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Société Publié le jeudi 21 juillet 2011 | Ivoire-Presse

Interview / Chikou Baradji, Président de l’Association Château d’Eau Paris pour les Victimes de Guerre: «La base d’une réconciliation vraie, c’est la vérité, la justice»

© Ivoire-Presse Par DR
Humanitaire: Chikou Baradji est le président de l’Association Château d’Eau Paris pour les Victimes de Guerre (ACDPVG)
Chikou Baradji est le président de l’Association Château d’Eau Paris pour les Victimes de Guerre (ACDPVG). En Côte d’Ivoire depuis le mois dernier, son ONG a fait plusieurs à des structures d’Etat et aux populations sinistrées à Duékoué. Dans cet entretien, il explique les motivations qui ont conduit à la création de l’ACDPVG. S’il reconnaît qu’il sera difficile d’oublier ce qui s’est passé durant la crise, néanmoins il croit fermement à la réconciliation des Ivoiriens.



Pouvez-vous présenter l’Association Château d’Eau Paris pour les Victimes de Guerre et qu’est-ce qui a motivé sa création?

L’Association Château d’Eau Paris pour les Victimes de Guerre est une ONG de jeunes ivoiriens vivant en France. Notre Association a été déclarée au journal officiel de la République française sous le N°1684 du 28 mai 2011. Elle a été créée à la faveur de la crise qu’a connue notre pays. Nous avons senti le besoin de venir en aide à nos parents au pays. C’est ainsi que l’idée de mettre sur pied cette association est venue. Nous sommes venus au pays donc pour faire des dons de médicaments, de vêtements, de riz, bassines, de cartons de savon, d’ordinateurs et bien d’autres choses. C’est notre manière de contribuer à la réconciliation et à la reconstruction du pays.

Justement, on vous a vu remettre des ordinateurs au ministère de l’Intérieur, à la direction de la RTI, des vivres et non vivres aux populations sinistrées de Duekoué. Vous prévoyez aussi des médicaments pour le ministère de la Santé.

C’est un sursaut d’Ivoirien. C’est pour aider le pays à se relever de la crise. En donnant des ordinateurs au ministère de l’Intérieur, un ministère d’Etat chargé de la Sécurité, c’est aider le gouvernement à stabiliser le pays et permettre aux agents du ministère de vaquer tranquillement à leurs occupations et de manière professionnelle. Nous sommes à l’ère de la technologie et avec les nouvelles techniques d’information et de communication, on gagne en efficacité. L’Etat ne peut pas tout faire en ce moment, donc c’est important pour les Ivoiriens qui pensent qu’ils peuvent apporter quelque chose dans la reconstruction actuelle de la faire. A la RTI, tout a été pillé et nous leur avons donné trois ordinateurs portables pour l’accompagner dans sa mission. On a été à Duékoué faire des dons parce que c’est une zone qui a fortement subi les conséquences de la guerre. Il y a beaucoup de mal. Nous sommes allés là-bas pour nous rendre compte de la situation qui prévaut en vue des projets futurs. Nous avons faire des dons à ceux qui en ont vraiment besoin. Il y a beaucoup de sinistrés en Côte d’Ivoire, mais on a estimé que Duékoué était une zone particulière.

L’action de l’ACDPVG est-elle ponctuelle ou entrevoyez-vous d’autres actions pour le pays et les populations ?

Déjà on a un container de vêtements à Paris qui sera prêt pour le mois de janvier prochain. Ce sont des dons qui ont été faits par des Ivoiriens de tous bords, par des Africains, par des Français, des Européens. Après on a d’autres projets pour le mois de décembre parce qu’on est en contact avec les magasins Carrefour Market pour des partenariats. Il y a d’autres entreprises que nous avons également sollicitées pour pouvoir avoir des jouets pour les enfants et les distribuer à ceux qui n’auront pas les moyens de s’en procurer. Je pense aux différentes pouponnières du pays, aux orphelinats, aux enfants dans les camps de refugiés qui pourront ainsi avoir des jouets pour Noël. Ce sera une fierté pour nous de le faire pour les enfants de Côte d’Ivoire.

En Côte d’Ivoire, tout acte est interprété. N’est-ce une manière pour vous de faire votre entrée sur la s cène politique ? Ou encore de viser une quelconque nomination ?

