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Art et Culture Publié le samedi 23 juillet 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton : La vie était belle

Il n’y a pas, dans la vie, que la politique. Tout le monde, ici et ailleurs, se plaît à dire que la vie était belle à l’époque de Félix Houphouët-Boigny. Curieusement, ceux qui sont nés après la mort du Père fondateur disent la même chose. Ils ont sans doute écouté leurs parents discuter de l’époque glorieuse de la Côte d’Ivoire. Les enfants apprennent toujours par imitation. C’est vrai aussi que toutes les générations ont trouvé que celles qui les précédaient étaient les meilleures et celles qui venaient après, elles ne méritaient pas de considération. A l’époque de Platon on disait : « Les enfants d’aujourd’hui ne sont pas aussi doués que ceux d’hier. » Réellement, pour nous qui avons connu les années Boigny, il y faisait bon vivre. La raison en était fort simple. Dans la Côte d’Ivoire de l’époque, il n’y avait pas que la politique. Les gens causaient entre eux de tous les sujets et thèmes de la vie de tous les jours. C’était l’époque où la télévision, du moins le journal télévisé, n’influençait pas la pensée des gens. A l’époque, la passion du sport était une réalité. Des heures entières étaient consacrées dans les rues, dans les foyers à parler de l’athlétisme. Les terrains de football étaient entourés de nombreux spectateurs. Il existait de nombreux derbys dans le championnat de football. Les gens se rendaient visite sans aucune arrière-pensée. Les familles étaient unies et soudées. Les hommes partaient à la pêche ou jouaient aux boules. On entendait beaucoup rire et plaisanter dans les rues. L’amour des gens pour Dieu et le prochain était remarquable. Le pauvre et le mendiant recevaient de l’aide sans qu’ils ne tendent la main. Le plus remarquable concernait les manifestations de réjouissance. Chaque week-end, dans toutes les rues, les villes et les villages, on pouvait regarder les danses folkloriques. Les gens chantaient et dansaient. On apprenait à aimer nos us et coutumes. Nous étions des Ivoiriens et des Africains authentiques. Les gens mangeaient bien. Il y avait toujours de la nourriture pour ceux qui arrivaient à l’improviste. Quand on donnait l’argent à quelqu’un pour le garder, on retrouvait, des mois plus tard, les mêmes billets. Nos tontons nous donnaient à chaque rencontre ou visite, des pièces d’argent. La politique était lointaine dans la vie des gens. La barque était bien tenue à ce niveau. Féfé ne parlait que de la paix et de l’amour. Un enseignement tiré tout droit de l’Evangile de Matthieu, aux chapitres 5, 6 et 7. Les anciens aimaient dire que les bonnes choses ne durent pas longtemps. Hélas ! Sous l’instigation de l’Occident, la belle joie de vivre va se transformer en cauchemar par l’introduction du multipartisme appelé exagérément démocratie. Les vieux antagonismes datant des siècles vont resurgir. Les gens vont devenir méchants. La porte étant ouverte au pouvoir pour tous, il était devenu normal qu’on dise à son prochain ‘’ôte-toi de là pour que je m’y mette’’. Chacun tenait un couteau dans la main ou un sabre dans le dos. C’était devenu le beau sourire au visage, la laideur dans le cœur. Le seul loisir devenait la politique. Tout le monde se croyait devenu professionnel de la politique. On ne pouvait plus parler d’autre chose à ses propres amis. Dès que quelqu’un vous rencontre dans la rue ou vous rend visite, il ne vous parle que de la politique. Le paysage ne pouvait que s’assombrir. La télévision ne donnait plus la joie de vivre. Elle faisait peur. Elle donnait le stress. Même les églises et les mosquées donnaient un rôle partisan à Dieu. Les gens ne savaient plus avoir des loisirs chez eux ou en dehors. C’était la politique 24 heures sur 24 heures dans les vies quotidiennes. Même les femmes, qui doivent impulser la joie de vivre, attristaient par leurs propos. Elles voyaient en l’autre, un parti, un rival, un ennemi. La presse négligeait ou abandonnait les rubriques sur la cuisine, la famille, les sports, la culture, l’architecture, les reportages ou la découverte des villes et villages. En somme, elle ne privilégiait plus ce qui était en dehors de la politique. Malgré les tirages hyper bas, pour une si grande population, elle pense toujours que c’est elle, qui connaît ce que veut le peuple transformé en titrologue par des articles répétitifs qui se ressemblent d’un journal à l’autre. Un homme d’affaires venu de l’Inde s’étonnait que dans ce pays, on ne parlait que de politique à tous les coins de la rue. Comment faire comprendre aux gens qu’il y a autre chose que la politique dans la vie ? Comment leur faire comprendre qu’il ya des gens qui sont payés pour faire la politique et que les autres ne doivent attendre que lors des élections pour s’intéresser à la politique et voter leurs représentants, les professionnels de la politique ? Et qu’entre-temps, ils peuvent meubler leur vie par mille choses beaucoup plus intéressantes que la politique ? Y a-t-il un ministère de la qualité et de la joie de vivre ? Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
PS : Félicitations à la CNPS. Elle a comblé son retard dû aux pensionnaires. Dès qu’elle s’acquitte des pensions de cette fin de ce mois, elle va retrouver son cycle normal. Bravo ! On oublie souvent qu’il n’y a pas que les fonctionnaires dans ce pays. Les retraités du privé ont souffert dans le silence. Personne n’a parlé de leurs souffrances. Mais Dieu est grand et bon.
Par Isaïe Biton Koulibaly
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