«Les entreprises ivoiriennes ont beaucoup trop souffert de la crise. Elles ont payé un lourd tribut. Et si nous avons tenu, c’est parce que nous étions dans une union monétaire. Le contraire aurait été catastrophique. On le voit, la paix s’annonce désormais comme la condition indispensable à l’émergence du secteur privé et de notre pays », a affirmé, mercredi à Abidjan, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation devant les opérateurs économiques réunis à la Chambre de commerce et d’industrie. Abasourdi par l’ampleur des préjudices, Charles Konan Banny a ajouté que sa commission veut être un tribunal. Pas dans le style d’un tribunal qui se concentre sur des procédures pénales mais qui se consacre au pardon et davantage à la question des réparations. N’empêche, l’ordonnance qui crée la commission lui en donne-t-elle mandat ? Dans tous les cas, M. Banny aura su montrer sa compassion au président de la Chambre de commerce et d’industrie, particulièrement écœuré par la «prise en otage de l’économie par la politique». Pour Jean-Louis Billon, le secteur privé, moteur de croissance de l’économie Ivoirienne végète dans un environnement totalement gangrené. En cause, l’insouciance du personnel politique, les coûts élevés des facteurs de production, la pression fiscale démesurée, la corruption généralisée, la fraude, les problèmes d’accès au financement, la disparité entre le besoin des entreprises en ressources humaines et la formation des jeunes, le racket sur les routes, etc.… Pour le président Billon, tout cela entrave les bases d’un développement socioéconomique solide et obère la compétitivité des entreprises. Et quand on y ajoute, les pillages, les vandalismes, «c’est évident qu’il faut une nouvelle conscience nationale ». Il convient, suggère-t-il, que le gouvernement engage des actions visant à mettre en place un cadre économique assaini pour le secteur privé. En effet, dit-il, les opérateurs qui ont accepté, dans une discipline insoupçonnée, les mesures prises par le gouvernement pour faire face à «la situation de guerre » méritent mieux. Au nom de la classe politique, Charles Konan Banny a semblé plaider coupable. Il avoue que la nature d’une économie en transition comme celle de la Côte d’Ivoire impose un partenariat dynamique, effectif et attractif, bâti sur la confiance mutuelle, la recherche de la synergie dans l’action et surtout la volonté commune de créer la richesse et des emplois dans un environnement social paisible.
Lanciné Bakayoko
Lanciné Bakayoko