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Politique Publié le samedi 18 juin 2011 | Nord-Sud

Diomandé Adama, maire de Borotou :«Si je croise un des assassins du colonel-major…»

© Nord-Sud Par DR
Humanitaire : Adama Diomandé, président de l’Association pour la Défense de la Démocratie et des Libertés - France (ADDL, France)
Diomandé Adama est le maire de la commune de Borotou, village d’origine du colonel-major, Adama Dosso. Malgré la douleur d’avoir perdu un proche-parent, il se dit prêt à pardonner mais exige que les coupables soient punis par la justice.


Comment avez-vous appris la nouvelle de la mort du colonel-major Dosso ?
Nous avons appris la nouvelle avec beaucoup de tristesse. Parce que malgré le temps qui s’est écoulé depuis sa disparition le 12 mars, nous gardions l’espoir que le colonel-major serait retrouvé vivant. Ce fut donc un énorme choc pour moi. J’ai échangé avec la famille au village. Tout le monde est attristé par cette nouvelle. D’autant qu’il y a à peine deux ans, l’aîné du colonel-major, Amadou Dosso, qui était le maire, est décédé. Cela fait donc une deuxième grosse perte pour la sous-préfecture. Vous comprenez l’ampleur de l’affliction de la population.

Comment les recherches pour retrouver sa dépouille évoluent-elles ?
Je ne suis pas au cœur des recherches. Vous savez, ce sont des opérations dont se chargent des spécialistes. Et, donc les informations ne filtrent que très peu. Ce dont je peux donner l’assurance, c’est que plusieurs spécialistes sont à pied d’œuvre pour le retrouver. C’est aujourd’hui la préoccupation majeure de tout le peuple finan-barala. Parce que le colonel-major était un baobab pour le département. Si effectivement il a été assassiné, sans vouloir mettre en doute l’aveu des présumés coupables, il faut pour nous que son corps soit découvert afin qu’il ait droit à des funérailles dignes de son rang. C’est essentiel pour son village, sa femme et ses enfants.
A-t-on une façon différente de percevoir l’appel à la réconciliation et au pardon lancé par les autorités lorsqu’on a un proche parent qui a été tué ?
Quand on n’a pas été personnellement victime, on se dit qu’il est facile de pardonner. Mais lorsque vous perdez un parent proche, j’avoue que ce n’est pas facile. Mais on ne peut pas faire autrement en tant que croyant, d’une part. La famille Dosso est croyante. L’épouse du colonel-major est une croyante. Nous nous inscrivons donc dans le sens de ce pardon-là. D’autre part, lorsque l’appel vient de quelqu’un comme le président Ouattara, il est plus facile à suivre. Car, lui-même a beaucoup été humilié depuis son entrée en politique. Pourtant, il dit avoir pardonné et demande à ceux qui ont subi un tort de faire comme lui. Quel que soit ce que nous voudrons comme châtiment contre les bourreaux du colonel-major, cela ne pourra pas le réveiller. J’en discutais hier, (samedi 11 juin dernier, ndlr) avec le neveu du colonel-major, Dosso Yaya. Nous sommes tous d’accord qu’il faut pardonner. Même si c’est très douloureux.


Est-ce à dire que si vous rencontrez l’un des bourreaux du colonel-major vous pourriez lui tendre la main au nom de la réconciliation ?
Je parle de pardon et de réconciliation mais pas d’impunité. Je ne souhaite pas rencontrer l’un des bourreaux du colonel-major dans la rue. Honnêtement, je ne peux pas présager de ce que serait ma réaction à ce moment précis. Donc, je dis qu’il faut pardonner, il faut se réconcilier. Mais il faut que la justice fasse son travail. Il faut que ces assassins soient jugés et écopent de la peine qu’ils méritent. Il ne faut pas laisser libre court à l’impunité.

Punir ne pourrait-il pas être un frein à la réconciliation ?
Je ne le crois pas. Bien au contraire, rendre justice permettra d’apaiser les parents des victimes. Si la population s’inscrit dans le sens du pardon et de la réconciliation, elle n’a jamais dit qu’il faut laisser les criminels se promener dans les rues. La justice permettra aux parents des victimes de mieux supporter leur douleur. S’il n’y a pas de justice, je crains fort que nous ne tombions dans la vengeance. Ce serait la pire chose qui pourrait arriver à la Côte d’Ivoire après cette crise.

Entretien réalisé par Bamba K. Inza
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