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Politique Publié le vendredi 22 juillet 2011 | L’Inter

Nouveau régime : 100 jours après, ça tâtonne encore

© L’Inter Par Aristide
Activités gouvernementales: le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara a présidé le Conseil des ministres
Mercredi 13 juillet 2011. Abidjan. Palais présidentiel du Plateau.
11 avril – 21 juillet 2011. Cela fait exactement 100 jours que la Côte d'Ivoire a
changé de régime au pouvoir. Le régime de la Refondation déchu à la suite de 4 mois
de crise post-électorale aigüe, a laissé place au pouvoir Ouattara. Un nouveau régime
arrivé à la tête de l'Exécutif ivoirien avec beaucoup de promesses, mais dans un
contexte calamiteux qui a précédé son avènement. De bons points, l'on ne peut en
dénier aux nouveaux dirigeants, depuis leur prise de fonction au sommet de l'Etat.
Sur le front diplomatique, le pouvoir d'Alassane Ouattara se conjugue avec beaucoup
de succès. En témoignent la reprise des relations (troubles sous l'ex-régime) avec
certaines institutions internationales, le réchauffement et le renforcement de plusieurs
axes, notamment sous-régionaux et avec l'Occident - en particulier la France - les
audiences qui se multiplient au Palais d'Abidjan, synonymes d'un retour de la Côte
d'Ivoire dans le giron des nations fréquentables, etc. Adulé par la communauté
internationale, qui l'a aidé à triompher dans son bras de fer autour du fauteuil
présidentiel avec son prédécesseur Laurent Gbagbo, l'ancien directeur général adjoint
du Fonds Monétaire internationale (FMI) jouit d'une aura toute particulière à l'échelle
mondiale, qui se ressent dans l'affluence au quotidien d'émissaires de divers horizons
à ses bureaux. Ces bons points s'étendent aussi au domaine de l'économie où des
centaines voire des milliers de milliards lui ont été octroyés dès sa prise de fonction,
là où l'ancien régime s'est trouvé contraint à ne compter que sur les ressources
internes. Dire qu'avec Alassane Ouattara, la confiance est revenue dans les relations
on ne peut hypocrites parfois avec les institutions internationales tant politiques que
financières, ce n'est qu'une lapalissade au regard de l'engouement autour de son
régime. Hélas, tout cet engouement ne suffit pas encore pour remettre la Côte
d'Ivoire, encore dans les profondeurs de l'abîme, sur les rails. Le nouveau régime
tâtonne encore à affronter sérieusement les questions de fonds, qui constituent des
priorités à la relève de ce pays profondément sinistré. Au plan militaire, c'est
maintenant que l'on voit poindre à l'horizon la forme de la nouvelle armée. Un autre
bon point du reste. Cependant, il ne se passe pas de jours sans que l'on n'entende
parler dans une région ou dans une autre des déviations d'éléments des Forces
républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), nouvelle armée en voie de création par le
nouveau président de la République. Alassane Ouattara et ses collaborateurs ont
encore en main un dossier chaud: celui de ces milliers de jeunes recrues, en tenue et
en armes, se réclamant des FRCI, mais qui constituent pour une bonne part
aujourd'hui le visage de l'insécurité sur l'ensemble du territoire. L'ONUCI pourrait
l'attester par ses derniers indices. L'insécurité a atteint son paroxysme en Côte
d'Ivoire ces derniers mois. Le gouvernement ne croise certes pas les bras, mais
l'équation reste insoluble, au grand désarroi des Ivoiriens qui grognent dans les
quartiers, villes et villages sans force régalienne légitime. Plus de brigade de
gendarmerie et de commissariat de police fonctionnels jusque-là. A côté de cette
épineuse question, celle des militaires en cavale pour qui rien n'est fait pour les

inciter à rentrer calmement au pays. Pendant qu'on parle de réconciliation, on attend
encore le petit signe de la bonne volonté des nouveaux dirigeants pour booster ce
processus à la traine. 100 jours après la chute de Laurent Gbagbo, les Ivoiriens vivent
encore la peur au ventre, redoutant de nouveaux bruits de bottes. Chaque jour, les
journaux en parlent. La psychose reste de mise. On croirait même que le bras de fer
entre LMP ( La Majorité présidentielle) et le Rassemblement des Houphouétistes
(RHDP, ex-coalition de l'opposition) continue. Tellement le contexte reste le même.
Toujours avec des prisonniers dans un camp et des menaces d'attaque dans l'autre.
Rien n'a changé. La tension est toujours vive. Les incertitudes aussi. Même si au plan
juridique, on essaie d'accélérer les procédures pour déterminer le sort de nombreux
détenus dispersés dans des prisons sur l'ensemble du territoire, la Côte d'Ivoire est
encore loin d'avoir renoué avec l'état de droit. Et même la réunification de son
territoire. 100 jours après la chute de Laurent Gbagbo, on parle encore de zone CNO
(Centre-Nord-Ouest) et même des Forces nouvelles. C'est à croire qu'on a encore les
pieds dans la rébellion. Or, ce devait être les premiers signes de la normalisation que
le président Ouattara prenne des décisions à ce niveau. Au plan politique, en principe,
les élections législatives en Côte d'Ivoire ont lieu deux mois après les résultats de la
présidentielle. A ce jour, l'on peut douter que ce scrutin puisse se tenir dans les mois
à venir, du moins avant la fin de l'année, à moins de vouloir piétiner à dessein la
démocratie dans le contexte actuel. Au niveau social, les populations ont encore les
yeux rivés à l'horizon, attendant les solutions à bien de problèmes qui se prénomment
éducation, emploi, paupérisation, santé, coût insupportable de la vie, etc. Ces maux
qui constituent une bombe à retardement, à côté de la lancinante question de
l'insécurité. Que dire de l'économie, domaine si cher au nouveau locataire du Palais
d'Abidjan, lui-même économiste et banquier de renom! Ici, on sent beaucoup
d'engagement du nouveau régime, qui tente de remettre en place les infrastructures
détruites et d'aider certains opérateurs sinistrés à se remettre. Beaucoup d'activités ont
repris et les Ivoiriens peuvent encore accorder un état de grâce aux dirigeants. Mais,
les chantiers restent énormes et l'impatience gagne les populations pressées de
ressentir des embellies dans les assiettes. Jusque là, on continue de tirer le diable par
la queue. Mais, 100 jours, ce ne sont que trois mois, et il va falloir patienter encore.
Toutefois, la patiente a aussi ses limites. Et les nouveaux dirigeants devraient savoir
en tenir compte, car jusque-là, on ne se sent pas vivre dans un Etat. Le non-Etat étant
encore plus perceptible que l'ordre dans un Etat.

F.D.BONY
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