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Politique Publié le vendredi 8 juillet 2011 | Le Patriote

Interview / Anne Désirée Ouloto (Ministre de la Salubrité urbaine) : “Nous allons recycler et valoriser les ordures”

© Le Patriote Par Prisca
2è tour de la présidentielle 2010: Le porte-parole principal du candidat du RHDP, Albert Mabri Toikeusse face à la presse
Mercredi 17 novembre 2010. Abidjan. Maison du RHDP à Cocody Ste-Marie. Le porte-parole principal du candidat Alassane Ouattara, Albert Mabri Toikeusse anime une conférence de presse, entouré de son équipe composée de Maurice Kakou Guikahué, Joël N’Guessan et Mme Anne Ouloto (photo)
Débarrasser Abidjan et les villes de l’intérieur du pays des ordures. C’est le défi gargantuesque que Mme Anne-Désirée Ouloto, ministre de la Salubrité urbaine, ambitionne de relever. Avant de renforcer ses actions sur le terrain, elle a bien voulu, le temps d’un entretien à bâtons rompus, défricher les vastes chantiers qui cristalliseront dans les prochains jours, à la fois son énergie et son intellect. Objectif, assainir enfin le cadre de vie des Ivoiriens.

Le Patriote : A Yamoussoukro où vous étiez récemment, vous avez indiqué qu’il fallait tout faire pour éviter le drame d’Abidjan, est-ce à dire que vous redoutez l’immensité de la tâche qui vous attend dans la capitale économique ?
Anne-Désirée Ouloto: Aucunement. Je ne redoute pas l’immensité de la tâche qui m’a été confiée par son Excellence M. le Président de la République. Bien au contraire, je prends la pleine mesure de mes responsabilités dans l’animation du cadre de vie de la population. Yamoussoukro, aujourd’hui de façon globale, se porte assez bien en ce qui concerne la question de salubrité. Mais au cours de notre mission à Yamoussoukro, quelques préoccupations se sont dégagées, venant des autorités. Ces préoccupations nous font dire qu’il faut anticiper sur l’évolution naturelle de la ville, sur l’augmentation de la population et, sur certainement, la prochaine installation du Président de la République dans la capitale politique. Les quelques problèmes, qui se posent aujourd’hui à Yamoussoukro, ont certainement été les mêmes que le District d’Abidjan a connus il y a certainement trente ans. Il importe qu’en toute responsabilité, nous puissions nous organiser pour la gestion de la capitale politique, autrement nous serons irresponsables.

LP : Vous êtes à la tête d’un département qui n’a pas toujours répondu aux attentes des Ivoiriens, parce qu’Abidjan demeure toujours sale. Quelles sont vos priorités pour que la situation change ?
A-D.O. : Notre priorité, c’est d’abord le plan national de salubrité. Vous savez, la gestion des ordures, la gestion des questions de salubrité doit répondre à un plan national. Ce plan national est déjà connu. Malheureusement, il n’a toujours pas été adopté. Il faut procéder rapidement à l’adoption de ce plan national. En adoptant ce plan national, nous serons amenés à mieux réglementer le système de gestion des ordures ménagères, mais surtout à créer des infrastructures qui permettront à tous les acteurs du secteur d’offrir un cadre de gestion opportun et adapté à nos réalités. Aujourd’hui, la population de la Côte d’Ivoire est énorme, celle d’Abidjan est estimée à environ cinq millions d’habitants. Malheureusement, les infrastructures de gestion des ordures ménagères n’ont pas accompagné l’évolution de la population du District d’Abidjan. C’est ce même problème qui se pose à l’intérieur du pays. Ce qui est aujourd’hui urgent, c’est la création de ces infrastructures d’une part. D’autre part, c’est la politique qui sera mise en place pour la destination de ces ordures ménagères. C’est bon d’assurer la propreté des villes. C’est vital de veiller à ce que toutes ces ordures soient enlevées. Toutefois, il est également important et prioritaire de faire en sorte que ces ordures aient une destination finale qui ne soit pas une décharge, mais qui soit une usine de transformation et de valorisation de ces déchets. Cela fait partie aussi de nos priorités. Il faut faire en sorte que ces déchets soient valorisés, recyclés. Le faisant, nous arriverons à créer des d’emplois.

LP : En attendant, comment comptez-vous gérer le problème de ramassage des ordures étant donné qu’il n’y a pratiquement plus de poubelles publiques à Abidjan ?
A-D.O. : Je vous ai parlé tantôt du plan national de salubrité qui prévoit dans toute la chaîne de la gestion des ordures, un mécanisme moderne d’enlèvement des ordures ménagères.

