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Économie Publié le mardi 12 juillet 2011 | Soir Info

Visite de François Fillon en Côte d`Ivoire - Au moins 100 chefs d`entreprises français annoncés - Ce qui se prépare

Le 14 juillet, François Filion sera à Abidjan pour s'entretenir avec Alassane Ouattara. Dans les bagages du Premier ministre, une centaine d'entreprises attirées par la reconstruction et la relance de l'économie du pays.

L'avenir est prometteur. « La France se portait bien en Côte d'Ivoire sous Gbagbo, avec Ouattara ce pourrait être 1'extase pour les 200 filiales de groupes français exerçant à Abidjan, elles ne subiront plus de pressions. C'est une nouvelle ère qui s'ouvre », lance un industriel français du BTP, présent dans le pays depuis trente ans.
La preuve de ce renouveau ? Apaisé, 1'axe Paris?-Abidjan attire déjà de nouveaux venus. Depuis mai, Carrefour et Auchan prospectent le marché. La chaîne de restaurants Hippopotamus a ouvert sa première franchise le 16 juin (3 millions d' euros). Et sa maison mère, le groupe Flo, envisage l' ouver?ture pro chaine d'une brasserie Flo, avec 1'aide du promoteur franco-ivoirien Jihad Badreddine.
Et ça n'est pas fini. Car, pour écrire les prochai?nes lignes de ces pages si alléchantes, le Premier ministre français en personne, François Filion, s'envolera après le traditionnel défilé du 14 Juillet sur les Champs-Elysées, à Paris, pour une visite officielle de vingt -quatre heures à Abidjan. Avec lui, une délégation d'une centaine de chefs d'en?treprise, conduits par Patrick Lucas, président du comité Afrique du Medef, la principale organisation patronale française. Outre la date, la logistique déployée par Paris témoigne de l'importance stratégique de ce séjour. « Trois Airbus ont été mobilises. Ce voyage coutera plus de 200 000 euros au gouvernement français », indique une source diplomatique française à Abidjan.
Le Premier ministre focalisera sa visite sur le business et les relations d'affaires. A son agenda, une audience avec Alassane Dramane Ouattara (ADO). François Fillon n'arrive pas les mains vides. En plus du prêt de 400 millions d'euros accordé fin avril à Abidjan pour faire face aux besoins d'urgence (notamment le paiement des fonctionnaires), le Premier ministre annoncera la transformation de plus de 2 milliards d'euros de la dette bilatérale avec le pays en contrat de désendettement et de développement. Cette ini?tiative permettra de convertir un tiers de la dette (environ 760 millions d'euros) pour financer des projets prioritaires de reconstruction. Un geste qui doit, cela va de soi, profiter en priorité aux entreprises françaises.
Impatience. Ces dernières, grâce a ce rendez-vous officiel, comptent bien se mettre en ordre de bataille en prévision du plan d'investissement de plus de 10 milliards d'euros que le gouvernement ivoirien doit lancer après les législatives, prévues avant la fin de l'année. Des investissements dans l'énergie, les infrastructures (routes, ponts, écoles, hôpitaux ... ) et le social (mise en place d'une assurance maladie) en sont les priorités.
Très impatients, plusieurs patrons français ont déjà fait le voyage à Abidjan depuis la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril, pour débloquer des investissements en suspens Olivier Bouygues, Directeur général délégué du groupe Bouygues, déjà reçu deux fois par ADO (le 11 mai et le 23 juin), a annoncé la relance de l'exploitation du gaz par sa filiale Foxtrot. Le groupe s'active aussi pour démarrer les travaux de construction du troisième pont Marcory-Riviera à Abidjan. Le projet (255 millions d'euros) est en bonne voie, avec le décaissement de 45 millions d'euros par la Banque africaine de développement.
Bloqué pour l'instant, le projet d'aéroport inter?national de San Pédro est promis à Bouygues, Vinci et Fougerolle pour le gros œuvre, et à Aéroports de Paris pour l'exploitation - un investissement de 185 millions d'euros financé par ... la Deutsche Bank. Vinci s'affaire aussi auprès de l'architecte Pierre Fakhoury pour qu'il participe aux chantiers de transfert de la capitale politique d'Abidjan à Yamoussoukro.
A la mi-juin, l'homme d'affaires franco-ivoi?rien Roger Abinader a présenté aux autorités ivoiriennes Stephane Charriau, directeur ener?gie pour l'Afrique du groupe Alstom. Celui-ci a été reçu par Ie ministre de l'Energie, Adama Toungara, avant de s'entretenir au téléphone avec Philippe Serey-Eiffel (lire page suivante), conseiller spécial d'ADO chargé des questions économiques et des infrastructures. Objectif: relancer les projets d'extension des centrales thermiques d'Azito et de Ciprel4, a Vridi. Alstom est bien placé aussi pour reprendre au chinois Sinohydro Ie projet de construction du barrage de Soubré (plus de 300 millions d'euros). « La priorite du président est de combler le déficit de la production d'énergie », confie un proche collaborateur du chef de l'Etat ivoirien.
Poids lourds. Les entreprises françaises se sentent (trop ?) en confiance. Le principe de compétition entre les sociétés étrangères, instauré par Laurent Gbagbo pour diversifier l'origine des investisseurs et réduire l'influence française dans le pays, s'est révélé peu efficace, mais cette mesure a tout de même eu un impact psycholo?gique, en créant un climat d'incertitude autour des entreprises hexagonales.
Bien sûr, la percée de nouveaux investisseurs, notamment chinois, a fait reculer la part de marche de la France, passée de 12 % à 9,8 % entre 2009 et 2010. Toutefois, elle demeure le deuxième partenaire commercial du pays... Selon une note de la mission économique de l'ambassade de France à Abidjan, les échanges bilatéraux entre Paris et Abidjan ont atteint 1,4 milliard d'euros en 2010. Un record. Durant les années fastes d'avant la crise, ils plafonnaient à 700 millions d'euros. A elles seules, les entreprises franc;aises (600 PME sont présentes à côté des grands groupes) génèrent plus de 50 % des recettes fiscales, estimées à plus de 2,3 milliards d'euros en 2011.

