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Politique Publié le mardi 14 juin 2011 | Le Nouveau Réveil

Dix ans de pouvoir Fpi (2ème partie)/ L’abbé James Wadja (Curé de la paroisse “Notre Dame de l’Assomption” de Bizerte (Tunisie): “Plus de 200 conseillers de Gbagbo étaient payés à ne rien faire”

© Le Nouveau Réveil
Cérémonie : Hommages du Président Laurent Gbagbo aux Forces de défense et de sécurité (FDS) tombés aux champs d`honneur
Ivory Coast strongman Laurent Gbagbo (R) and his wife Simone (L), attend a ceremony, on February 4, 2011 in Abidjan, to pay tribute to thirty-two members of the National Armed Forces of Ivory Coast (FANCI) that lost their lives during the post-electoral violence, spawned by the November 28, 2010 presidential elections. International sanctions against Ivory Coast strongman Laurent Gbagbo are beginning to bite with ordinary Ivorians feeling the pinch as the country`s once-vibrant economy suffers
(…)

3-L'avènement de Laurent Gbagbo au pouvoir et son impact économique

Dès l'accession de Laurent Gbagbo à la magistrature suprême, le FPI par l'entremise de son Premier Ministre d'alors, réclame officiellement une trêve sociale aux Ivoiriens en général, et en particulier à l'opposition politique, en leur demandant, de façon pathétique, de surseoir à toute manifestation et à tout mouvement de protestation, à l'effet de permettre à son gouvernement de travailler sereinement, pour offrir le bonheur au peuple.

Soucieux du devenir de leur pays et conscients de la situation particulière de l'économie ivoirienne, une économie déjà durement éprouvée et sérieusement compromise par le putsch militaire de Décembre 1999, et aggravée par les descentes musclées et répétées des " jeunes gens " du Général Guéi dans les régies financières de l'Etat, aux fins de les rançonner et de s'y procurer directement de l'argent frais, sous le fallacieux prétexte que " les caisses de l'Etat étaient vides ", les Ivoiriennes et les Ivoiriens, dans leur ensemble, prêtent une oreille attentive et bienveillante à cette requête expresse du FPI.

Mais bientôt, tous ceux qui avaient accordé leurs suffrages au candidat Gbagbo plutôt qu'au candidat Guéi, parce que convaincus que l'amélioration de leurs conditions d'existence quotidienne marquée par la misère et la paupérisation rampante dépendait de son avènement au pouvoir, se surprirent à regretter amèrement, en dépit de sa bienveillante déclaration: "

Houphouët a rendu la Côte d'Ivoire prospère, je rendrai les Ivoiriennes et les Ivoiriens riches ".

* La filière Café-Cacao

Le bonheur promis, les populations appauvries ne l'obtiennent pas, mais constatent, paradoxalement, que l'engagement ferme du FPI de Laurent Gbagbo de gérer autrement la Côte d'Ivoire, était synonyme de détournement de deniers publics, d'enrichissement personnel et illicite, de métamorphose sociale radicale et de comportements nouveaux, le FPI dont les barons et les hauts cadres investissent dans tous les domaines : l'immobilier, le café et le cacao, la restauration, l'hôtellerie…, et prennent des participations dans des sociétés privées.

Nos compatriotes ne sont pas amnésiques, qui se souviennent de la promesse faite par Laurent Gbagbo lorsqu'il était dans l'opposition, d'œuvrer pour une meilleure rémunération des produits d'exportation et notamment de faire acheter le cacao à 3000 francs CFA et le café à 2000 francs CFA le kg.

Le monde paysan va, hélas, devenir le théâtre d'un grand scandale causé par le régime FPI. Parvenus au pouvoir, les stratèges du FPI s'empressent de libéraliser le secteur du café et du cacao, deux matières premières-clés de l'économie ivoirienne.

L'on constate avec effarement, suite à cette réforme, la naissance d'une kyrielle de structures de gestion dont les plus connues sont la BCC, le FDPCC, l'ARC, le FRC, l'ANAPROCCI …, alors que dans le même temps, les fonds générés par cette gestion sont source de conflits à peine voilés et parfois très vifs. L'objectif du régime FPI, en autorisant la création officielle de ces structures était, dit-on, d'accroitre et donc d'optimiser les revenus des planteurs de café et de cacao.

Il apparait curieusement, à la lumière de cette gestion, qu'une infime minorité tire les bénéfices de cette réforme aux dépens de l'immense majorité des paysans et de leurs familles qui sont pourtant les premiers producteurs, et de leurs personnels agricoles.
La situation de la filière café-cacao et sa gestion particulièrement opaque, ont conduit nombre d'observateurs nationaux et internationaux et principalement les paysans, à s'interroger sur l'opportunité de la libéralisation d'un secteur d'activités économiques qui, pendant quatre décennies, a contribué à la construction et au développement de la Côte d'Ivoire, et favorisé " son miracle économique " dans les années 1970.

