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Politique Publié le mercredi 29 juin 2011 | Le Temps

Elections législatives, municipales, Etc. : Ouattara à l’épreuve de la démocratie

© Le Temps Par Aristide
Défense nationale: le Président Alassane Ouattara crée les Forces Républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI)
Jeudi 17 mars 2011. Abidjan, Hôtel du Golf. Par ordonnance du Président de la République de Côte d`Ivoire, SEM Alassane Dramane Ouattara décrète la fusion des deux armées, les Forces Armées Nationales et des Forces Armées des Forces nouvelles, en une nouvelle institution, les Forces Républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI)
Le pouvoir en place est tenu d’organiser les élections législatives, municipales et départementales dans les délais les plus raisonnables. Mais au regard des détentions arbitraires, de la traque qui bas son plein contre les collaborateurs de Laurent Gbagbo et les cadres de Lmp, on comprend que le mentor du Rdr ne veut pas de ces échéances. En réalité Ouattara a peur d’affronter ses adversaires, dans un contexte où il a déjà du mal à asseoir son pouvoir.

S’il y a un sujet qui donne des sueurs froides aujourd’hui au nouveau pouvoir, c’est bien la question des élections législatives, municipales et départementales qui doivent marquer le retour à la vie politique en Côte d’Ivoire. Après l’imposture et l’usage des armes qui ont permis de l’installer au pouvoir, le candidat du Rhdp n’est pas vraiment préparé au jeu démocratique. Et on soupçonne que la détention arbitraire prolongée de Laurent Gbagbo et de ses proches, la persécution constante et les poursuites gratuites qui visent les militants et les cadres de Lmp et la pression malsaine exercée sur le Front populaire ivoirien ne sont pas fortuits. La stratégie de Ouattara est en fait de faire en sorte que les conditions d’un retour à la vie démocratique normale en Côte d’Ivoire ne soient pas réunies de si tôt. Il s’agit pour le nouveau pouvoir de régner par la terreur pour, d’une par briser le Front populaire ivoirien qui est le fer de lance du camp Lmp par la menace et l’intimidation dans le but de saper le moral des partisans et électeurs de Laurent Gbagbo. Et d’autre part de préparer la fraude comme lors de la présidentielle. En fait, le mentor du Rdr n’a pas tort de trembler à l’idée des joutes démocratiques transparentes et crédibles d’autant plus que les enjeux des élections générales sont déterminants pour la survie politique d’un homme dont le parcours en quête de légitimité, après le coup de force qui a renversé Laurent Gbagbo.

L’ombre épaisse de Laurent Gbagbo

Les élections législatives, municipales et départementales devraient être une transition vers la normalisation de la vie politique sans laquelle l’on ne saurait parler de démocratie. Si Ouattara se réjoui d’être arrivé au pouvoir par la force grâce à la communauté internationale, il ne supporte pas que l’on assimile son ascension heurtée à un «coup d’Etat». Il souffre d’entendre dire chaque jour qu’il n’est rien sans le soutien de ses parrains et qu’il semble incapable d’être un véritable homme d’Etat qui peut s’assumer seul pour voler de ses propres ailes et affronter ses adversaires sans la France, au plan politique. Il veut qu’on dise de lui qu’il est “un démocrate qui a été élu président de la république par le peuple, dans des conditions transparentes.’’ Pour gouverner et parcourir le monde en «grand», selon son rêve, il lui faut «laver son image ternie par la rébellion». N’est-il pas l’ami des «grandes démocraties» occidentales ? Aussi les élections que le pays attend pourraient être pour lui l’occasion de se présenter comme un «démocrate irréprochable». Mais Ouattara est- il prêt à évoluer dans des conditions de libre jeu démocratique ? La question n’est pas si simple pour lui, lorsqu’on rappelle les résultats de la présidentielle passée. Au premier tour, en dépit de la fraude qui a pénalisé Laurent Gbagbo, le candidat de La majorité présidentielle est arrivé bien avant lui avec 38% des voix, tandis que le candidat du Rdr revendiquait 32%, contre 25% pour Bédié, l’allié Rhdp. Plus tard, le candidat du Pdci dénoncera «une fraude massive». Or, l’on sait d’où est venue la fraude. Au second tour, le Conseil constitutionnel a donné Laurent Gbagbo vainqueur avec 51, 45% des voix, contre 48, 55% au candidat du Rhdp. Après le «coup de force électoral» par lequel la Cei a annoncé de faux résultats contraires (54% pour Ouattara et 45,9% pour Laurent Gbagbo) qui ont par la suite été imposés au moyen des armes. Mais là encore l’avantage de Laurent Gbagbo sur ces deux adversaires, qui ont dû se mettre ensemble pour les résultats tronqués qu’ils ont présentés, est donc une réalité.

