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Politique Publié le lundi 11 juillet 2011 | Soir Info

Situation sociopolitique et sécuritaire en Côte d’Ivoire - Des ex-Fds rompent le silence « Pourquoi nous n’avons pas combattu à Abidjan » « Ce que le président Ouattara doit éviter »

© Soir Info Par Prisca
Présidentielle - Sécurité : Redeploiement des FDS en zone CNO.
L`opération de redeploiement des FDS en zone cno pour la sécurisation du second tour des élections a demarré le lundi 22 novembre 2010.
Depuis le lundi 11 avril 2011, le régime en Côte d’Ivoire a changé au profit du Président Alassane Ouattara, à la suite d’une crise postélectorale d’environ cinq mois, qui a vu Laurent Gbagbo (président sortant) évincé et capturé par les Forces républicaine de Côte d’Ivoire (Frci). Du coup, le regard est tourné vers les ex-Forces de défense et de sécurité (Fds) qui « quadrillaient » la métropole abidjanaise. Ces dernières qui ont voulu rétablir la vérité se sont ouvertes à nous, par l’entremise d’une trentaine d’éléments issus de corps spécialisés. Leur porte-parole, un sergent-chef de Police d’une compagnie républicaine d’Abidjan, à qui nous avons attribué les initiales A.K., parle sans détour.
Vous n’avez pas résisté longtemps dans le combat d’Abidjan au point où l’ex-président Laurent Gbagbo a été capturé. N’est-ce pas ?
Sergent-chef A.K. : Laurent Gbagbo est un grand démocrate. C’est lui qui a lutté pour plusieurs réformes démocratiques en Côte d’Ivoire. Il faut le lui reconnaître. Mais là où nous éléments des Fds avons été déçus est que le président Gbagbo, grand opposant face à Houphouët-Boigny, connaissait très bien les problèmes des corps habillés que nous sommes.
Lesquels ?
Voyez-vous, les propriétaires de maisons nous refusaient les maisons tout simplement parce que l’Etat de Côte d’Ivoire ne payait pas les baux. S’il se trouve que l’élément est un policier, là c’est grave. Des personnes qui veillent nuits et jours sur la sécurité et les biens au moment où tout le monde dort avec sa famille, se débrouillent dans des studios ou même dans le salon de leurs parents. Autre problème, et sauf erreur de ma part, c’est qu’il y a sept promotions de policiers qui n’ont pas d’armes de dotation. Ecoutez, de vous à nous où se trouve l’autorité du policier ou des Fds sans armes ? La tenue seule ne peut rien faire devant un bandit. Les bandits qui savent très bien que nous manquons d’armes nous attaquent souvent et nous humilient.
Le président Gbagbo a pourtant instauré des primes de missions présidentielles pour vous permettre d’être à l’abri ?
Quand le président Gbagbo est arrivé nouvellement au pouvoir, nous avons fait des missions à Bondoukou et à Aboisso au cours desquelles les primes de 90.000 francs Cfa à 110.000 francs Cfa ont été payées à chaque élément. En dehors de ces cas, les autres missions, on nous tournait en bourrique avec des phrases du genre : « vous allez à une mission d’Etat », c’est-à-dire que nous travaillons comme d’habitude et nous ne devons rien attendre en retour. Sur le terrain, on nous brandit 2000 francs ou 3000 francs Cfa pour le repas. Pourtant, ceux qui se disent hauts gradés se mettent plein les poches avec des millions de francs Cfa des soldats et des sous-officiers. Nous avons vu dans ce pays ceux qui se disent gradés qui ont été les premiers à se planquer au premier coup de fusil. C’est nous soldats et sous-officiers qui avons combattu. Nous faisons beaucoup de sacrifices pour rien. Pour les rencontres sportives, on nous envoie sécuriser les stades sans rien ou quand il y a quelque- chose, c’est soit 1000 soit 2000 francs. Nous attendons deux à trois jours avant de les percevoir alors que nous avons été postés depuis 8h du matin sans nourriture jusqu’à 18h.