Cet état de choses a suscité de nombreux commentaires, tous acerbes, certains ayant dépeint ce secteur comme une véritable gangrène qui ronge l'économie ivoirienne, souhaitant de tout cœur le retour au bon vieux système de la CAISTAB (Caisse de Soutien et de Stabilisation des Prix des Produits Agricoles), d'autres comme le journaliste Tiburce Koffi, l'ayant comparé à " un univers de loups et de vautours…. "

Les nombreuses malversations et les graves anomalies constatées dans la gestion de cette filière ont même motivé un audit conduit par le Dr Kouadio François, consigné dans un rapport commandité par l'IGE (Inspection Générale de l'Etat), révélant un détournement de plusieurs milliards de francs CFA, au seul profit de dignitaires du régime FPI, rapport qui a valu à son auteur d'être traqué, jour et nuit, comme une bête féroce et d'être l'objet de plusieurs tentatives d'enlèvement et de tentatives d'assassinat.

Les conditions éprouvantes d'existence quotidienne des planteurs de café et de cacao, ont conduit les producteurs de certaines régions de la Côte d'Ivoire, à initier des grèves et des manifestations de protestation et, pour la première fois dans notre pays, à bruler des dizaines de tonnes de leurs productions, en guise de mécontentement et de refus des prix d'achat officiels de leurs produits, réclamant l'achat du kilogramme de cacao à '' 700 francs CFA ou rien'', à défaut des 3000 francs CFA promis par Laurent Gbagbo.

Tout en criant leur colère et leur indignation, les paysans se sont dit d'autant plus déterminés dans leur action de protestation, qu'ils n'ignoraient pas la masse d'argent qui circulait dans la filière, en raison des prélèvements qui y ont été faits pendant des années, par kilogramme, sur le revenu des producteurs de café et de cacao, pour créer une réserve dont l'objectif initial était pourtant de soutenir les prix, s'estimant ainsi grugés et spoliés par ces structures, eux qui, ô paradoxe !, ont contribué de façon substantielle à l'effort de paix à hauteur de 10 milliards de francs CFA, et dont les produits sont de surcroît mévendus, alors qu'une infirme minorité d'opportunistes et d'aventuriers totalement étrangers au monde de la production du café et du cacao, s'enrichit de façon insolente et ostentatoire sur leur dos, avec la complicité d'individus haut placés au niveau de l'Etat.

* Le secteur de l'énergie et du pétrole

Il est un autre secteur qui a suscité le courroux de l'ensemble des Ivoiriennes et des Ivoiriens, sous la refondation : c'est celui de l'énergie et du pétrole, en raison des différentes hausses des prix du carburant et de la gestion particulièrement opaque des ressources du pétrole.

Le peuple se souvient que les responsables du FPI, lorsqu'ils étaient dans l'opposition, n'avaient pas trouvé de mots assez durs pour fustiger la gestion économique du PDCI qui avait procédé à une hausse des prix du carburant à la pompe, sous le régime Bédié.

Il est donc surprenant et aberrant que les tenants du pouvoir FPI aient procédé, à plusieurs reprises, à la hausse du prix du carburant, dont celle de Juillet 2005 a entrainé une inflation généralisée sur les produits de première nécessité, dans un pays déjà en proie à la misère et à la pauvreté et confronté à une situation sociopolitique des plus difficiles.

A la vérité, de mémoire d'Ivoiriens, jamais l'on avait observé des prix aussi élevés en Côte d'Ivoire, les protestations et autres interpellations des associations de consommateurs et des différents syndicats de transporteurs en vue d'amener les autorités de tutelle et l'Etat à surseoir à cette décision unilatérale et absolument impopulaire, les ayant plutôt laissés de marbre.

Cette situation a immanquablement conduit nos compatriotes à douter de la bonne foi des tenants du pouvoir FPI surtout que, observant les prix pratiqués dans les pays limitrophes de la Côte d'Ivoire, ils se sont rendus compte que notre pays était celui où les prix des produits pétroliers étaient de loin les plus élevés alors que, paradoxalement, la Côte d'Ivoire, en plus d'être productrice de pétrole et de gaz, possède une raffinerie des plus importantes de la sous-région ouest africaine, et présente l'avantage d'être l'un des principaux fournisseurs de pétrole de ces pays frontaliers.

