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Politique Publié le mercredi 27 juillet 2011 | Le Patriote

Interview : Chérif Mamadou (président des réfugiés ivoiriens au Togo) :“Des réfugiés ivoiriens se comportent mal”

Exilé au Togo depuis les événements de 2002, Cherif est aujourd’hui le président des réfugiés ivoiriens dans le centre d’accueil de Lomé, Avepozo. Dans cet entretien, il livre le secret de la vie du camp et ouvre une brèche sur un retour possible au pays.
Le Patriote : Comment se portent les réfugiés ivoiriens à Lomé ?
Chérif Mamadou : Les refugiés au Togo vivent dans une situation de vulnérabilité visible à tous les niveaux d’âges, en particulier chez les enfants et les personnes âgées ainsi que chez les jeunes filles, qui ne savent à quel saint se vouer. Toutefois, il faut tirer le chapeau au HCR et au gouvernement Togolais qui font tout leur possible pour atténuer la souffrance des refugiés ivoiriens.

LP : Combien êtes-vous et comment vivez-vous là bas ?
CM : Nous sommes plus de 7000 refugiés inscrits à ce jour, et nous enregistrons en moyenne 40 nouveaux inscrits par jour. Nous avons un comité d’accueil et d’orientation pour leur facilité l’intégration dans la communauté des refugiés ivoiriens. L’ambiance est très conviviale et surtout au dessus de toutes les considérations politiques. Ici, c’est la solidarité et l’humanisme qui prime.

LP : Qu’est-ce qui explique l’afflux massif des réfugiés d’Accra à Lomé ?
CM : Loin de moi l’idée de vouloir critiquer la politique des autres pays, mais il n’est un secret pour personne que le Togo est le pays qui accueille le mieux les refugiés ivoiriens en leur accordant les documents administratifs et certaines assistances en un temps record. Notons aussi que le président Faure Gnassimgbé s’est impliqué personnellement dans la gestion du cas des refugiés ivoiriens. Tous cela concoure à l’afflux des Ivoiriens, qui étaient allé se refugier dans d’autres pays, à changer de direction pour venir au Togo et notamment ceux qui étaient au Ghana.

LP : Quels sont les rapports que vous entretenez avec les Togolais ?
CM : Nous sommes tous impressionnés par l’hospitalité du peuple togolais, qui nous accorde assez de courtoisie et de compassion dans les paroles et les actes. De notre coté, nous cultivons le renvoi de l’ascenseur de la communauté à nos tuteurs. Et tout marche pour le mieux jusque là.

LP : Sur TCI nous avons vu un reportage sur une rencontre entre vous et l’ambassadeur et une ONG. En tant que président, peut-on dire que les choses avancent pour un retour rapide en Côte d’Ivoire?
CM : Nous avons été consternés et indignés de constater que des personnes profitent de la vulnérabilité des gens pour se faire un nom dans un mensonge aussi grossier que ce que nous avons vu. Jamais son excellence monsieur EHUI Bernard, pour qui nous avons grand respect et admiration, n’a fait une quelconque réunion de masse avec les refugiés pour leur retour. Il s’agissait d’une réunion de présentation avec les cadres et la communauté des Ivoiriens résidents au Togo. J’ai appris par la suite que ces derniers auraient protesté auprès de l’ambassadeur contre la forfaiture de cette pseudo-ONG, Mofurveci. Je profite de l’occasion pour demander à cette respectable télévision qu’est la TCI de bien vouloir aller à la source des informations avant de publier de tels reportages. Car ce reportage a beaucoup choqué les refugiés ivoiriens au Togo. Par ailleurs, il est bon de savoir que son excellence à promis venir rencontrer les refugiés pour amorcer une politique de retour et nous pensons que cette démarche est une forfaiture de ce pseudo MOFURVECI et craignons qu’elle ne vienne entacher le grand travail de l’ambassadeur.

LP : Quelle est la part de l’ONG dans le soutien aux réfugiés du Togo ?
CM : Cette ONG est totalement inconnue des refugiés ivoiriens au Togo. Si ce n’est pas parce que nous nous trouvons dans un processus de réconciliation nationale, nous aurions porté plainte. Nous pensons que la Côte d’Ivoire n’a plus besoin de ces facilitateurs qui empêchent les vrais bénéficiaires des aides octroyées, d’en profiter véritablement. Je répète qu’aucune ONG ivoirienne n’a fait quoi que ce soit pour les refugiés ivoiriens au Togo. Par conséquent, qu’ils arrêtent de jouer les coupeurs de route. Nous voulons un dialogue direct avec les autorités et surtout pas avec des escrocs impitoyables qui viendrons profiter de la souffrance des familles qui ont soif d’un retour bien organisé.