Les enjeux des prochaines élections

Or, pour l’élection des députés, des maires et des présidents de conseils généraux, le Rhdp ira en rang dispersé. Car chacun des «grands» partis politiques, à savoir le Fpi, le Rdr et le Pdci, se battra pour faire voter le maximum d’élus en vue d’obtenir la précieuse majorité parlementaire qui permettra de ‘’dicter sa loi’’ à l’Assemblée nationale. C’est dire que le parti d’Henri Konan Bédié qui ne manque pas d’ambition dans ce sens va jouer ses propres cartes. Selon nos sources au Pdci, il n’est pas question pour le vieux parti de servir éternellement de faire valoir à Ouattara, comme lors de la présidentielle. Pour les élections législatives, municipales et départementales à venir, ce sera donc «chacun pour soi, Dieu pour tous», comme le dit la pensée populaire. Du coup, Ouattara ne pourra plus compter sur le bétail électoral que lui ont gracieusement fourni ses alliés du Rhdp et sans lequel il aurait été plus largement étalé par Laurent Gbagbo au second tour de la présidentielle de 2010. Une situation dont Lmp pourrait profiter pour ravir la majorité parlementaire à l’Assemblée nationale et positionner le maximum de maires et de président de Conseils généraux, pour peser de tout son poids en terme de représentativité politique. Or, Ouattara, qui n’est pas habitué à la contradiction, ne veut pas souffrir d’une majorité parlementaire Lmp qui risque de lui mener la vie dure. Du moment que les projets de lois introduites par le pouvoir actuel ne passeront pas comme une lettre à la poste. A tout le moins, il pourrait s’accommoder d’une majorité parlementaire Pdci.

Malheureusement pour le nouvel homme au palais, si l’on s’en tient aux statistiques, y compris mêmes celles qui ont été ‘’défavorables ‘’ à Laurent Gbagbo lors de la présidentielle, le Rdr et le Pdci ne feront pas le poids face à Lmp. Ouattara, bien conscient de la situation, ne croise pas les bras.

Depuis longtemps, il manœuvre pour que le Rdr avale pour toujours et phagocyte le parti d’Houphouët –Boigny au sein du Rhdp qui deviendra un «parti unique». Ce parti unique, s’il est créé, signera la mort définitive du Pdci qui sera à jamais inféodé au Rdr. Mais Bédié n’est pas prêt à accepter un tel schéma. Pour lui comme pour ses militants, il n’est pas question que le parti du père
de la nation disparaisse sur l’autel d’une alliance de circonstance qui est forcement limité dans le temps, en fonction des intérêts du moment. Il a donc dit non au projet de parti unique de Ouattara. «Le Rhdp a servi de plate-forme pour porter Ouattara au pouvoir, mais chaque parti garde son autonomie. Il n’est pas question que notre parti disparaisse pour une alliance qui tire à sa fin, car l’objectif est atteint», nous a confié un cadre du Pdci farouchement opposé au Rhdp en tant que parti unique. D’ailleurs, au sein même du Rdr, beaucoup ne veulent pas de cette fusion dans laquelle l’identité de chaque formation se perdra. Déjà, les querelles de clocher au sein du rassemblement des Houphouëtistes au sujet du partage inégal du gâteau et les frustrations nées de la formation du dernier gouvernement et des nominations aux postes juteux de la république nous donne une idée de la cohabitation qui est loin d’être harmonieuse entre le Rdr, le Pdci et l’Udpci à l’intérieur de Rhdp. Il apparaît donc clairement que la seule chose sur laquelle les alliés du Rhdp étaient vraiment d’accord, c’était de renverser par tous les moyens Laurent Gbagbo. Ce qui est chose faite aujourd’hui. Du coup, «l’objet social» du Rhdp n’existe plus. Cette association n’a donc plus sa raison d’être. On comprend donc que Ouattara tente d’en changer les «statuts et règlement intérieur» pour lui redonner une raison de continuer à exister.

