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Société Publié le mercredi 13 juillet 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Transport routier / Axe Abidjan-Odienné, 27 heures de racket et de tracasseries des FRCI

© L’intelligent d’Abidjan Par Emma
Opérations de pacification: patrouilles des Forces républicaines (Frci) dans les rues d`Abidjan
Mercredi 13 avril 2011. Abidjan.
Les usagers de la route mettent plus de 24 heures soit plus d’un jour pour rallier 950 Kilomètre entre Abidjan et Odienné. Au cœur de ce voyage, le racket et les tracasseries routières battent leur plein. Plus de cent mille F CFA de frais de route par car et par jour, des tracasseries à n'en point finir, pour près de deux jours de trajet Voyager sur cet axe est un véritable parcours du combattant. En dépit de la levée de certains barrages ‘’sauvages’’, le calvaire demeure. Reportage…

Lundi 27 juin 2011. Il est exactement 7h 37 mn quand le car de la compagnie GTI que nous empruntons ce jour, quitte la nouvelle gare d'Adjamé, en direction d'Odienné. Une dizaine de minutes après, à une station d’essence, le convoyeur demande aux passagers de s’approvisionner en denrée alimentaire. Car dit-il : « On en a pour deux jours, tout simplement parce que nous perdrons beaucoup de temps en route du fait des multiples barrages et du racket des forces de l’ordre. Ayez donc de quoi à manger et à boire». Ses propos vont se confirmer déjà au premier point de contrôle de Gesco à la sortie d’Abidjan. A ce corridor où vont se présenter à nous les prémices d'un trajet particulièrement long et désagréable relatif au racket, nous allons passer près d’une heure. Juste après le contrôle des agents de police très heureux d’avoir saisi des «sans papiers», qui seront systématiquement rackettés à hauteur de 1000 F Cfa par personne, leurs frères d’armes de la section ‘’Anti Drogue’’ de la gendarmerie nationale montent à bord du car et ordonnent de décharger tous les bagages pour une fouille.

des Contrôles tatillons pour contraindre
le chauffeur à mettre
la main à la poche
Ici, l’objectif est clair : menacer de décharger un car de tout son contenu pour contraindre le chauffeur à mettre la main à la poche. L’astuce est perçue. Mais, le convoyeur laisse faire. Avant de céder avec 2000 F Cfa au bout de vingt (20) minutes de contrôles-tatillons. Ce butin ne va pas contenter tous les agents.