LP : De quoi s’agit-il concrètement?
A-D.O. : Vous savez qu’il y a plusieurs intervenants et plusieurs personnes concernées dans la gestion des ordures. D’abord, il faut éduquer la population. Si elle n’est pas éduquée, tout ce que vous mettez en place comme mécanisme est voué à l’échec. Il faut donc qu’elle soit éduquée pour un changement de comportement et pour une prise de conscience de son rôle dans la gestion de ces ordures par le tri à domicile avant tout enlèvement par les pré-collecteurs. Ensuite, il faut doter les pré-collecteurs de matériels de pré-collecte moderne afin que cette activité ait un caractère professionnel et qu’elle se fasse selon certaines normes. Pour parfaire leur travail, il faut mettre en place des centres de groupage et de tri. Ce qui permet de régler le problème des dépôts sauvages. A partir de ces centres de groupage et de tri, les déchets organiques et les déchets solides seront transférés vers des usines et non des décharges comme celui d’Akouédo. Les déchets apparaissent comme une matière première à valoriser, pour en faire de l’électricité, des objets plastiques, des briques pour la construction de maison à un coût réduit. Si nous réussissons à construire ces centres de groupage et de tri, si nous réussissons à construire ces usines de valorisation et de recyclage des ordures ménagères, nous créerons des emplois. Nous aurons alors atteint notre objectif « zéro ordure, zéro déchet dans les rues d’Abidjan et de toutes les villes du pays ».

LP: En attendant la construction de ces centres, que vont devenir les ordures ramassées aujourd’hui ?
A-D.O. : Pour l’instant, nous mettons l’accent sur l’éducation des populations et sur les opérations villes propres. Ces opérations nous permettront de débarrasser nos villes, notamment le District d’Abidjan de ces ordures et des dépôts sauvages qui sont stockés dans des décharges. Mais ceci ne règle pas le problème dans la mesure où nous avons besoin de politique durable de gestion des ordures. Premièrement, il nous faut dans les meilleurs délais procéder à la construction de centres de groupage et de tri. Deuxièmement, il nous faut trouver une solution à la question des décharges et de centre d’enfouissement technique. Ces questions sont à l’étude. Pour Abidjan, nous prévoyons la construction de 25 centres de groupage et de tri au plus tard à la fin de l’année 2011. Nous allons proposer au Gouvernement la construction de deux centres de groupage pour le district de Yamoussoukro. Ce qui veut dire que nous prenons l’option de construction de centre de valorisation de ces ordures ménagères ou de centre d’enfouissement technique de ces ordures. A côté de cela, nous allons lancer des appels d’offre pour la construction d’usines de valorisation et de recyclage des ordures ménagères. Ce qui nous amènera à une fermeture définitive de la décharge d’Akouédo, qui est prévue pour la fin décembre 2012. Avant cette date, nous pensons réussir la politique de construction d’usines.

LP : Voulez-vous dire que la construction d’une nouvelle décharge n’est plus à l’ordre du jour ?
A-D.O. : Il faut éviter au pays de se complaire dans cette situation de décharges qui sont très vite dépassées et qui, finalement, mettent en danger la santé des populations. L’Etat a eu beaucoup de difficultés avec les populations d’Akouédo en raison des nuisances causées par la proximité de cette décharge. Les populations ont des problèmes de santé. Ce qui n’est pas juste. On ne peut pas demander aux populations d’Abidjan de vivre dans un environnement sain, en les débarrassant de leurs ordures et dans le même temps empoisonner les habitants d’Akouédo. Nous devons trouver une destination finale pour ces ordures stockées à Akouédo. Au niveau de Yamoussoukro, il faut anticiper pour ne pas que ce que nous avons connu à Abidjan ne s’y répète. Si vous prenez les grandes villes comme San-Pedro, Daloa, Korhogo, il vous faut absolument trouver une destination définitive à ces ordures. Il faut une politique durable, faire en sorte que nous n’ayons plus à vivre avec ces ordures qui peuvent être transformées.

LP : Comment comptez-vous réorganiser le secteur du ramassage des ordures ?
A-D.O. : L’Etat a déjà pris les dispositions en la matière. Il appartient à l’Etat de prendre ses responsabilités pour garantir un environnement sain aux populations. En la matière, l’Etat a décidé de prendre ses responsabilités et a décidé d’être le maître d’œuvre de la gestion des ordures ménagères. Nous, nous inscrivons dans cette dynamique. Le Président de la République veut gérer les problèmes d’ordures au même titre que les questions d’éducation, de santé. Il nous appartient de faire en sorte que des opérateurs crédibles et compétents avec du matériel de pointe pour assurer la collecte, le transport des ordures ménagères et la propreté de nos rues. A l’époque, Abidjan avait ses rues balayées par des machines adaptées, nos marchés étaient propres. Les Ivoiriens vivaient dans un environnement sain et les Ivoiriens achetaient des produits alimentaires sains. C’est ce que nous souhaitons pour la Côte d’Ivoire. Nous allons nous donner les moyens pour que nos grandes villes soient propres.

