Ecoutez, dans la perspective de l’équilibrage de la Commission Electorale Indépendante telle quelle a été conçue à Pretoria. Nous souhaitons aux regards des discussions avec le gouvernement et le Président de la République, pour voir comment elle peut être équilibrée. Déjà, dans le passé le bloc que nous représentons était sous représenté à la CEI au sein de la commission centrale. Aujourd’hui, avec les changements de données, nous allons nous retrouver. Sur 31 membres, nous n’allons retrouver que le représentant de l’Assemblée Nationale et le représentant du Fpi. Deux représentants sur 31, c’est très très déséquilibré. A l’époque, c’était déséquilibré, aujourd’hui, c’est encore beaucoup plus déséquilibré. Et de surcroit, de nombreux signataires de l’Accord de Linas Marcoussis qui étaient présents dans la Commission Electorale Indépendante tels que le MPIGO, MJP, MPCI n’existent plus. Toutes ces forces, étant transformé en Frci, donc des militaires, il n’y pas de raisons que ces forces militaires soient présentes dans la CEI. Le souhait des élus et de la direction du Fpi, c’est que l’on puisse aller vers un rééquilibrage. Il a été suggéré que nous obtenions du gouvernement, un partage égal. Rhdp 15 délégués, le Cnrd 15 délégués plus le délégué de la Présidence de la République, cela ferait les 31 membres.

Monsieur Mamadou Koulibaly, il a été aussi question dit-on, du découpage électoral. Que reprochez-vous à l’actuel découpage ?

Nous n’avons pas de reproche identifié précisément. Mais il est apparu clairement que la population de la Côte d’Ivoire a augmenté sur ces dix dernières années et s’est même déplacée avec la crise. Le souhait de la direction intérimaire du Fpi, c’est que l’on puisse ouvrir les discussions pour voir les régions, les départements, les circonscriptions électorales dans lesquelles la population a augmenté. Et voir, si le nombre d’élus dans ces circonscriptions ne devrait pas augmenter et que si on ne pouvait pas diminuer le nombre de députés dans les zones ou le nombre d’électeurs a diminué. Et savoir exactement combien d’ivoiriens sont représentés par un député aujourd’hui, dix ans après les élections législatives. Si par contre on admet qu’il y a une croissance démographique, il sera donc impératif d’augmenter le nombre de députés. Qu’on sache avec précision, où il faut augmenter et où il ne faut pas augmenter. La carte électorale donc changera. Nous avons aussi planché sur la liste électorale pour voir dans quelle mesure, elle pourrait être mise à jour de façon démocratique, dans le respect des dispositions constitutionnelles susceptibles d’intégrer toutes les populations en âge de voter.

Selon vous, Monsieur le Président, il faut revisiter l’Accord Politique de Ouagadougou ?
La question a été abordée au cours de cette réunion avec les élus. L’Accord Politique de Ouagadougou a été signé, il y a de cela quelques années (7 ans). Malheureusement, il n’a pas été appliqué sur biens de points. Notamment sur le volet désarmement, réunification du pays, redéploiement de l’administration, unicité des caisses de l’Etat. La direction du Fpi, après discussions s’est posée la question sur la pertinence de cet Accord aujourd’hui, parce qu’un des signataires est incarcéré à Korhogo, l’autre est Premier ministre et ministre de la Défense. Est-ce que cet accord doit prendre en compte la dernière résolution de l’Union Africaine après le passage du Panel des Chefs d’Etat ? Est-ce que nous évoluons dans cet Accord ou bien sommes-nous sortis complètement de cet Accord ? Selon quelle règle de fonctionnement l’Etat de Côte d’Ivoire va évoluer dans les semaines et les jours à venir ? Si c’est l’Accord Politique de Ouagadougou, ou n’importe quel accord, pour la direction du Fpi, il se pose la question de la pertinence des Com’zones. Le désarment et la réunification du pays n’ayant pas été faits, nous retrouvons les Com’zones comme les autorités locales. Or, il semble bien que nous soyons sortis de l’Etat d’exception. Les Frci, c’est une armée. Nous sommes en temps de paix. La guerre étant terminée, la direction doit être prise maintenant pour la réconciliation et la paix. Le Président de la République ayant prêté serment, il n’est plus utile selon le Fpi, que nous ayons des autorités militaires en train d’administrer les circonscriptions du pays.

Président, vous avez présidé de façon intérimaire aux destinées du Fpi. Quel est l’état de santé de ce parti aujourd’hui ?

Ce parti est très épuisé par dix années de partage de pouvoir, de n’avoir pas pu appliquer son programme de gouvernement, par toute sorte d’accusations de toute part, par une élection que nous avons mal gérée. Epuisé par une défaite cuisante, la destruction de nos biens, la mise en déroute de nos militants, par l’emprisonnement d’une forte délégation de la direction du parti. Financièrement, nous sommes blottis, politiquement nous sommes désarticulés, socialement notre réputation est ternie. Nous ne pouvons plus nous présenter comme il y a quelques années en tant que poches de moralité. C’est avec ce parti qu’il faut reprendre les choses, revigorer les énergies, remobiliser et redynamiser. Je pense que c’est un parti très affaibli aujourd’hui. Les élus qui y étaient ont souhaité que l’on reformate la ligne idéologique, les engagements et que l’on rompt avec les vieux démons. Que nous nous inscrivions dans la ligne de la réconciliation et de la paix. C’est dans cette perspective que le Fpi peut contribuer à la réalisation d’une alternance pacifique et non pas, la guerre.

La Côte d’Ivoire de demain, quel regard pour Mamadou Koulibaly ? Un regard optimiste ou pessimiste !

Je suis très optimiste. J’ai le regard de quelqu’un qui croit que nous avons cherché la confrontation de tous les bords. Nous avons vu le nombre de morts. Les gens annoncent 3000 ou 4000 morts. Mais en réalité, chacun de nous sait que nous ne sommes pas loin des 10 000 ou 15 000 morts. Nous avons vu la violence ethnique, où est-ce qu’elle peut conduire. La force de la haine où est-ce qu’elle peut nous emmener ? Le côté obscure du pouvoir est apparu devant nous tous. Toutes les bonnes volontés en Côte d’Ivoire, les intelligences du pays ont tiré les meilleures leçons. Les meilleures leçons au sens où on est condamnés à coexister pacifiquement dans le même pays. Il faut prendre les dispositions pour favoriser cette coexistence et faire en sorte que tous les conflits et les risques de conflit n’existent plus. Je crois que la classe politique l’a compris. L’ayant compris, il n’y pas de raison que l’on soit pessimiste pour l’avenir.

Retranscrite par JERÔME N’DRI
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