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Art et Culture Publié le samedi 16 juillet 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Yao Ouattara Joachim, Journaliste , Acteur, Réalisateur et Dramaturge : ‘’J’ai appris beaucoup de choses avec les sages Mahou, Djimini, Tagbana’’

Yao Ouattara Joachim, est un professionnel du cinéma, de la télévision, des danses et de théâtre. Yao Ouattara Joachim, est un homme très cultivé. De ses 33 ans de métier, il ne retient que deux choses : le cinéma Ivoirien qui meurt, sans un regard profond de l’Etat de Côte d’Ivoire d’une part. Et d’autre part, la réputation de rigueur et de sincérité de Mamadou Ben Soumahoro, son ancien patron de la télévision ivoirienne, que Yao Ouattara Joachim respecte dans la fermeté professionnelle…et de caractère. Interview.

Qui est Yao Ouattara Joachim ?
Je suis né à Katiola, dans le village de Nandjeplekaha. En 1958, c’est l’école primaire publique de Dabakala qui m’accueille. Puis la mission catholique de Katiola. Pour mes études secondaires, je suis inscrit au collège moderne Seyni Fofana à Adjamé, Abidjan. Et l’école nationale supérieure des beaux Arts, section dessin et sculpture, sera la première étape de ma carrière professionnelle, avant ‘’d’atterrir ‘’ au conservatoire national de l’Institut national des arts. Là, je fais musique et danse, en passant par le piano et le violon. Je rejoins ensuite Souleymane Koly à l’école nationale supérieur des arts et tradition populaires.

Pourquoi le nom Yao pour un Sénoufo ?
Ce n’est pas une histoire drôle. Je m’appelle bel et bien ‘’Yao’’ même si, je n’ai aucun parent baoulé. Mais, l’histoire de ‘’Yao’’ est vraie. Tenez-vous bien. Mon grand frère s’appelait Myha Kouassi. Mon père s’appelait René Ouattara, et il avait pour ami, un médecin africain, au nom de Yao Lucien. A ma naissance, mon père ajoutera ‘’Yao’’ à mon nom Ouattara, en hommage à son ami personnel Yao Lucien, grand médecin africain, pour sa sincérité et son honnêteté pour la famille.

Comment êtes- vous venu au cinéma ?
Du ministère de la Culture, où j’exerçais déjà, je pars pour le studio Ecole de la Radio Télévision ivoirienne de 1977 à 1979. J’avais opté pour la décoration parce que j’ai été enseigné par de grands professeurs comme Samir Zarou, ou Delatre. Finalement, j’ai choisi la production, mais spécialisé en documentaire et cinéma, surtout les courts-métrages. C’est bien dans ce domaine, que j’allais «m’exploser», avec des documentaires, sur l’origine des Djimini. Sans oublier l’important documentaire que j’ai réalisé sur le rôle des pompiers dans les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire.

Pouvez-vous revenir sur votre histoire du film « Djéli » de Kramo Fadiga ?
C’est en 1979, que j’ai rencontré Kramo Fadiga. «Djeli» est une histoire de griot et de noble dans le Mandingue. Une «affaire» de caste, où un homme griot, ne peut épouser une femme noble. J’étais l’acteur principal de « Djeli », en compagnie d’autres acteurs talentueux : Fatou Ouattara, N’gouan Kouakou, Kouassi Blaise, Lacostre, Anne Nouri, Daouda. « Djeli » a été un succès.

Le cinéma, le théâtre, quel est votre vrai travail ?
Je suis agent de l’Etat, fonctionnaire à la Radio Télévision Ivoirienne. Mais, je suis un homme de culture. Théâtre, danse, cinéma, je peux tout faire. J’ai travaillé avec Porquet Niangoran, avec le « Petit Théâtre d’Adjamé » dans « Makakoumani » qui veut dire en langue Tagbana : savoir se maîtriser…la vie n’est pas un combat… Mais un jeu, qu’il faut pratiquer avec humilité.
Au temps du ministre Jules Hié Nea, nous formons le ballet National pour une tournée européenne. Je fais partie du dictionnaire Borman, en compagnie de tous les grands hommes de la région de Katiola, dont le général Ouattara Thomas D’Acquin.