Nos compatriotes, dans leur écrasante majorité, auraient souhaité qu'en raison de la situation économique et financière désastreuse dans une Côte d'Ivoire scindée en deux parties, l'Etat prît l'initiative d'une action ferme et courageuse tendant à soutenir les prix, du reste, sensiblement plus élevés dans la partie Sud dite ''utile'' que dans la partie Nord.

Le peuple souverain, dans le même temps, constate avec une certaine révolte l'émergence d'une pléthore de stations d'essence flambant neuves et découvre, la mort dans l'âme, que la quasi-totalité de ces stations qui poussent comme des champignons après la pluie, dans la partie Sud de la Côte d'Ivoire et singulièrement dans la capitale économique, Abidjan, était la propriété de ceux-là mêmes qui sont venus refonder leur pays, et comprend, avec du recul, que cette décision de majorer les prix, n'arrangeait que les privilégiés du régime FPI qui exploitent ce secteur d'activités comme un filon d'or, de façon égoïste.

* Le secteur de l'immobilier

Le secteur de l'immobilier est celui qui, par-dessus tout, a permis de connaitre le vrai visage du FPI et d'apprécier, à sa juste valeur, la propension de ses dignitaires à l'affairisme au sommet de l'Etat et à l'enrichissement illicite. Le FPI, au bout de seulement deux années d'exercice du pouvoir, a démontré à tous sa volonté de rattraper son retard sur ses adversaires politiques d'hier, en l'occurrence le PDCI qui l'avait confiné pendant des décennies dans un rôle d'opposant anonyme et " privé du partage des richesses du pays. "
Aussi, tente-t-il, sans aucun état d'âme, de refaire ce retard en concoctant un savant programme de pillage à grande échelle des ressources nationales, visant à se servir au lieu de servir la Nation et le peuple. Dans cette compétition, le pouvoir FPI associe ses ministres, son ethnie, son clan en général, et en particulier la foule des dignitaires et des privilégiés, le critère primordial étant la fidélité au Parti et à Laurent Gbagbo.

Alors que le quotidien du peuple se dégrade davantage et que le pouvoir d'achat est des plus faibles, nos compatriotes assistent médusés et impuissants à la métamorphose sociale des maitres refondateurs qui, dans l'intervalle, sont devenus propriétaires d'immeubles imposants d'habitation, de complexes hôteliers et scolaires, de villas somptueuses et autres constructions pharaoniques qui, au dire des experts, avoisineraient le demi-milliard de nos francs, sans compter leur propension à collectionner les voitures de luxe.

L'Ivoirien moyen qui observe le train de vie anormalement élevé de ces nouveaux riches s'interroge : " mais comment ont-ils fait pour réussir en si peu de temps, au point d'investir autant d'argent dans la partie Sud du pays et même à l'extérieur ? Oui, comment ont-ils pu acquérir autant de biens, malgré l'environnement économique et financier particulièrement difficile et malgré la situation délétère de ni guerre ni paix ? ".

En proie à ces questionnements, et devant l'accumulation illicite et éhontée de tant de richesses, à la vue des majestueuses réalisations sises dans des zones pompeusement dénommées " quartiers millionnaires " d'Abidjan et dans les régions d'origine de ces nouveaux riches du FPI et les imposants parcs automobiles de gens qui, hier seulement, étaient impécunieux et qui, aujourd'hui, se comportent en véritables Emirs sous nos tropiques, le peuple impuissant, se contente de murmurer que son argent lui a été volé, conscient, que ce sont des dizaines de milliards de francs CFA du contribuable qui sont détournés à des fins personnelles et égoïstes.

Outre ces points noirs de la gestion économique du FPI, il importe de mentionner les nombreuses affaires sales (e.g. déchets toxiques, achat de l'usine Fulton aux Etats Unis…) qui ont éclaboussé le régime des Refondateurs et notamment les conditions dans lesquelles le Terminal du Port Autonome d'Abidjan, ce secteur vital de notre économie et le portique à conteneurs ont été cédés à un groupe français, ainsi que la gabegie encouragée au plus haut niveau de l'Etat dans la nomination et la composition des Cabinets du Chef de l'Etat et de la Première Dame.

Ainsi, les observateurs rapportent que, dans le seul département de la communication, au moins une douzaine de conseillers présidentiels étaient en poste. Sur la base des autres départements que sont la Défense et la sécurité, la politique et la diplomatie, l'éducation, l'économie, les finances et le commerce … etc, l'on avançait un total de 200 collaborateurs environ. Cette pléthore de conseillers et d'agents présidentiels dont la plupart étaient payés à ne rien faire, n'émargeait-elle pas au budget de l'Etat ivoirien ?

La suite demain
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