LP : Comment les refugiés du camp ont-il apprécié cette sortie de l’ONG Mofurveci ?
CM : Tous le monde était sous le choc. Renseignements pris, nous avons appris que cette jeune dame, qui vit régulièrement à Abidjan, était venue voir une de ses connaissances qui réside au Togo et a profité de la facilité d’obtention des documents pour se transformer en refugiée et monter rapidement un dossier d’ONG. Elle a ensuite profité d’une réunion des Ivoiriens résidents au Togo avec l’ambassadeur Ehui pour faire un reportage et le faire passer sur TCI. Il se raconte que c’est pour son press-book qu’elle veut monter au président BANNY à qui elle sollicitera des moyens pour mieux faire un travail de retour des refugiés. En un mot, c’est une arnaque au nom des refugiés et contre la commission vérité et réconciliation.

LP : Pourquoi cette ONG agit-elle ainsi ?
CM : Simplement pour le gain facile et d’après nos informations, les initiateurs sont des professionnels en la matière, qui opèrent dans tous les domaines, tel que les observations électorales. Mais nous sommes sereins. Si nous nous en tenons au discours du président ADO, le temps de la facilité est dépassé.

LP : Qu'elle est la situation actuelle dans le camp des réfugiés ivoiriens après ma descente des policiers togolais?
CM : C'est l’accalmie et surtout un très grand soulagement, du fait que nous avons frôlé le pire, qui devait inévitablement nous amener à un affrontement sanglant entre réfugiés. Fort heureusement que les autorités togolaise ont vite pris les choses en main et rétabli l'ordre.

LP : Que s'est-il réellement passé pour que les autorités togolaises fassent une descente dans le camp?
CM : C'est suite aux comportements de non respect des devoirs du statut de réfugié, non respects des lois en vigueur au Togo, non respects des agents de la sécurité, non respects des riverains. Mais surtout du à une prise en otage du camp des réfugiés par des apprentis politiciens qui voulaient le transformer en Agora. Finalement, on croirait à l’instauration d'une mafia qui traumatisait les autres paisibles réfugiés par des propos faits de haine ethnique, religieuse et politique.

LP : Qui sont les réfugiés arrêtés ? Et Pourquoi les a-t-on arrêtés?
CM : La plupart des vrais responsables de cette malheureuse affaire ont pris la fuite et sont activement recherchés. Notons qu'ils viennent pour la plupart du Ghana où ils ont été matés à cause de ce même comportement déplacé. Ceux qui ont été arrêtés, sont des jeunes qui l’ont été soit pour des raisons d'agissement maladroit, soit pour d'autres raisons bien connues par la gendarmerie. Dans tous les cas, nous avons été rassurés par les autorités togolaises que les innocents seront libérés et les semeurs de troubles répondront de leurs actes devant les juridictions.

LP : Qu’attendez-vous donc pour rentrer puisque qu’ADO vous tend la main ?
CM : Les refugiés n’attendent pas que l’Etat de Cote d’Ivoire les rassure et entreprenne des démarches pour leur éventuel retour. Il est vrai que les conditions de vie ici ne sont pas excellentes, mais plusieurs personnes ont encore des appréhensions quant à leur sécurité une fois de retour au pays. Nous croyons au discours du président ADO pour la réconciliation nationale et nous voulons y participer activement car les refugiés ivoiriens au Togo peuvent être cités en exemple dans leurs composition et leur façon de travailler main dans la main, sans distinction ethnique, religieuse, politique ou culturelle.
Nous demandons à la population de s’inscrire dans le retour et l’accueil de leurs frères et parents réfugiés. Et surtout, d’être le moteur du pardon et de compassion pour une cohabitation nouvelle dans la paix. Car le plus dur ne se fera pas au sommet de l’Etat mais bien dans les quartiers ou les populations sont condamnées à vivre ensemble. C’est pour cette raison que nous devons être en phase avec les discours de réconciliation et de pardon prônés par le président ADO.

Réalisée à Lomé par Koné Lassiné
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