Après la prise du pouvoir par Alassane Ouattara : Voici le nouveau visage du Golf hôtel / Le complexe hôtelier désormais ouvert à tous

Involontairement, peut-être, le Golf hôtel s`est bâti une forte réputation. Et ses occupants, ces cinq derniers mois, l`ont rendu célèbre, au point d`en faire un mythe. Après la prise du pouvoir par Alassane Ouattara, qui en a fait son quartier général de campagne puis un `` refuge``, lors de la crise post-électorale. Que devient cet hôtel, symbole de la résistance politique, devenu le siège provisoire du pouvoir d`État ? Nous l`avons visité récemment.

Au quartier de la Riviera Golf, dans la commune de Cocody, lorsque nous empruntons, ce 18 juin 2011, la voie qui part du carrefour communément baptisée `` Carrefour Marie-Thérèse Houphouët `` au ``Golf ``, cet hôtel bien connu des Ivoiriens et du monde, nous n`avons pas de peine à comprendre que les choses ont changé. Accéder désormais à ce complexe hôtelier exige un petit détour. Il n`est plus question de circuler devant chez Alassane Ouattara. Sa résidence qui est à moins de cinq minutes de marche du Golf hôtel porte dorénavant les accessoires ``présidentiels``. Les chars, les barbelées et autres postes de contrôle, tenus par des soldats visiblement bien équipés de l`Opération des nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci), indiquent à tout visiteur que là réside une très haute personnalité de l`État. Le détour fait, nous sommes devant le `` prestigieux`` hôtel. Bâti sur un des plus beaux et reposants sites d`Abidjan, avec une architecture imposante, l’hôtel surplombe le paysage verdoyant qui l`entoure, lui donnant ainsi, malgré tout, une fière allure. De part et d`autre de l`entrée principale du complexe hôtelier, des chars, rongeant leurs freins, ont pris position. Des sentinelles montent la garde et des soldats onusiens, qui veillent au grain semblent se tourner les pouces. Pas grand-chose à faire ici ! Quelques vendeuses de jus, de beignets et autres friandises attendent presque désespérément des clients. Dans le hall de l`hôtel, on a passé un coup d`aspirateur. Tout semble bien respirer. Et l`éclat de la peinture et du vernis est resté intact.

La fin des prises en charge

Quelques personnes devisent tranquillement autour d`un petit café. Les serveurs et serveuses sont au soin des clients, ils vont et viennent, presque sans bruit, dans tous les sens. `` Mais quand tu arrives ici maintenant tu as l`impression qu`il n`y a jamais rien eu ici``, pique-t-on de la conversation de deux jeunes gens ( venus certainement honorer un rendez-vous) qui ont séjourné dans cet hôtel pendant les heures chaudes. Dans certains box vitrés du hall, des ouvriers s`adonnent, discrètement, à quelques petits travaux de remise à niveau : électricité, plomberie, etc., quand dans d`autres, le service se poursuit. C`est le cas de la librairie et de l`agence de voyage et du guichet d`une des banques de la place. A la réception, le téléphone n`arrête pas de crépiter. Les réservations se font au compte-gouttes.
En réalité, le Golf hôtel s`est pratiquement vidé de tous ces `` pensionnaires`` qui y avaient trouvé refuge et secours lors des affrontements armés relatifs à la crise post-électorale. Selon une source proche de la direction du complexe hôtelier, `` de nombreuses ``prises en charge`` leur avaient été délivrées par le président Alassane Ouattara. Maintenant que la crise a pris fin, ces prises en charge ont expiré ``. Naturellement, les trois quarts (¾) des occupants ont simplement déserté les lieux. Quelques personnalités proches du président Ouattara ont conservé des chambres et bénéficient encore des ``largesses``, en attendant de trouver des logis. Malgré notre insistance, notre source ne nous a pas révélé de noms. `` C`est à eux toutes ces grosses cylindrées que vous apercevez au parking à l`entrée du hall``, nous apprend-il.

Entre 80 et 90 mille F Cfa, le séjour

Pour ce qui est des chambres, presque toutes ont été rénovées. Draps, objets décoratifs, accessoires de toilette et moquettes ont été renouvelés ainsi que la climatisation. Pour un séjour à l`hôtel du Golf, il faut payer à la caisse entre 80 et 90 mille franc Cfa. Ces prix, selon notre source, tiennent compte du nouveau confort offert à la clientèle. `` Aujourd`hui, il y a des chambres disponibles et l`hôtel fonctionne de façon normale ``, explique notre interlocuteur. La `` salle d`audience`` du président Ouattara, avant et juste après sa prise effective du pouvoir, est toujours bien tenue, à l`instar des autres salles de l`hôtel. Au premier étage, l`infirmerie continue de fonctionner et reçoit des patients. Il avait été installé pendant les moments difficiles par le camp Ouattara afin de faire face à tout ennui de santé pour tous ceux qui y avaient élu domicile. Une des grandes salles au rez-de-chaussée est occupée par la Télévision Côte d`Ivoire (TCI) qui y maintient un important matériel de retransmission. `` Accès interdit à toute personne étrangère au service``, lit-on sur une des baies vitrées. Au jardin de l`hôtel, un certain nombre de manœuvres s`activent et tondent avec art la pelouse qui semble avoir reverdir. Ce matin-là, l`eau de la piscine n`avait pas été troublée. Un homme vêtu de treillis, assis à même le sol à l`un des bords de la piscine, est occupé à manipuler un ordinateur-portable, quand un autre, en tenue civile, couché dans un hamac, hume l`air, en se balançant bien joyeusement. A quelques pas de la piscine, le restaurant abrité par un grand apatam est ouvert, même si aucun client ne répondait à l`appel au moment de notre visite. `` Pendant la crise, de nombreux matelas avaient été disposés sous cet apatam qui servait de dortoirs à un nombre important de soldat Frci``, fait savoir notre source. Notre randonnée nous conduit à la façade gauche du complexe. Derrière le cours de tennis, un camp militaire a été installé et des tentes de l`Onuci ont été dressées. Quelques véhicules et engins militaires appartenant aux Forces républicaines de Côte d`Ivoire et aux forces onusiennes y sont stationnés...On peut le dire, passées les moments difficiles, le Golf hôtel retrouve un second souffle, au soulagement du personnel qui, pendant cinq mois, a géré, si nous nous en tenons à notre source, près de 2000 personnes. Ce soulagement est d’autant plus grand que tous ceux qui y étaient tenus prisonniers ont été soit libérés, soit conduits vers d’autres destinations.

Alain BOUABRE