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Politique Publié le lundi 4 juillet 2011 | Nord-Sud

Pressés de rentrer au pays - Pourquoi les Ivoiriens fuient la richesse équato-guinéenne

Ils sont nombreux les émigrés attirés par les niveaux de salaires en Guinée équatoriale. Mais une fois sur place, beaucoup ne veulent plus s’y éterniser.


Environ mille Ivoiriens vivent au pays d’Obiang Nguema. 600 sont à Malabo sur l’île de Bioko, et 400 à Bata, capitale économique et partie continentale du pays. Certains sont des cadres ou agents de maîtrise venus sous contrat avec des multinationales. Ils participent aux grands travaux de construction de routes et d’autres infrastructures économiques. D’autres, le plus grand nombre, sont partis d’eux-mêmes, fuyant le chômage et la misère en Côte d’Ivoire. Ils sont ouvriers, transporteurs, commerçants ou hommes d’affaires. Leurs épargnes peuvent leur permettre de lancer des affaires dans leur pays. Le franc Cfa utilisé par la Guinée équatoriale a la même valeur que la monnaie ivoirienne. La seule différence se trouve au niveau des coupures qui portent, de l’autre côté, les marques de la Banque de l’Afrique centrale. Prenons le cas de l’immigré censé avoir le salaire le plus bas. A Malabo, un vigile touche entre 500.000 et 700.000 Fcfa par mois. Certes, le niveau de vie y est élevé. Le loyer et les charges quotidiennes sont coûteux. Mais avec un peu de rigeur, ce vigile peut épargner la moitié de son revenu. Au point d’avoir une épargne d’au moins un million par an, et 4 ou 5 millions de Fcfa en trois ans. C’est le prix d’un véhicule qu’il peut exploiter comme taxi à Abidjan. Avec un peu plus d’effort, l’ouvrier peut avoir le prix d’un mini-car (gbaka) en moins de 5 ans. Que dire alors du cadre ou de l’homme d’affaires ? Cependant, les Ivoiriens, tout comme d’autres ouest-africains émigrés en Guinée équatoriale, ont presque tous à l’esprit de pouvoir rentrer au bercail le plus tôt possible. Ils préfèrent venir s’y créer une nouvelle activité à partir des ressources qu’ils auront épargnées. Ils travaillent dur et se privent pour quitter rapidement l’inconfort qu’ils vivent sur place. En effet, si le boom pétrolier relève les niveaux de salaires en Guinée équatoriale, ce pays est loin d’être un véritable eldorado pour les immigrés noirs. Ceux-ci affirment être constamment victimes d’actes xénophobes. L’attitude des autorités, des citoyens et de la police leur rappelle chaque jour qu’ils ne sont pas chez eux. Ils en souffrent moralement. Ce 2 juillet, par exemple, des Ivoiriens ont été pourchassés à coups de matraques de la salle où ils avaient rendez-vous avec leur chef d’Etat. Les flics étaient en faction et leur attention a été attirée par la présence de la foule qui attendait l’arrivée du président. Malgré toutes les explications qui leur seront fournies, ils vont d’abord utiliser la manière forte, avant de découvrir, qu’il s’agissait d’une rencontre autorisée. De la même façon, les Sénégalais, Maliens et Ivoiriens partis accueillir leurs présidents, mercredi, ont été contraints d’attendre très loin de l’aéroport. Et lorsqu’au passage du cortège d’Alassane Ouattara, ses compatriotes ont manifesté leur joie, la police est venue encore les matraquer. Même le cameraman de la Radio télévision ivoirienne(Rti) qui couvrait l’évènement a reçu des coups de matraque ce jour-là. Inutile alors d’insister sur les travers des contrôles de routine qui se terminent régulièrement par des rapatriements. Voici autant de raisons pour lesquelles les Ivoiriens, malgré tout ce qu’ils gagnent en Guinée équatoriale, sont pressés de rentrer chez eux. Chez eux où le nouveau contexte est plus rassurant. La preuve, l’Association des Ivoiriens vivant en Guinée équatoriale n’a pas enregistré de nouvelles arrivées depuis l’installation du président Ouattara accueilli chaleureusement par les Ivoiriens de Malabo.


Cissé Sindou, envoyé spécial à Malabo
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