Les groupes hexagonaux ont les yeux rivés sur le vaste projet de privatisation voulu par Ouattara.

D'autres poids lourds français attestent de cette forte présence. Société générale et HNP Paribas, qui se partagent 35 % du marché bancaire ivoi?rien, ont eu la confirmation qu'ils pourraient continuer à héberger les comptes des grandes entreprises publiques du pays ainsi que ceux d'environ 100000 fonctionnaires, soit les deux tiers de la fonction publique. De même, Bollore et Bouygues dominent le business sur les bords de la lagune Ebrié. La filiale ivoirienne de Bolloré Africa Logistics est le premier investisseur privé.
Sur le port d'Abidjan, elle prépare la relance de son plan de développement du terminal à conteneurs (75 millions d'euros) et prévoit 285 millions d'euros d'investissements sur vingt ans pour faire repartir sa filiale Sitarail (transport ferroviaire). Mais les Total, CFAO et autres Accor ont avant tout les yeux rivés sur le vaste projet de privatisation ou de redistribution des cartes dans le secteur public. Le chef de 1'Etat a demandé 1'audit de 43 entreprises publiques (Société ivoirienne de raffinage [SIR], Banque nationale d'investissement, Versus Bank ... ), et une partie d'entre elles, pourraient être privatisées. Déjà, Sonangol est prié d'abandonner ses 22 % dans le capital de la SIR. Officiellement, le groupe angolais est évincé pour ne pas avoir tenu ses promesses d'investissement d'en?viron 140 millions d' euros - et non à cause du soutien de son pays à Laurent Gbagbo... Les opportunités s'annoncent très lucratives. A commencer pour les groupes français ? Pas si sûr. Des pressions encore amicales sont exercées sur le pouvoir ivoirien par les bailleurs de fonds internationaux, notamment la Banque mondiale, pour l'inciter à lancer des appels d'offres pour plus de transparence. Reste à voir ou se situera la ligne jaune.

Source : Jeune Afrique
N.B.: Les titres sont de la Rédaction
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