Tous les problèmes que vous évoquez sont compensés par l’avancement en grade dont vous bénéficiez avec les avantages qui s’ensuivent.
Il y a des personnes qui n’ont même pas le Cepe, mais parce qu’elles ont pris des armes, elles sont devenues des commandants dans ce pays. Nous avons cru que le président Gbagbo allait revoir les grades des soldats et sous-officiers pour ne pas faire des frustrations. Malheureusement, il nous a signifié que nous n’avons pas gagné la guerre. Mais ceux qui sont devenus commandants ont-ils gagné la guerre ? C’est nous qui avons défendu les institutions de ce pays.
Que devrait-il faire, selon vous ?
Il devrait faire d’un caporal, un caporal chef, d’un sergent, sergent chef, d’un sergent chef, un adjudant, d’un adjudant, adjudant-major. En 2010, deux promotions à la Police (promotion 2003-2004) au nombre d’environ 4000 policiers ont passé le test Bap 1 pour devenir sergent chef. 995 ont été retenus. Et les 3005 autres font quoi, après une guerre dans un pays ? Pourtant, le président Gbagbo a donné des étoiles de plus aux généraux qui, pour la plupart, n’ont rien fait. C’est une grande frustration pour nous car c’est nous qui faisons le gros du boulot. Il savait cela mais, il ne disait rien. C’est pour toutes ces injustices que lorsque la crise postélectorale a éclaté, c’est-à-dire la 2ème phase de la guerre, ce qu’on a appelé « la bataille d’Abidjan », la plupart des éléments des Fds qui en avaient gros sur le cœur ont été clair : pourquoi aller nous faire tuer, alors que des généraux qui ont reçu des étoiles, de gros salaires, qui possèdent des maisons cossues et de grandes plantations se cachent.
Aujourd’hui, c’est le président Alassane Ouattara qui incarne la République de Côte d’Ivoire. Etes-vous prêts à travailler avec lui ?
Il doit savoir que nous sommes des corps habillés. Notre premier rôle est de défendre et protéger les institutions et ceux qui les incarnent. Nous sommes des fonctionnaires de l’Etat, donc nous servons le pays et non les hommes. Lorsqu’il était premier ministre sous Houphouët-Boigny et que le Front populaire ivoirien (Fpi) a organisé la marche du 18 février 1992, il a compté sur nous pour maintenir l’ordre. Aujourd’hui, certains de nos collègues sont encore cachés, dans des campements, dans des villages ou mis aux arrêts quand d’autres ont été tués. Nous qui vous parlons n’avons plus rien : ni treillis, ni armes encore moins des véhicules. Ce sont les Frci qui sont équipées. Il doit avoir confiance en nous. Si le président Ouattara ne veut plus le nom Fds qu’il choisisse un autre nom car Frci ne passe pas chez nous tout comme dans l’opinion. Lorsque nous regardons ou écoutons les chaînes internationales, les gens les assimilent aux pro-Ouattara. Cela signifie tout simplement une armée privée du président Ouattara. Ce nom Frci ne peut pas être attribué à une institution importante qu’est l’armée. Aujourd’hui (jeudi 7 juillet 2010), tous les fonctionnaires de Côte d’Ivoire ont reçu leur salaire sauf nous. Celui qui est malade ou si un membre de sa famille tombe malade, il fait quoi ? C’est du jamais vu dans ce pays. Notre salaire se paye de la main à la main. Et si des bandits nous agressent, nous faisons comment ?
Que conseillez-vous au président Ouattara en tant que forces de l’ordre ?
Il faut qu’il libère nos collègues emprisonnés. Il doit également régler définitivement le problème des baux comme lui-même l’avait promis au cours du débat télévisé (face-à-face) avec Gbagbo. Il doit savoir qu’il est le président de tous les Ivoiriens. C’est le chef du village ivoire. C’est pourquoi il doit pardonner. Nous lui souhaitons bonne chance.
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