Loin de là. Notre action est guidée par notre volonté de voler au secours de notre pays. Nous n’attendons rien en retour. Nous ne sommes pas dans la politique et nous ne serons jamais dans la politique. Personnellement ceux qui me connaissent à Paris savent ce que je fais. Je gagne bien ma vie. Je fais le commerce, j’ai des boutiques à Paris. Je m’en sors très bien. Nous sommes là-bas et nous arriverons à mener très bien notre vie. Notre action est celle d’Ivoiriens qui ont eu mal lors de la crise et qui ont senti le besoin de faire ce qu’ils peuvent pour aider leur patrie. Et rien d’autre. Je tiens à préciser que le monde politique n’est pas fait pour moi personnellement parce que je pense que c’est un milieu où il n’y a pas beaucoup de cœur. Nous avons posé des actes non par intérêt ou pour des intérêts.

Comment avez-vous vécu la crise à l’extérieur et trois mois après la prise de pouvoir du président Alassane Ouattara, quel regard portez-vous sur sa gestion ?

Je pense que le président Ouattara a atteint les 100 jours de sa prise de pouvoir. Il faut dire que ce n’est pas facile. Le pays vient de sortir d’une crise très grave. Il faut que les Ivoiriens lui laisse la chance de bien reconstruire la Côte d’Ivoire Personnellement, l’aspect sécuritaire avec les FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire, ndlr). Je pense qu’il y a beaucoup à faire. En ce qui concerne la gestion actuelle, je vais donner le bénéfice du doute jusqu’aux élections législatives au président et à son gouvernement pour pouvoir porter un jugement de valeur. J’ai vu qu’il y a plein de choses qui ont changé à Abidjan. J’ai fait Abidjan-Duékoué et j’ai remarqué qu’il n’y avait même pas de barrages. Ça, c’est déjà une bonne chose. Je vois aussi qu’il y a beaucoup de travaux de réaménagement sur les routes. Il en est de même de certains bâtiments publics que j’ai visités au Plateau. On voit bien que le gouvernement est en train de travailler. Après les résultats, on ne les verra que dans un an. Voilà un peu ce que je peux dire sur le gouvernement de M. Ouattara. En ce qui concerne la crise, on l’a très mal vécue de l’extérieur. C’était difficile quand tu appelles la famille et tu entends les tirs d’armes lourdes. On a vu des horreurs à la télévision, on a entendu tellement de choses. Etant loin, il était doublement difficile pour nous. Quand ton téléphone sonne, tu as perd qu’on ne t’annonce une mauvaise nouvelle. C’était une période aussi où on ne pouvait pas faire de

mandats pour les parents pour les besoins de la famille. Dieu merci, tout cela est fini aujourd’hui. Nous prions pour ne plus que la Côte d’Ivoire vive une telle situation. Plus jamais ça en Côte d’Ivoire.

De plus en plus, on parle réconciliation nationale. Vous y croyez ?

Sérieusement, je crois en la réconciliation nationale. J’ai été à l’Ouest avec des gens de tous bords politiques. Ensemble nous avons travaillé à distribuer les dons dans deux secteurs différents. Une zone qui est plus Malinké à Kokoma et une autre zone qui est le centre des réfugiés de l’UNICEF où il y a des réfugiés plus Wê et Guéré. A Abidjan, je vois des gens qui sont en train de tout mettre en œuvre pour travailler de commun accord pour le pays. Par le travail de groupe, on peut sceller la réconciliation. Par l’amour du prochain, on peut y arriver. C’est vrai qu’il n’ st pas facile d’oublier tout ce qui s’est passé, mais il faut aller à la réconciliation pour donner une chance aux générations futures afin qu’elles puissent vivre en harmonie. Ce qui est arrivé doit nous servir d’exemple. Nous devons tous mettre en œuvre pour ne plus que cela ne se répète. Je suis sûr qu’on arrivera tous à se pardonner parce que les crises successives depuis 1999 est une leçon.

Quelle peut être la base d’une réconciliation vraie en Côte d’Ivoire ?

Vous savez, ce n’est pas avec un décret qu’on se réconcilie. La base d’une réconciliation vraie, c’est la vérité, la justice. Chacun doit connaître ses torts pour ne plus retomber dans les mêmes travers. Il faut se réconcilier donc avec soi, avec son voisin, son entourage. La réconciliation se passe dans le cœur et non dans les journaux où avec un tapage médiatique. Si on vit avec les rancunes, la haine, on ne pourra jamais aller à la réconciliation. Il faut se pardonner entre Ivoiriens de tous bords. Que ton voisin soit du Sud, du Nord, du Centre, de l’Ouest, de l’Est, il faut pouvoir vous donner la main pour la même cause. La Côte d’Ivoire et pour l’avenir de nos enfants. C’est comme ça que nous laisserons un bon héritage aux générations futures.

Réalisée par OUATTARA Gaoussou
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