Une demi-heure
de perdu pour
des excitants sexuels…
Ainsi, la fouille va-t-elle se poursuivre jusqu’à tomber sur un lot de médicaments dans un sac de voyage. Pour ce ‘’jackpot’’ contenant des excitants sexuels de produits chinois, de quoi faire monter les enchères, les négociations traînent. Finalement, il faudra attendre l’arrivée des agents du service Bagages de la compagnie, pour que le car puisse poursuivre sa route et atteindre N’Douci deux heures plus tard. Avant d’y arriver, le convoyeur a laissé 7000 F Cfa sur l’ensemble des check-points des forces de l’ordre érigés de Gesco à N’Douci, dont six barrages fixes du peloton mobile de la gendarmerie et le corridor des FRCI basées à N’Douci. De cette localité à Gagnoa, nous avons eu à franchir onze (11) barrages dont les plus durs sont ceux de Tiassalé, de Divo et celui placé à l’entrée de Gagnoa où les Frci se sont donné à cœur joie au racket à raison de 2000 F Cfa, pour faire lever les herses qui barrent la route. A mi-parcours, l’on relève qu’hormis le corridor de Gesco, aucune pièce de passager n’a été contrôlée. A la satisfaction des « sans papiers » qui priaient Dieu. Ont-ils été entendus par le Seigneur ? Certainement, puisque du corridor de sortie d'Issia où les Frci ont exigé au chauffeur la prise d’un laissez-passer à 3.000 FCFA alors qu’il en avait déjà pris au même tarif à Gagnoa, soit à moins de 80 km à Duékoué. Pour une distance de 96 km, aucune pièce n’a été réclamée aux passagers. Ce qui intéressait les FRCI postées aux barrages ‘’sauvages’’ de Guibéroua, de Godoguhé, de Guessaho ou de Dibobly était le droit de traverse. Ce qu’ils ont pris sans gène. Si le montant des droits de traverse qui oscille entre 1000 F et 3000 F Cfa paraissait acceptable aux check-points traversés jusque-là, c’est au corridor de Duekoué que le prix du racket a suscité une grogne du convoyeur. A ce corridor, les hommes du Commandant Konda (Koné Daouda) marquent leur territoire avec un laissez-passer à l’entrée, à hauteur de 5000 FCFA et un autre ticket dit, de sécurité à la sortie qui s’arrache à 1000 F. A ce niveau, les véhicules de transport sont alignés. Tous refusent de mettre la main à la poche. Après plusieurs tractations, chaque transporteur laisse 3000 F. Et parvient ainsi, à traverser la ville de Duékoué et se lancer sur la route pour Logoualé, où il faut prendre un laissez-passer à 15.000 FCFA. Sur ce ticket, il est mentionné : «Forces Nouvelles de Côte d'Ivoire : Laissez-passer marchandises ». Pour ce document en désuétude et d'une nullité institutionnelle, point de possibilité de négociation. La règle, c’est de payer et de passer. Dans le cas contraire, le trajet se fait en sens inverse. C’est après s’être acquitté de cet autre droit, le plus élevé sur l’axe, que dans la nuit tombante, le car a pu poursuivre sa route vers Odienné. De Man à Odienné, le parcours est parsemé de douze autres barrages traversant les villes de Biankouma et de Touba. Partis d'Abidjan à 7h 37 le lundi 27 juin, ce n'est que le lendemain mardi 28 juin 2011 à 10 h du matin, que nous rentrerons dans la ville d'Odienné où le fait notable, est que le commandant Ousmane Coulibaly dit Ben Laden avait supprimé le droit de traverse. Au total, nous avons effectué 27 heures de route parsemées de 36 ‘’poches’’ de racket. Le véhicule n’a été retenu à aucun point de contrôle pour défaut de pièces requises. Mais, il a fallu mettre la main à la poche à tous les postes de contrôle pour passer. Ce qui a coûté au convoyeur la somme de 111.000 F Cfa. La note a été salée au départ. Mais, au retour, le vendredi 1er juillet, nous avons constaté que plusieurs barrages ‘’sauvages’’, véritables nids de racket, avaient été levés par la mission de démantèlement pilotée par le colonel Soumahoro Gaoussou. Toutefois, certains contrôles étaient toujours de mise pour contraindre les chauffeurs à mettre la main à la poche.

Les transporteurs
en colère :
«Nous ne sommes pas
les employeurs des FRCI»
D’où cet appel du Président du Groupement d’intérêt économique des Propriétaires de cars et d’auto-cars de transports de Côte d’Ivoire M. Almamy Touré : « Les barrages nous pénalisent car ils affectent la qualité de nos prestations. Les passagers sont par exemple épuisés pendant les voyages. Chaque usager de la route paie d’une manière ou une autre, le racket. C’est une gangrène qui dégrade l’environnement économique. Sur l’axe Abidjan-Odienné, nous payons pratiquement 240.000 F Cfa par voyage en l’aller et retour. Nous ne comprenons pas qu’avec l’avènement des FRCI, nous devons toujours payer, à des barrages, des tickets pour passer d’une ville à une autre. Il est dès lors, évident que nous faisons des voyages à perte pour donner de l’argent à des gens dont nous ne sommes pas les employeurs. L’aspect sécuritaire ne doit pas être un alibi pour nous prendre de l’argent. Il faut dissocier la sécurité du contrôle routier. Nous suggérons, à cet effet, qu’il y ait un contrôle unique, soit dans les gares, soit à un point de départ où tous les corps armés vont faire leur travail, délivrer un rapport et mettre les coffres sous scellés. En temps normal, Abidjan-Odienné, c’est dix à douze heures de route. Il faut revenir à cela et rompre avec cette image de racket qui n’honore ni notre pays ni nos institutions et leurs chefs ».
Réalisé par M Tié Traoré, envoyé spécial
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