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Politique Publié le mercredi 13 juillet 2011 | Le Nouveau Réveil

Babacar Justin N`diaye (politologue) à propos de la démission du président par intérim du Fpi : “Mamadou Koulibaly a agi comme un calculateur”, “Ce sont les premiers signes que le Fpi va s`évaporer”, “Si Mamadou Koulibaly veut être conséquent, il doit démissionner de l`Assemblée nationale”

Le politologue Babacar Justin N'diaye était l'invité de la rédaction de Onuci-fm où il a porté un jugement sur la démission de Mamadou Koulibaly, ex-président par intérim du Fpi de ce parti.

Quel regard portez-vous sur la démission du président par intérim du Fpi, Mamadou Koulibaly ?
Il faut dire que les observateurs s'attendaient à une recomposition de l'échiquier politique ivoirien au lendemain de la chute de Laurent Gbagbo. Donc de la déstructuration de son parti. Ce qui est un peu dommage dans cette affaire, c'est que quelque soit ce qu'il puisse donner comme explication, Mamadou Koulibaly aura toujours l'air d'un opportuniste. C'est dire que sous le régime Gbagbo, même s'il n'était pas excité, il était catalogué comme extrémiste. Et aujourd'hui voilà que cet homme tombe d'un extrême dans un autre en quittant ce parti au moment des épreuves, emprisonnements, des jugements et des futures condamnations. Autrement dit, Mamadou Koulibaly a agi un peu comme un calculateur et ses adversaires ne manqueront pas de le stigmatiser comme tel.

Il donne ses raisons : " C'est pour faire avancer les idées auxquelles je crois que j'ai pris la décision. "
C'est l'argument qu'on est obligé de servir à l'opinion. On a toujours besoin d'explication et de justification. Mais ce qui est sûr, c'est sa carrière éloquente. Alors lui, un homme du nord, un universitaire, s'il a pu aller aussi loin dans le système Gbagbo qui n'était pas du tout démocratique mais particulièrement totalitaire (tout le monde sait que le régime du Fpi procédait plus ou moins de façon totalitaire avec des extrémistes aux commandes. Les gens diront qu'il a le souci de rebondir, de refaire carrière et que par conséquent il n'est pas un homme de conviction mais de carrière. Dans le pire des cas, on pourrait le considérer comme une sorte de sous marin du président Ouattara. L'échiquier politique ivoirien est en recomposition. Le président Ouattara a besoin d'une opposition de sa majesté. C'est-à-dire que Mamadou Koulibaly ne sera pas l'opposant à Ouattara mais l'opposant de Ouattara. Voyez la nuance. Cette affaire sera mal appréciée par l'opinion ivoirienne. Alcide Djédjé aurait fait cela, son profil de diplomate aurait été plus accepté pour ce genre de rebondissement mais lui, président de l'Assemblée nationale, proche de Simone Gbagbo. Dans le système Gbagbo, si on a été le N° 2 au plan constitutionnel c'est-à-dire président de l'Assemblée nationale et intérimaire du président de la République, c'est qu'on avait donné des gages d'engagement profond au couple Gbagbo.

Avec son départ, quelle suite pourrait-on réserver au Front populaire ivoirien ?
Ce sont les 1ers signes. C'est-à-dire que le Fpi va s'évaporer et déjà on voit des dislocations. Et ce qui faisait sa force, c'est ce qui fait aujourd'hui sa faiblesse. C'est-à-dire le Fpi était un parti au pouvoir, un parti d'un homme assez emblématique, Laurent Gbagbo des années 70-80-90, l'un des pionniers de la démocratie ivoirienne (même si les choses ont pris une tournure pour ne plus être démocratique du point de vue du fonctionnement de son parti comme du point de vue de la gestion des affaires de l'Etat) mais l'histoire retiendra qu'il a été le 1er opposant de Félix Houphouët Boigny. Et que quelque part, il n'a pas été étranger à la démocratisation de la vie politique ivoirienne.

Pensez-vous que son carma et son rang politique peuvent rehausser son nouveau parti ''Liberté et démocratie pour la République'' (Lider) ?
Il aura du mal à donner de l'envergure, de l'audience à ce parti pour des raisons que vous devinez. D'abord, il quitte le Fpi où il était l'un des responsables. Ca pose un problème au niveau des esprits. Deuxièmement, il est musulman du nord. Les gens penseront à tort ou à raison qu'il est en service commandé pour le camp Ouattara. On ne dira pas que c'est un nordiste qui vient de rejoindre le nord au près d'un nordiste après avoir fait carrière chez les autres. Ce sont des clichés. La réalité est plus complexe mais malheureusement, les clichés et les préjugés ont la peau dure. Les gens penseront toujours comme tel. Et son parti sera considéré comme une sorte de succursale du Rdr. C'est dommage. Par conséquent, il aura du mal à s'implanter hors d'Abidjan. Car Abidjan est une ville cosmopolite donc tout le monde peut avoir quelques militants mais son parti aura simplement une implantation régionale, provinciale pour ne pas dire sous -préfectorale.

Sa démarche est un acte politique mais est-ce que cette démission n'est pas un peu tardive ?
Oui. Elle est un peu tardive. Mais on peut faire une lecture un peu optimiste. En disant que puisque la vie politique doit continuer, alors, il faut qu'on recompose, qu'on restructure et qu'on réajuste. Par conséquent, ça peut être aussi le signe d'une certaine vitalité démocratique de la Côte d'ivoire en renaissance. Donc on peut faire une lecture la plus pessimiste comme la plus optimiste. Mais encore une fois, ça coince au niveau de la personne. Il a eu une carrière remarquable dans le système Gbagbo. Ca, on ne l'oublie pas.

Tout de même, il n'a pas démissionné de l'assemblée nationale. Est-ce une stratégie politique ?
Puisque l'Assemblée nationale n'est pas dissoute, il peut prendre ce prétexte pour ne pas démissionner. Mais vous voyez bien, ils ont posé la question. Parce que dans des situations pareilles, on doit en tirer les conséquences. Il a été élu sur la liste Fpi. Et s'il a été président de l'Assemblée nationale, c'est par ce qu'il a été porté au perchoir par le groupe Fpi. Donc c'est autant de choses qui font que s'il veut être conséquent avec lui-même, s'il veut convaincre, s'il veut être crédible, il doit effectivement démissionner. Si non, il va apparaître comme un parasite et se faire couper le cordon ombilical.

A votre avis, quelle opposition faut-il à la Côte d'Ivoire ?
La Côte d'Ivoire a besoin de tout à la fois. Une opposition, elle surgira du champ de la réconciliation nationale.

Propos retranscrits
par François Bécanthy
Source : Onuci-fm
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