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Santé Publié le mercredi 15 juin 2011 | L’expression

Gratuité des soins dans les hôpitaux publics / Comment des médecins sabotent la décision du président Ouattara

La politique de gratuité des soins et de l’assurance maladie doit exiger de chacun de nous des vertus de solidarité et d’honnêteté.

La première phase de la gratuité des soins dans les hôpitaux publics sous le ministre Allah a pris fin le dimanche 5 juin à minuit.
Du lundi 6 juin au mercredi 8 juin 2011, j’ai pu constater dans certaines structures :

- L’ouverture des caisses
- Le fonctionnement normal des laboratoires biologiques
- Le fonctionnement des services de radio dans certains centres
- Les pharmacies approvisionnées spontanément

Les personnels de ces structures reçoivent leurs clients avec des grands sourires, pour vous dire que le service « normal » a repris, c'est-à-dire le paiement aux actes. Sans oublier que ces structures qui refusaient du monde au moment de la gratuité, sont devenues subitement calme comme s’il n’y avait plus de malades dans nos villes. En un mot, le taux de fréquentation de nos centres a brusquement chuté, bien que le taux des demandeurs de soins nous semble encore très élevé.
Vu que le paiement aux actes stimule le personnel et les services de nos structures, ne peut-on pas souhaiter la privatisation de nos hôpitaux publics ?

Privatiser, c’est confier au privé la gestion d’un service public que l’Etat n’arrive pas à bien assumer. Vu la situation de précarité de nos hôpitaux, serait-il juste d’emprunter cette voie?
Après la reconduction de la gratuité des soins par le Conseil des ministres, j’ai encore constaté du jeudi 9 au samedi 11 juin 2011 :