La mort programmée du Rhdp

Mais, à vrai dire, ce point de malaise au ‘’Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix’’ n’est que la partie visible d’un gigantesque iceberg d’incohérences qui fait de cette alliance une machine programmée pour mourir. D’abord, les fondements de cette plate-forme de prétendu houphouëtistes qui ne le sont que de nom sont viciés. A partir du moment où ses animateurs ont tourné le dos à la doctrine politique basée sur la paix de leur «père» qui affirmait que «le dialogue est l’arme des forts et que la guerre l’arme des faibles». Pour prendre les armes contre leur frère, Laurent Gbagbo, en tordant le cou à la démocratie, leur autre credo. Houphouët- Boigny n’aurait certainement pas été fier de voir que ses fils se sont montrés aussi «faibles», selon sa vision politique. Il les aurait voulus «dignes de lui». On comprend donc que beaucoup d’observateurs considèrent le Rhdp comme «une farce» qui ne fait pas honneur au père spirituel. En réalité, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix n’est qu’une alliance de façade au sein de laquelle cohabite malgré eux, Bédie et Ouattara, deux des adversaires jurés de longue date qui se sont combattus sans merci par le passé. Est-il encore besoin de rappeler la guerre fratricide qui les a opposés à la mort du Bélier de Yamoussoukro le 7 août 1993 et qui a ouvert la crise qui s’est soldée par le départ de Bédié ? Leur est-il possible d’oublier le mandat d’arrêt international que l’un a, en son temps, lancé contre l’autre ? C’est Jaques Chirac, alors Président de la France, qui les a contraints en 2005, par des pressions dont l’Elysée a seul le secret, de se mettre ensemble pour combattre Laurent Gbagbo qu’il jugeait, à raison, «trop coriace en politique» pour chacun d’entre eux pris séparément. Les deux hommes ont dû se plier aux injonctions de la France pour faire chemin ensemble. Mais au fond de lui-même, chacun espérait se servir de l’autre pour reconquérir le pouvoir après la chute du 24 décembre 1999 ou conquérir la présidence, après des décennies de frustrations. Mais, à ce jeu, c’est Ouattara qui a été le plus fort. Il a su se hisser sur le dos de Bédié et du Pdci pour parvenir à ses fins. Aujourd’hui, à l’heure du bilan, le Rdr de Ouattara et ses vrais alliés des Forces nouvelles se taillent la part du lion dans le gâteau. «A vrai dire, c’est le Rdr qui est au pouvoir et qui gouverne en actuellement. Les autres n’ont pas de voix de décision. Ils se taisent et s’alignent dans un contexte où les armes sont toujours bien visibles. Vous devez comprendre», nous a dit un ex-cadre du Rdr. Mais le Pdci dont les caciques sont plus attachés aux privilèges qu’à une quelconque conviction politique n’est pas difficile à contenter. «Quelques places au gouvernement, des postes ça et là, et des honneurs publics vides de sens suffisent à arracher au Pdci toutes sortes de compromission», regrette un jeune cadre de ce parti.

La popularité de Laurent Gbagbo et la force de Lmp intactes

Qui est malheureux de voir que des aînés soient si influençables, si malléables pour si peu. Tandis que Laurent Gbagbo, même entre les mains de ses geôliers, reste le leader politique le plus populaire en Côte d’Ivoire. Même en prison Laurent Gbagbo fait plus parler de lui que le président de la république actuel. Et il fait toujours aussi peur au mentor du Rdr qui, au-delà du complot mis en place pour renverser le régime de la refondation, connaît les capacités politiques et «la force de frappe démocratique» de ce leader d’envergure, qui a su se faire respecter de la France et de la communauté internationale, malgré les armes. C’est bien Laurent Gbagbo qui a la majorité dans les urnes. Et Ouattara en perd le sommeil. Il sait que dans des conditions de transparence, le Rdr ne fera pas le poids dans les urnes face à Laurent Gbagbo et sa machine de Lmp. Si Ouattara a peur de laisser se dérouler le jeu démocratique, c’est parce qu’il est certain de ce que La majorité présidentielle reste un bloc compact prêt à se battre jusqu’au bout avec son leader. La chute de Laurent Gbagbo n’a en rien, entamé la détermination de Lmp à œuvrer, malgré les fusils et la prison, malgré les menaces, les actes d’intimidation, les exactions et les crimes dont ses membres sont victimes. Avec Laurent Gbagbo et Lmp, ils retourneront dans les urnes pour : ‘’bâtir la prospérité sur la démocratie et la paix’’ pour une Côte d’Ivoire souveraine et digne dans le concert des Nations qui se respectent et qui se font respecter, selon la vision de ce fils valeureux qui fait la fierté de la nation ivoirienne.

K. Kouassi Maurice
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