x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le vendredi 8 juillet 2011 | Le Mandat

Investissement dans les secteurs clés : Comment la Chine a décroché ses contrats juteux

© Le Mandat Par Aristide
Audiences du chef de l`état: le Président Alassane Ouattara a reçu SEM Wei Wenhua, ambassadeur de la République populaire de Chine
Mardi 3 mai 2011. Abidjan. Le Président Alassane Ouattara a accordé une audience, en sa résidence privée de Cocody, à l`ambassadeur de la République populaire de Chine en Côte d`Ivoire, SEM Wei Wenhua
Le premier Président de la Nation ivoirienne, Houphouët-Boigny se méfiait de la Chine. «Envahissante», confiait-il aux Français. Après sa mort, les autorités chinoises ont juré de faire d’Abidjan l’une des bases stratégiques de leur influence économique en Afrique.

Entre 2000 et 2010, la Chine a multiplié par dix ses échanges avec la Côte d’Ivoire et plusieurs pays de l’Afrique qui devient du coup son premier partenaire commercial. En 1995, soit deux ans après la disparition du Président Félix Houphouët-Boigny, le Président Chinois, Jiang Zemin donna le top départ de l’internationalisation des entrepreneurs chinois : «Sortez, avait lancé le dirigeant communiste. Devenez des entrepreneurs mondiaux ! ». Ainsi, plusieurs entreprises chinoises avaient choisi l’Afrique, et la Côte d’Ivoire en particulier, parce qu’elles pouvaient, en tant qu’outsiders, voir leurs concurrents occidentaux à l’œuvre et les étudier, sans être trop jugées sur la qualité de leurs produits vendus à bon marché. Depuis lors, « le gouvernement chinois encourage donc les entreprises à investir en Afrique dans des secteurs aussi variés que le commerce, l’agriculture, la construction, les mines et le tourisme », confiait He Wenping, Directeur des études africaines à l’Académie chinoise des sciences sociales de Pékin. L’offensive économique en Côte d’Ivoire quant à elle, a été amorcée en mai 2009. Une quarantaine d’officiels et de dirigeants d’entreprises (Anare, Gestoci, Petroci, Port Autonome d’Abidjan, Sodemi, etc.) avaient alors effectué le voyage de Shanghai à l’occasion du IIème Forum de la promotion des matières premières et de l’industrialisation, du 18 au 22 mai 2009, avec pour objectif d’attirer les grandes entreprises publiques chinoises en Côte d’ivoire.

La stratégie de la Chine pour la conquête des contrats
Bien que la France reste le plus important partenaire commercial de la Côte d’Ivoire, avec plus de 600 entreprises françaises gérant jusqu’à 30% du PIB ivoirien, force est de constater que le volume des échanges commerciaux entre Abidjan et Pékin a connu un bond spectaculaire au cours des dix dernières années. D’après de nombreux analystes présents au XXIème Forum économique tenu en Afrique du Sud, le 4 mai 2011, la Côte d’Ivoire reste bel et bien dans la ligne de mire de Pékin. Liu Guijin, Représentant spécial de son ministre des Affaires Etrangères, a même fait cette confidence lors du Forum économique mondial sur l’Afrique : «Nous allons investir dans cette zone industrielle et contribuer au développement de l’industrie manufacturière». Parlant du « retour en force de Paris en Côte d’Ivoire», les diplomates chinois estiment, en privé, que « trop de colle ne colle plus… ». «Nos échanges contribuent quand même à hauteur de 20% à la croissance ivoirienne, voire africaine», se défendent les autorités chinoises, qui misent par ailleurs sur un dispositif d’influence extrêmement rôdé. Le leadership chinois est un mélange de puissance et de discrétion où rhétorique, remises de dettes, programmes de coopération, produits bon marché, constructions d’infrastructures de santé, d’éducation et de sport arrosent l’ensemble de la cible, du sommet à la base.

La méthode du
‘’gagnant-gagnant’’
L’une des raisons de la percée chinoise tient de la rhétorique politique. Les vertus «gagnant-gagnant» d’une coopération Sud-Sud et «les rapports d’égalité, de respect, d’amitié et de fraternité» reviennent constamment aux lèvres des dirigeants chinois. Depuis l’investiture du Président Ouattara à Yamoussokro le 21 mai dernier, qui a vu la présence du Président Sarkozy, accompagné des dirigeants de grandes entreprises françaises tels que Martin Bouygues, Michel Roussin, Vincent Bolloré ou encore Alexandre Vilgrain, patron du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), la Chine sait très bien que la France entend toucher les dividendes de son soutien au nouveau chef de l’Etat ivoirien. Selon des sources, quelques analystes du Quai d’Orsay estiment que « Pékin paiera cher son soutien au Président Gbagbo». En cause, entre autres, le don de produits effectué le 8 mars 2011 à Abidjan par l’Ambassadeur Wei Wenhua. Réagissant à cette question, en privé, un attaché militaire chinois se défendait ainsi, en fin mars : « Mais pourquoi se jeter à l’eau avant que la barque n’ait chaviré ? » Il faut dire que cette aide chinoise était d’autant plus sensible qu’Issa Malick, alors ministre illégal de l’Agriculture, avait déclaré : « A ce moment précis où notre pays traverse l’une des plus grandes crises de son histoire, ce don de produits agricoles et de matériels mécaniques pour la relance de la riziculture est un signal fort qui témoigne du soutien indéfectible de la Chine, grand producteur de riz, au peuple souverain de Côte d’Ivoire. » Toujours fin mars, la décision de ‘’Noble Group’’ de s’acquitter des impôts exigés par Laurent Gbagbo, suite à l’Ordonnance du 7 mars 2011 prescrivant la saisie et la vente de près de 400 000 tonnes de stocks de cacao entreposées, a été ressentie par le camp Ouattara comme une bouffée d’oxygène chinoise offerte à l’ancien Chef d’Etat. Certains stratèges chinois estiment d’ailleurs que leur gouvernement a manqué de lucidité dans cette affaire. D’autres relativisent, évoquant « une action humanitaire destinée à sauver des populations civiles » dans le premier cas, et à « respecter la loi » dans le second. Reçu en audience le 3 mai 2011 par le Président Ouattara, l’Ambassadeur de Chine à Abidjan s’est dit soulagé par la fin de la guerre dans le pays. Wei Wenhua a salué la politique de réconciliation et de réunification initiée par le nouvel exécutif, et réaffirmé l’engagement de la Chine à contribuer à la reconstruction et au développement socioéconomique de la Côte d’Ivoire. Au cours de la rencontre secrète, nos sources révèlent que la Chine courtise le Président Ouattara sur l’opportunité de décrocher des contrats qui sont déjà à l’avantage Européenne et Américaine.

BENJAMIN SORO
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