N’êtes vous pas inquiet qu’on ne parle plus de cinéma ivoirien?
En tout cas, je ne suis pas satisfait de l’état actuel des lieux, du cinéma ivoirien : pas d’organisation, pas de salle. Je me promène depuis 2002, avec un film sur le bras. C’est dommage, que les anciens et professionnels du cinéma Ivoirien comme Gnoan M’Balla, Désiré Ecaré, Kitia Touré, Kramo Fatiga, Timité Bassori, n’aient jamais été approchés ou consultés par les ministres de la culture ivoirienne. Généralement, le cinéma a un code et il faut le confier aux professionnels. Il y a le langage, la technique. Je vais vous dire, que le cinéma ivoirien existe. Nous avons des idées, mais l’Etat fait quoi ? « Djéli » dont je suis acteur principal, a été projeté au centre Georges Pompidou, en France. C’est parce que le film africain est meilleur, avec de bons critiques d’art cinéma…comme le malien Souleymane Cissé (Finyé)… L’ivoirien Kitia Touré, dans ‘’La comédie exotique’’.

Quelle était la particularité du film « Djéli » et celle qui te liait à Fadiga Kramo ?
J’ai une formation de tradition populaire. Et Fadiga, avait de très bonnes idées dans ce domaine. Fadiga et moi, avions décidé de faire de « Djéli », un film, loin du concept occidental. En Côte d’Ivoire, la tradition existe. Et dans ce domaine, il faut compter avec Gnoan M’Balla, un grand homme de culture et d’esprit.

33 ans de présence à la télévision ivoirienne, qu’est-ce qui vous lie particulièrement à ce média d’Etat ?
Travailler à la télévision est une passion pour moi. Je ne suis pas à la télévision pour être chef. Je fais simplement mon métier d’homme de média et c’est très passionnant. C’est pourquoi, je garde toujours de bons souvenirs de Mamadou Ben Soumahoro, ancien directeur de la télévision ivoirienne, pour son honnêteté professionnelle. Et, il avait du respect pour ses collaborateurs. Mamadou Ben Soumahoro ne m’a jamais appellé Ouattara Joachim. Mais Yao…Tout court.

Quel regard portez-vous sur l’actualité politique aujourd’hui en côte d’Ivoire ?
Je suis déçu de tout ce qui se passe aujourd’hui. Depuis 1999, j’avais bien compris que la Côte d’Ivoire allait basculer. Mais, il est nécessaire de s’accuser mutuellement. Tous les Ivoiriens sont responsables de ce qui arrive à leur pays. Il faut changer de mentalité et s’imprégner des vraies valeurs morales. Se parler et s’aimer.

Comment étiez-vous quand vous étiez enfant ?
J’étais très éveillé, adopté par les prêtes. J’étais enfant de cœur et baptisé en 1958 à Boniérédougou. J’ai aimé la tradition et j’ai appris beaucoup de choses en compagnie des sages Djimini, Mahou, Tagbana.

Quel est l’acteur de cinéma et de théâtre qui vous a marqué en Europe et en Afrique ?
Pour le cinéma en Europe, c’est Jean-Paul Belmondo. Il est naturel et entre facilement dans le rôle. En Côte d’Ivoire, il y a Timité Bassori, plus comédien que réalisateur. Natou Koly, belle et photogénique. Bienvenu Neba …il est très bon. En Afrique, je préfère le malien Sory Sotigui

Encore des projets pour votre carrière ?
J’ai actuellement en boîte, un film documentaire de 90 minutes sur l’actualité politique ivoirienne actuelle, sur fond de comédie musicale, de chants et de danses traditionnelles.

Yao Ouattara Joachim est-il marié ?
Je suis bel et bien marié…et légalement. Date : le 7 Août 1988

Y a-t-il des traits de culture entre vous et votre femme ?
Ma femme est Sénoufo, Gnaraforo de Ferkéssédougou. Et moi, je suis Tagbana de Katiola.

Réalisée par Ben Ismaël
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