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Société Publié le mercredi 6 juillet 2011 | Le Patriote

Caravanes, concerts, tournées pour la réconciliation : La foire aux arnaqueurs

Ajouter son grain de sel au processus de réconciliation nationale. Tout les Ivoiriens y songent. Quant aux artistes, ceux là- mêmes qui détiennent le génie de la créativité, ils entendent mettre cette période à profit pour mettre leur art au service de l’amour et de la paix des cœurs. C’est dans cette optique que plusieurs événements culturels sont, çà et là, goupillés ces temps-ci.

Au nombre de ces événements, l’on parle de "Caravane nationale pour la réconciliation", de "Concert national pour l’unité et la réconciliation nationale", de "Concert de la paix". En tout cas, c’est toute une panoplie de spectacles dont les appellations varient d’un concept à l’autre qui sont annoncés ; avec pour dénominateur commun : contribuer à l’avènement d’une Côte d’Ivoire de paix et plus fraternelle comme le souhaite le président de la République, Alassane Ouattara. Déjà, la ville d’Abidjan et certaines localités du pays, sont inondées d’affiches et écriteaux annonçant ici une caravane; là une tournée et ailleurs un concert.

A regarder toute cette floraison de manifestations, pour la noble cause de la réconciliation, l’on est en droit de se réjouir et tout mettre en œuvre pour afin qu’elles connaissent un franc succès. Mais, à faire la rétrospective de ce genre d’événements laisse pantois plus d’un. En effet, par le passé, des spectacles du même genre avaient été des moments de grosses arnaques. Des organisateurs véreux de spectacle ont tout simplement profité de l’occasion pour se faire l’argent du contribuable par le biais des autorités dont ils obtiennent et le parrainage et le financement. Il en est de même des opérateurs économiques.

Ces derniers, soucieux de mener des actions citoyennes, associent leur image à des concerts, caravanes ou tournées. Mais, les organisateurs, après avoir obtenu le financement de la manifestation et empoché la manne, prenaient la clef des champs pour disparaître de la circulation.

La traite des escrocs !

Ou tout simplement, chacun montait carrément d’un cran son train de vie en s’offrant, qui une nouvelle et rutilante voiture; qui une nouvelle garde-robe. Et l’événement pour lequel souvent un battage médiatique est mené est reporté sine die ou annulé. L’exemple palpable fut le cas de "la Fête de l’artiste".

Pilotée, en son temps, par l’Union Nationale des Artistes de Côte d’Ivoire (UNARTCI) présidée par Gadji Céli Saint-Joseph, ex-PCA du Burida, cette fête devait avoir lieu au stade Félix Houphouët-Boigny. En prime, elle devait voir la présence des trois têtes de pont du landerneau politique ivoirien. Alassane Ouattara, alors candidat du Rassemblement des Républicains (RDR); Henri K. Bédié du PDCI et Laurent Gbagbo de LMP. La noble idée qui sous-tendait cette fête était de parvenir à la décrispation de la tension sociopolitique en voyant ces trois personnalités ensemble pour passer des messages de paix et d’union au peuple ivoirien. Quoi de plus noble ! Mais, malheureusement, de report en report, l’événement n’a plus, en fin de compte, eu lieu jusqu’à ce jour. Mais, le hic dans tout cela est que, des sources crédibles, tant à l’UNARTCI qu’auprès de certains contributeurs traditionnels dans l’organisation d’événements culturels, la quasi-totalité des appuis financiers avaient été dégagés et remis aux initiateurs de ce spectacle.

Autre fait dommageable de la même nature, c’est le tout premier concert
de l’artiste Jamaïcain Sean Paul à Abidjan. Annoncé à grand renfort médiatique, "le Seigneur de la Ragga- Dancehall"- genre musical en vogue et prisé par les jeunes- Ryan Francis Enriques, de son nom à l’Etat-civil, devait être en concert au bord de la Lagune Ebrié pour permettre, aux jeunes, de se délasser dans une Côte d’Ivoire alors en crise. Le promoteur du spectacle qui avait, auparavant, encaissé toute la manne du contrat signé avec une maison de téléphonie mobile s’est évanoui dans la nature. Alors que les tickets du concert avaient été également arrachés comme de petits pains. Mais, c’est à quelques heures seulement du concert que l’annonce de son annulation a été faite. La maison de téléphonie, tout en dégageant sa responsabilité, a fait restituer le prix des billets aux acquéreurs. C’est plus tard qu’un autre promoteur, sérieux, s’appropriera le concept pour que l’artiste vienne effectivement communier avec ses fans d’Abidjan. Ce fut les mêmes péripéties qui entouraient des concerts et spectacles programmés dans les villes de l’intérieur du pays "pour la paix", "la réconciliation" et qui ont été annulés soit parce que le promoteur n’a pas payé le cachet des artistes, soit il n’a pas honoré ses engagements vis- à- vis de tel ou tel fournisseur.

Pour une bonne coordination et une organisation efficiente de ces événements qui doivent permettre, aux Ivoiriens, de sceller le retour à la fraternité vraie, Tiken Jah Fakoly ne croyait pas si bien dire : « Pour la Caravane de la réconciliation que souhaite le chef de l’Etat, je propose que l’organisation soit confiée à une régie ou à une structure outillée dans l’événementiel». Le disant, la star du Reggae montre les aléas liés à l’organisation de concerts, tournées et caravanes à des profiteurs.

Il urge donc que les pouvoirs publics et les opérateurs économiques soient
suffisamment regardants sur ces spectacles. Que ces événements soient passés au tamis afin que des arnaqueurs ne profitent du processus de réconciliation pour se mettre pleins les poches.

Jean-Antoine Doudou
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