- La poursuite de la vente des médicaments
- La poursuite du paiement des frais des examens biologiques et autres
- Le cafouillage qui tourne autour des interventions chirurgicales et gynécologiques
Tous ces constats me permettent de dire que la gratuité telle qu’elle est annoncée par le communiqué du Conseil des ministres, me semble plus théorique que pratique dans son ensemble et pourquoi cette attitude de la part de certains des gestionnaires actuels de nos hôpitaux ?
Ces différents gestionnaires étant très habitués aux mouvements financiers observés dans nos structures, n’arrivent pas à s’adapter à cette nouvelle politique de gratuite des soins, qui du moins donne beaucoup d’espoir à nos populations.
Faut-il alors recommander du sang nouveau et frais à la tête de nos structures pour conduire cette volonté sociale du président de la République ? Pour une question de promesse électorale, nous devrions tous savoir que ce nouveau pouvoir rime avec la gratuité des soins, il faut alors que chacun s’y adapte.
Bien que nous savions, que depuis environ plus de 15 ans, les budgets d’investissement de nos hôpitaux publics n’ont cessé de décroître pour être autour de 15 % des dépenses totales de santé (DTS) laissant la part belle aux investissements privés qui sont d’ordre de 85%.
Ce qui explique que les hôpitaux privés semblent plus performants que nos hôpitaux publics en termes de services rendus avec des matériels innovants et un environnement agréable.
Comment accepter que l’investissement privé puisse être supérieur à l’investissement public dans un domaine aussi sensible que la santé dans notre pays où environ 70% des populations sont pauvres et vivent dans la maladie ?
En voulant éviter de regarder cette réalité évidente, le pouvoir Gbagbo préférait envoyer ses malades privilégiés ou présidentiels dans les cliniques privées aux frais des contribuables ivoiriens. Est-il juste qu’un Etat sérieux puisse fuir les services médicaux de ses propres structures de santé aux dépens de structures privées de santé ?
Presque 99% des médecins qui donnent leurs prestations dans les hôpitaux privés sont des fonctionnaires de notre Etat et ils proviennent tous de nos structures publiques de santé.
Il suffit tout simplement d’augmenter les budgets d’investissement de nos hôpitaux, de revaloriser la grille salariale des personnels de santé et de confier la gestion de nos structures aux spécialistes en management qu’aux amis ou frères pour pouvoir avoir de très bonnes qualités de soins comme celles délivrées dans les pays développés.
Les malades pris en charge financièrement par l’Etat ne doivent être traités strictement que dans les hôpitaux publics dans un souci d’éthique, de morale, d’équité et de gestion des biens publics.
Nos hôpitaux doivent fonctionner totalement avec tous les services pour éviter ces types de gaspillages de l’argent public dans le privé.
Avec le président Alassane Ouattara, nous espérons avoir des hôpitaux dignes et respectables et aussi mettre fin à ces dettes faramineuses contractées dans les cliniques privées.
L’Etat doit beaucoup investir dans la santé des populations surtout dans celle concernant les personnes pauvres.
Les pauvres consomment plus de soins émanant des centres de santé du niveau 1 de la pyramide de notre santé que les soins hospitaliers du niveau 2 et 3 de cette pyramide.
Pourtant notre Etat investit moins dans les centres de niveau 1 à l’ordre de 10% des dépenses publiques de santé (DPS) contre 25% pour les hôpitaux du niveau 2 et 65% pour ceux du niveau 3.
Donc, à partir du modélisation prenant en compte l’échelle de la demande des soins en fonction de la pyramide de la santé, du palier des riches et des pauvres au sein de nos populations et de l’évolution du niveau des dépenses publiques de santé, nous pouvons comprendre pourquoi les taux de maladies et de mortalités sont élevés dans le milieu des personnes pauvres et aussi le type de mode d’accès aux soins efficaces et efficients pour les pauvres.
L’accès aux soins dans nos structures ressemblant fort bien à la montée d’une pyramide, peut nous permettre de révolutionner notre système de santé comme tous pays en situation post crise.
Il est important et nécessaire que le taux de fréquentation des centres de santé des niveaux 1 et 2 soit très élevé pour améliorer nos indicateurs de santé.
La gratuité dans ces deux niveaux me semble comme une forte exigence humanitaire.
Cette plaidoirie a été aussi faite par l’Ong Save the children et aussi par la présidente de la Fondation children of Africa, Mme Dominique Ouattara, la première dame de notre pays.
Les personnes pauvres souffrent plus des maladies dont les coûts de traitement sont très inferieurs par rapport aux coûts de traitement des maladies des personnes dites riches.
L’Etat dépense plus dans la santé des riches (du fait de leur exigence dans la qualité des soins) que dans la santé des pauvres.
Ainsi, de part la décision de reconduction de la politique de gratuité des soins surtout à destination des personnes pauvres, nous pouvons tous dire un grand merci au président Ouattara pour sa clairvoyance et sa vision du social.
Le taux élevé de fréquentation de nos structures doit, en principe, permettre de renforcer la lutte contre le Vih/Sida en encourageant le dépistage précoce avec aussi une prise en charge précoce des malades éligibles aux Arv.
Cette gratuité des soins doit toucher les soins primaires, les accouchements, les césariennes, les hernies, les appendicites qui sont des pathologies très fréquentes chez les populations pauvres.
Il faut alors cibler les examens para cliniques qui sont un ensemble de bilans hématologiques et radiologiques nécessaires et incontournables.
L’accès aux soins du niveau 3 doit se faire à partir d’une couverture d’assurance maladie, soit sociale ou soit privée ou à partir d’un accord préalable des assistants sociaux pour pouvoir bénéficier de toutes les prestations.
Pour atteindre tous nos objectifs en santé, nous devrions créer deux coordinations qui doivent être sous la tutelle du ministère de la Solidarité et des Affaires sociales dont le rôle est purement comme des acheteurs des soins et du ministère de la Santé, dont le rôle reste technique comme des offreurs des soins. Le ministère de la Santé est chargé de veiller sur la délivrance des prestations de qualité de soins aux différents demandeurs des soins par l’intermédiaire du ministère de la Solidarité et des Affaires sociales, la caution morale.

1. Coordination chargée de la gratuité des soins du niveau 1 et 2
2. Coordination chargée de l’assurance maladie pour les soins du niveau 3
Ces deux coordinations imposeront des décisions coercitives sur le terrain pour le succès de cette opération innovante dans notre société, sinon quelles que soient les tonnes de médicaments ou les tonnes de kits d’accouchements et de césariennes pour cette gratuité, nous aurons toujours les mêmes problèmes et aussi des forts taux de perdition des produits de la part des personnes hostiles à cette politique à des fins commerciaux.
L’équipement spontané des pharmacies des hôpitaux juste après la première étape de la gratuité sans l’apport de la grande pharmacie Psp est une preuve irréfutable de cette évaporation des biens publics.
En dehors de ce schéma combiné ou non de la gratuité des soins étagée et de l’assurance maladie, il me semble difficile même impossible d’avoir des bons résultats d’indicateurs de santé dans notre pays.
La politique de gratuité des soins et de l’assurance maladie doit exiger de chacun de nous, des vertus de solidarité et d’honnêteté.
Nous n’avons pas du tout droit à l’erreur, il faut un numéro vert pour sauver la gratuité des soins.

Dr Mamadou DIOMANDE
Médecin- Economiste santé et développement
Dr_diomande@yahoo.fr
dirrylucky@yahoo.fr
Ndlr : le titre et l’appel du titre sont de la Rédaction
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