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Politique Publié le vendredi 29 juillet 2011 | Notre Voie

Coup d’Etat déjoué ou chasse aux sorcières : Les bizarreries de l’arrestation du colonel Adou

Un putsch déjoué ? Le colonel de gendarmerie Adou Donga est aux arrêts depuis hier. Selon un journal proche du nouveau régime qui raconte le film de l’arrestation avec force détails, cela s’est passé à l’hôtel-Plateau, en plein cœur du quartier des affaires d’Abidjan. A une heure du matin. C’est-à-dire à une heure où aucune mouche ne vole au Plateau par ces temps d’insécurité. Le colonel Adou Donga serait en train de s’entretenir avec un chef milicien dont notre confrère s’est gardé de livrer l’identité « pour nécessité d’enquête ». Un chef milicien qui aurait mystérieusement réussi à prendre la fuite à cette heure-là sans que les « fins limiers des Frci » qui, on l’imagine, avaient encerclé l’hôtel n’aient pu rien y faire. On ne mène pas une telle opération sans y mettre les moyens.
Notre confrère révèle qu’une kalachnikov et un pistolet automatique ont été découverts dans la voiture du colonel Adou. Et qu’en plus, une perquisition réalisée à son domicile aurait permis de découvrir un arsenal de guerre fait d’armes et de minutions.
Selon les informations distillées dans la presse nationale, le colonel Adou serait en contact avec des militaires déserteurs et des miliciens présents sur le territoire ghanéen, parmi lesquels on cite le colonel Konan Boniface et le commandant Jean-Noël Abéhi. D’autres journaux parlent de contacts avec des mercenaires.
Avouons que si le colonel Adou préparait effectivement un coup d’Etat, il a vraiment tout fait pour attirer sur lui l’attention des nouvelles autorités. Rencontrer un chef milicien au Plateau à une heure où il est facile de se faire remarquer par les services de sécurité, il faut vraiment le faire. Il faut être fou pour aller tenir des réunions de coups d’Etat dans un hôtel comme Ibis à une heure où on ne peut pas trouver plus de deux personnes dans le hall. Et puis franchement, un officier de la gendarmerie qui était jusqu’à une date très récente le chef de cabinet du commandant supérieur de la gendarmerie dans un pays qui a connu la guerre peut bien avoir des armes chez lui sans que cela soit destiné à faire un coup d’Etat. Le bon sens commande que celui qui prépare une action subversive ne garde pas les armes chez lui. Et on ne fera pas l’injure au colonel Adou formé aux renseignements d’ignorer ces précautions élémentaires. Au demeurant, quel chef milicien qui n’a pas fait allégeance au nouveau pouvoir oserait-il encore se balader à une heure si tardive au Plateau ? Il y a un vrai flou artistique autour de l’arrestation du colonel Adou.
Enfin, on attend que le procureur militaire Ange Kessi, le même qui était déjà là sous Laurent Gbagbo, instruise l’affaire pour voir la valeur réelle des accusations et la solidité des arguments des accusateurs.
D’ici là, l’impression qui se dégage de cette affaire, c’est qu’il y a une purge en cours dans l’armée ivoirienne. Tous ceux qui sont soupçonnés d’être des hommes du pouvoir déchu et qui ont eu le courage de rester au pays seraient assurément dans le collimateur du nouveau pouvoir.
Ce qui rend évidemment inaudible l’appel au retour des militaires exilés lancé par le nouveau chef de l’Etat. Parce qu’elle donne une idée de ce qui attend tous ceux qui se hasarderaient à se présenter à la frontière. Vivant désormais dans la crainte permanente d’être arrêtés pour une raison ou une autre, certains militaires qui ont pourtant repris le travail pourraient être tentés d’imiter le commandant Abéhi en prenant le chemin de l’exil.
Est-ce vraiment cela, le souhait d’Alassane Dramane Ouattara ? Le nouveau pouvoir croit-il sincèrement que c’est l’accroissement du nombre des exilés militaires qui ramènera la sérénité nécessaire à la reprise au redécollage économique ?
On ne peut pas avoir reproché au régime Gbagbo d’avoir favorisé la naissance de la rébellion de 2002 parce qu’il aurait négligé la présence de militaires déserteurs au Burkina Faso et venir reproduire le même schéma. En pire. Ce n’est pas un bon signal.

Augustin Kouyo
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