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Société Publié le samedi 16 juillet 2011 | Le Patriote

Entretien / Dr. Cheick Diop (Avocats Sans Frontières) - “La réconciliation n`est pas synonyme d`impunité”

L'association Avocats Sans Frontières, section Côte d'Ivoire (ASF-CI), lancera officiellement ses activités lundi. Dans cet entretien, son président, Dr Cheick Diop dévoile les défis que cette association ambitionne de relever. Aussi jette t-il un regard sur le processus de réconciliation qui, pour lui, ne peut aboutir sans justice.
Le Patriote : Qu'est-ce qui a motivé la création de la section ivoirienne d'Avocats Sans Frontières ?
Dr. Cheick Diop : L'avocat est porteur d'un idéal et même dépositaire de cet idéal. Et en cela, Avocats Sans Frontières a voulu accompagner ce modèle démocratique naissant, ce modèle nouveau en installant une antenne en Côte d'Ivoire.

LP : Quelle sera justement sa mission ?
Dr. CD : Sa mission sera typiquement axée sur la justice, qui est un élément essentiel des Droits de l'homme. Elle s'attèlera surtout à favoriser l'accès à la justice.

LP : Comment cela se traduira t-il concrètement sur le terrain ?
Dr. CD : Sur le terrain, il y a plusieurs volets d'accès à la justice. Nous commencerons par une sensibilisation des citoyens sur leurs droits et devoirs. Il y a aussi l'approche des autorités afin d'améliorer des infrastructures en ce qui concerne cette justice. Parce qu'en Côte d'Ivoire pour 20 millions d'habitants, nous n'avons que neuf tribunaux de Première instance fonctionnels. C'est inadmissible. Nous n'avons que trois Cours d'appel. C'est inadmissible, rien n'a bougé depuis les indépendances. Notre objectif est de faire en sorte que le citoyen soit à proximité de ces juridictions, et aussi d'œuvrer à leur fonctionnement rapidement. C'est ce que l'on appelle avoir des décisions rapides. Il faudrait que les citoyens soient jugés dans un délai court. Il faudrait que la justice soit au cœur de nos préoccupations. Parce que lorsqu'il n'y a pas de justice, c'est la guerre. Cet accès dont nous parlons va aussi en direction des plus démunis. Nous attendons que l'on améliore ou l'on réévalue l'unité de valeur relativement à l'aide juridictionnelle que l'Etat apporte. Que l'on baisse les conditions tarifaires pour que beaucoup de personnes en profitent. Nous nous sommes engagés à approcher les pouvoirs publics pour plaider la réduction du taux de la TVA sur les prestations juridiques. Celui qui saisit la justice ne le fait pas par envie, c'est parce qu'il est obligé. L'Etat devrait donc faire un effort pour baisser ce taux en ce qui concerne les personnes physiques à 5,5%. Il est de 19%. C'est énorme. Lorsqu'une personne qui ne rentre pas dans le cadre de l'aide juridictionnelle, doit payer un million à un avocat, elle paie 1million et 180 mille que l'avocat reverse l'Etat. Cela constitue, quand on sait que les populations sont démunies, un obstacle à l'accès à la justice. Cela dit, hormis l'aide juridictionnelle, l'association Avocats Sans Frontières se charge d'aller défendre gratuitement les plus faibles.

LP : En clair, vous voulez agir un peu comme Médecins Sans Frontières…
Dr. CD : Absolument. C'est exactement calqué sur le modèle de Médecins Sans Frontières. Nous allons protéger ou du moins, nous permettrons aux plus faibles de bénéficier du droit. D'ailleurs, comme le fait remarquer notre prospectus, nous disons que même les faibles ont droit au Droit. Même quand ils n'auront pas les moyens, nous serons là pour les aider.

LP : Beaucoup de crimes ont été commis durant la crise postélectorale. Comment comptez-vous contribuer à la manifestation de la vérité quand on sait que ce sont justement les démunis qui ont payé un lourd tribut à cette crise ?
Dr. CD : Vous faites bien de revenir là-dessus. Avant le lancement officiel de cette association, j'avais pris personnellement sur moi la responsabilité de véhiculer l'information autour de moi. Que ceux qui n'ont pas les moyens viennent déposer à mon cabinet, des justificatifs et quand ils n'en ont pas, je leur indique la voie à suivre pour constituer des dossiers. J'ai d'ailleurs déjà fait acheminer des dossiers auprès de la Cour Pénale internationale. A peu près une trentaine. Nous voulons à travers cette action que la lumière soit faite sur tous ces crimes. Et surtout que justice soit dite. Rien n'est possible sans justice. Le drame en Afrique, c'est qu'on pense qu'il est difficile de faire quelque chose sans une contrepartie financière. Mais, ce n'est pas vrai. Puisque nous voyons cela chez les Occidentaux. Pourquoi attendre toujours que ce soient les Occidentaux qui viennent nous aider. Nous pouvons aider nos frères. Il m'arrive de prendre ma robe, alors que ce n'est pas ma spécialité, d'aller à une audience des flagrants délits et défendre deux ou trois personnes. C'est ça l'avocature. C'est pour cela que nous sommes Avocats.

LP : On parle beaucoup de réconciliation. Selon vous, elle doit se faire à quel prix ?
Dr. CD : C'est au prix de la justice. Rien que la justice. Parce que la réconciliation dont on parle n'est pas synonyme d'impunité. Pour qu'il y ait réconciliation, il faudrait que celui qui a fauté paye pour sa faute. S'il ne paye pas pour sa faute, il n'y a pas réconciliation.

LP : Pensez-vous que les choses vont véritablement changer en Côte d'Ivoire, et que l'on retournera à un Etat de droit ?
Dr. CD : Si nous avons les comportements nouveaux.

LP : Qu'entendez-vous par là ?
Dr. CD : Il faudrait que les uns et les autres aient d'autres valeurs, des vertus. C'est de ce genre de personnes dont nous avons besoin. Lorsqu'on vous appelle pour un poste et que vous n'avez pas les caractères pour ce poste, ce n'est pas la peine d'y aller.
Réalisée par Y. Sangaré
Coll : Zana Coulibaly


Gestion rationnelle des déchets ménagers
L'élaboration d'un plan national en vue
Le séminaire sur la gestion rationnelle des ordures qui s'est ouvert le jeudi, à Grand -Bassam, prend fin aujourd'hui. « Cadre et Stratégies de gestion de la salubrité urbaine », était le thème de la rencontre. Pendant trois jours, les séminaristes se sont penchés sur les différents aspects de ce système difficile à maîtriser. Depuis la pré collecte, jusqu'à la collecte définitive en passant par la gestion des centres de groupages et de dépôts sauvages. L'objectif final étant l'adoption d'un plan national de la salubrité. Pour la ministre de la Salubrité urbaine, Anne Désirée Ouloto, la rencontre doit répondre aux attentes des Ivoiriens en matière de salubrité. Car l'urgence de la situation, dira-t-elle, « recommande le recadrage du système de gestion, l'élaboration d'un cadre juridique et institutionnel cohérent. Avec en prime, une sensibilisation accrue de la population». En effet, selon M. Demba Pierre, coordonateur du Projet d'Infrastructures Urbaines de la Banque Mondiale, la gestion des déchets solides en Côte d'Ivoire souffre de plusieurs maux dont les plus frappants sont le manque de compétences des acteurs, le conflit de compétence et l'instabilité du cadre institutionnel. Pour lui, l'élaboration d'un plan de gestion clair et de financement résoudra l'ensemble de ces questions.

Dao Maïmouna
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