LP : Comment cette volonté va t-elle se traduire sur le terrain ?
A-D.O. : Nous allons faire d’abord la sensibilisation. Vous savez, les Ivoiriens ont accumulé les mauvaises habitudes à tout point de vue. Nous avons tous de mauvaises habitudes aujourd’hui. Il faut présenter aux Ivoiriens la situation dans laquelle nous vivons, il faut clairement leur présenter notre responsabilité dans cet environnement dans lequel nous vivons. Nous sommes tous comptables de cet environnement dans lequel nous sommes. L’Etat aujourd’hui a pris ses responsabilités en mettant en place un cadre institutionnel qui réponde à son ambition de préserver l’environnement des populations et à les amener à vivre dans un cadre de vie sain. A côté de cela, l’Etat a besoin de la collaboration et de la participation des populations à l’amélioration de leur propre cadre de vie. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il est important de sensibiliser les populations à tous les niveaux. C’est un vaste chantier de sensibilisation et d’éducation de masse dans lequel nous allons nous engager très prochainement. D’ailleurs dans le cadre de la célébration de la fête de l’indépendance nous lançons dès la semaine prochaine « l’opération pays propre ».

LP : C’est quoi cette opération ?
A-D.O. : C’est un programme très pertinent, audacieux. C’est un programme de haute portée civique pour lequel nous comptons engager tous les Ivoiriens, tout le gouvernement. Nous voulons faire de la célébration de cette fête, un événement populaire comme c’était le cas par le passé où les Ivoiriens savaient se mobiliser pour le grand toilettage de nos villes, mais surtout de notre capitale, Abidjan. A cette occasion, les grands bâtiments et les façades extérieures des domiciles étaient repeints. Les espaces étaient nettoyés. C’étaient de grands moments de solidarité, de patriotisme des Ivoiriens. Malheureusement, nous avons fini par adopter de mauvais comportements. Le Président Alassane Ouattara présente aujourd’hui une nouvelle Côte d’Ivoire aux Ivoiriens, une Côte d’Ivoire propre. Pour y arriver, nous voulons à travers cette célébration amener l’administration elle-même à donner l’exemple. Nous invitons l’administration à procéder au renouvellement de la peinture de leurs édifices. Nous voulons aboutir à cette fête avec un pays propre, avec des beaux bâtiments. A titre d’exemple, je voudrais vous citer le cas de l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et Economie Appliquée (ENSEA). C’est un établissement public dirigé par un Africain, un Ivoirien mais qui offre un cadre si beau. C’est une question de volonté. L’établissement est géré avec rigueur, ce qui se rejaillit sur le travail des étudiants. La Côte d’Ivoire étant un pays d’excellence, il faut que le pays renoue avec la propreté, qu’il ait un bel environnement. Vous savez, l’environnement influence l’esprit.

LP : Si les Ivoiriens ne vous suivent pas, quelles sont les mesures que vous comptez prendre pour que les choses changent comme vous le souhaitez ?
A-D.O. : Je pense que les Ivoiriens nous suivront. Il y aura certes des brebis galeuses. Pour elles, nous passerons à des mesures coercitives. Nous souhaitons ne pas en arriver là. Vous savez, la Côte d’Ivoire est un pays de droit. Il y a des textes qui nous régissent. Il y a des textes en matière de salubrité. Il y a des textes qui interdisent de nuire à autrui. Lorsque vous jetez des ordures dans un lieu public, vous nuisez à la santé des populations, à l’image du pays. En ce moment, vous êtes passibles d’amende. Lorsque vous faites de la musique, je veux parler des maquis qui font partie du domaine du ministère de la Salubrité, à toute heure en nuisant à l’équilibre mental de vos voisins, en empêchant les autres de dormir et de se reposer, vous êtes passibles d’amende. Les Ivoiriens doivent comprendre que quand on vit en société, on ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi, n’importe comment et n’importe quand. Tout est régi par la loi. Nous avons l’obligation de savoir bien nous comporter. Nous osons croire que les Ivoiriens rentreront dans le nouveau moule avec des comportements citoyens et civiques. Nous pensons que la jeunesse, les femmes de Côte d’Ivoire souhaitent cet environnement propice pour leur évolution, à l’amélioration de leur condition de vie. Nous voulons faire en sorte que la question des ordures soit gérée sur une démarche qualité. On ne peut pas être opérateur du domaine et travailler de façon désordonnée. Le travail d’opérateurs dans ce secteur doit répondre à certaines normes. Aujourd’hui, nous avons besoin de professionnaliser ce secteur avec du matériel de pointe. Voici le nouveau défi des opérateurs. Nous rêvons tous d’une Côte d’Ivoire développée, prospère, c’est maintenant le temps de changement de nos comportements à tout point de vue. Les Ivoiriens changeront de comportement, ils s’inscriront dans notre démarche. Ils auront des réflexes nouveaux quant à la gestion des ordures qu’ils produisent à partir des ménages. Mais en même temps, l’opérateur chargé de la pré-collecte, de la collecte, de la gestion de ces ordures le fera, selon des normes, qui seront dictées par notre ministère.

