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Société Publié le mardi 2 août 2011 | Nord-Sud

Révérend-pasteur Ediémou Blin Jacob, président du Forum des confessions religieuses : «Le vrai pardon vient après la justice»

© Nord-Sud
Crise post-électorale : Images de l`inhumation de l`Imam Cissé et de sa famille assassinés à Williamsville
Lundi 21 mars 2011 à Abidjan :Ediémou Blin Jacob, Pdt du Forum des Confessions religieuses lors des funérailles de l`Imam Cissé
Peut-on pardonner sans justice véritable ? Le révérend-pasteur, Ediémou Blin Jacob, donne son point de vue dans l’entretien qui suit.

La Côte d’Ivoire sort d’une grave crise. Selon vous, aurait-on pu l’éviter?

Les Ivoiriens doivent savoir que ce qui est arrivé participe de la volonté de Dieu. La volonté de Dieu a donc été faite. Ce qui devait arriver est arrivé. Rendons donc gloire à Dieu car ç’aurait été pire et en ce moment-là, nous ne serions pas là pour en parler.

Quelle a été la contribution des religieux à la résolution de cette crise?

Comme l’a dit un philosophe: « la victoire a plusieurs Papas ». Il faut dire que nous avons travaillé comme des fourmis dans l’ombre. Nous sommes fiers devant Dieu, même si les hommes ne nous traitent pas à notre juste valeur, nous sommes en mission. Notre salaire, c’est le Paradis.
Vous avez dit qu’Alassane Ouattara est un pion de Dieu. Cela a été diversement interprété. Pouvez-vous être plus précis ?

Rappelez-vous cette phrase du président Houphouet-Boigny à l’endroit d’Alassane Ouattara tout fraîchement débarqué de Dakar, pour assurer le poste de Premier ministre, « C’est un enfant capable et compétent. J’ai mis toute ma confiance en lui, ça me suffit ». Ce n’est pas différent de ce que Dieu disait de Jésus-Christ. En Côte d’Ivoire, les gens ont la mémoire courte. Dès qu’il est arrivé en 1990, l’opposition l’a traité d’étranger avant de se raviser pour former le Front républicain avec lui. Plus tard, il sera à nouveau effacé de la liste des candidats. Malgré cela, Dieu était toujours avec lui. Il y a aussi cette force mystérieuse qui a amené Honoré Guié, ancien président de la commission électorale indépendante (Cei), à proclamer les résultats en 2000 malgré toutes les menaces. C’est cette même force divine qui a poussé Youssouf Bakayoko, président de la Cei à proclamer les résultats en 2010 dans des circonstances tout aussi particulières.

La réconciliation nationale dans le pays est sujette à polémique. Certains penchent pour une amnistie générale, d’autres, par contre, préconisent la justice avant le pardon. Quelle appréciation faites-vous ?

Il n’y a rien de nouveau sur la terre des hommes. Tout ce que nous voyons à déjà existé quelque part. Dans la Bible, le premier meurtre a été perpétré par Caïn. Cependant, quand il a eu la crainte de Dieu et qu’il a avoué son péché, Dieu lui a pardonné. Le vrai pardon vient après la justice. La justice permet au pécheur de reconnaître ses torts et d’avoir la compassion du Seigneur. Il faut avoir le courage de reconnaître devant ses frères ce que tu as fait. Dans le cadre de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, il faut qu’il y ait la justice. Il faut que les gens acceptent le jugement parce que nous avons fait un pas vers l’enfer. Il faut que chacun dise la vérité à son frère, en se confessant. Acceptons la sentence pour que Dieu nous pardonne. Dans ce cas d’espèce, ce sera autour du président de la République, autorité suprême qui joue ici, le rôle de Dieu, de pardonner, peut-être de faire grâce. Mais en attendant, il faut que la justice fasse son travail.

Entretien réalisé par Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
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