LP : Les ordures seront-elles ramassées en plein jour ou la nuit ?
A-D.O. : Ce travail pour être efficace doit ce faire en pleine nuit. Parce que ces camions qui enlèvent des ordures en pleine journée, ne le font pas sans créer des nuisances au trafic. Leur travail est gêné dans son efficacité par le trafic des véhicules. Ceci ne peut pas permettre un travail efficient des opérateurs du secteur. Partout ailleurs dans le monde, les ordures sont enlevées la nuit. Pourquoi ferions-nous le contraire ? Nous créons nous-mêmes des conditions pour le faire de manière désordonnée et de manière inefficace. Nous sommes en pourparlers avec les populations du village d’Akouédo, qui ont beaucoup souffert. Elles ont été rassurées. Nous leur avons demandé avant la fermeture de la décharge d’aider l’Etat en acceptant d’accepter que les ordures pour le moment soient déposées chez elles. Nous prendrons des dispositions sécuritaires pour éviter le déversement d’autres produits que des ordures, comme ce fut le cas pour les déchets toxiques.

LP : Que prévoyez pour les restauratrices qui travaillent dans des conditions peu hygiéniques ?
A-D.O. : Tout ceci rentre dans le cadre du plan national de salubrité. Nous avons une brigade de salubrité qui existe au ministère. Cette brigade, qui malheureusement pour avoir dévié de ses objectifs premiers, a été dissoute, sera à nouveau opérationnelle. Nous pensons que dans quelques jours, elle sera réactivée pour permettre aux Ivoiriens de vivre dans un environnement sain.

LP : Qu’en est-il des sachets qui sont salissants et nuisibles pour l’environnement ?
A-D.O. : Je ne sais pas s’il faut interdire les sachets. Une véritable réflexion s’impose. Pour nous, tous ceux qui produisent ces sachets sont des pollueurs. Ces sachets sont à l’origine de beaucoup de dégâts qui sont causés aux canalisations, ils constituent des dangers pour la population parce qu’ils ne se dégradent pas. Nous envisageons une rencontre avec tous ceux qui produisent ces sachets, pour trouver une politique adaptée. Il faut que ces entreprises nous disent les dispositions qu’elles comptent prendre pour protéger les populations. Ces entreprises doivent nous aider à la réflexion, dans un premier temps. Si nous ne trouvons pas un terrain d’entente, nous serons obligés malheureusement de les empêcher de fabriquer les sachets. Dans des pays comme le Rwanda, les sachets tels qu’ils sont conçus ici sont interdits. Les sachets biodégradables sont recommandés. Toutes ces questions sont à l’étude. Il faut décider de quelque chose de façon consensuelle pour protéger l’environnement et le cadre de vie.

LP : Dans le cadre de « l’opération pays propre », quel appel avez- vous à lancer ?
A-D.O. : Je voudrais simplement dire aux Ivoiriens que nous avons aujourd’hui un grand Président à la tête d’un pays qui se veut grand, la Côte d’Ivoire. Il a promis changer la Côte d’Ivoire. Le changement passe nécessairement par le changement des comportements et de mentalités. La première chose que nous demandons aux Ivoiriens, c’est être propres, et de permettre que notre environnement soit propre. Nous devons contribuer à la propreté de notre pays, c’est cet effort que nous demandons aux Ivoiriens. Ce que nous voulons c’est un comportement civique, des actions civiques en faveur de la salubrité. Tout dépend de la salubrité : la santé des populations, le développement de notre pays. Lorsqu’on sort de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny, ce qui frappe, c’est l’image d’un pays sale. Et cette situation peut chasser les touristes, alors que la Côte d’Ivoire peut vivre également du tourisme. C’est pourquoi, nous invitons nos populations à intégrer dans leur comportement les questions de salubrité. Si nous avons un environnement sain, nos enfants feront de bonnes études. Ils seront également calmes et sereins, diront non à la violence. Dans cette dynamique de la réconciliation nationale, nous disons aux Ivoiriens : « si tu aimes ton pays, si tu aimes la Côte d’Ivoire sois propre».
Réalisée par Y. Sangaré
Coll : Thiery Latt
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