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Politique Publié le jeudi 4 août 2011 | L’Inter

4 mois après la chute du régime Gbagbo / Don Mello rompt le silence: Sa mise en garde au régime Ouattara

© L’Inter Par Nathan Koné
Cinquantenaire / colloque international pluridisciplinaire : les travaux, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix
Mardi 3 août 2010. Yamoussoukro, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Photo: Ahoua Don Mello, Directeur Général du Bnetd
.Ce qu'il dit de Gbagbo

Ahoua Don Mello, ancien ministre de Gbagbo, rompt le silence. Depuis l'exil, il a pondu un texte dont nous avons reçu copie hier, pour dire sa ''part de vérité''. Dans cette partie de sa déclaration que nous publions, l'ex-porte parole du gouvernement Gbagbo évoque les ''ponts d'une réconciliation durable''.

(…)

« Commencée en 2002 avec un seul visage, la guerre ivoirienne s’est terminée en 2011 avec tous les visages dont celui de la France en première ligne avec des bombes larguées sur nos têtes pour nous ''protéger''. Au-delà de la résolution 1975 de l’ONU, en violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu conclu en 2003 et qui a justifié l’envoi des forces onusiennes pour faire respecter cet accord, en violation de l’embargo sur les armes et en violation de l’accord de fin de guerre conclu en 2005 à Pretoria, la Côte d’Ivoire a vécu une page sombre de son histoire sous l’instigation de la France qui a réussi à diviser pour mieux régner en jouant au pyromane et au pompier et en se jouant de l’Union Africaine mise hors-jeu en dernière minute.

Il est temps que nous Ivoiriens, nous Africains comprenions définitivement que notre salut ne viendra pas de l’extérieur et que ce ne sont pas les primes de guerre que les différents bailleurs de fonds vont annoncer les uns à la suite des autres qui développeront nos pays et ce continent. Si certains y croient encore, c’est leur droit mais cela ne doit pas être l’occasion d’écraser ceux qui croient l’inverse.

Le faux prétexte qui consiste à dire que la guerre a été déclenchée par le refus du Président GBAGBO de quitter le pouvoir après avoir perdu les élections doit aussi être abandonné car aucune déclaration de GBAGBO ne peut être brandie pour prouver de telles affirmations ayant fait du silence sa méthode de gestion de cette crise. GBAGBO a souhaité un recomptage des voix comme en Haïti au lieu de la guerre, mieux, l’institution compétente pour faire d’un candidat le vainqueur des élections présidentielles n’est pas GBAGBO mais bien le Conseil constitutionnel qui l’a proclamé vainqueur du 2e tour des élections comme cela s’est passé au 1er tour. Après la décision de l’Union Africaine, malgré le non-recomptage des voix, il a pris acte des propositions faites par cette dernière à travers un communiqué du gouvernement et a donné son accord pour la désignation d’un haut représentant pour entamer les négociations qui devaient démarrer le 5 avril. Une adresse à la nation plusieurs fois reportée devait être faite après la désignation du haut représentant pour préciser les conditions de mise en œuvre des propositions de l’Union Africaine en accord avec plusieurs de ses pairs Africains auprès de qui il a dépêché des délégations après le sommet de l’Union Africaine

C’est dans cette attente de la désignation et de l’arrivée du haut représentant de l’Union Africaine, que le Président français Monsieur Nicolas SARKOZY, en violation du cessez-le-feu et de l’accord de fin de guerre, a déclenché la guerre avec l’appui de l’ONUCI et des rebelles lourdement armés en violation de l’embargo sur les armes.

En effet, certains opérateurs économiques de l’Union Européenne avaient décidé de passer outre l’embargo à partir du 30 mars si aucune solution n’est trouvée à la crise. Ces opérateurs pouvaient ne pas respecter leur engagement, surtout la livraison de matières premières convoitées par d’autres opérateurs économiques hors zone Union Européenne.

Les négociations de l’Union Africaine qui devaient commencer le 5 avril étaient donc inacceptables pour M. SARKOZY, c’est ainsi que les besoins en matières premières ont primé sur la méthode de règlement pacifique de l’Union Africaine et l’ordre de violation du cessez-le-feu a été donné le 28 mars.

N’en déplaise à ceux qui n’ont pas encore compris que les Etats n’ont que des intérêts et pas d’amis et qui ont la naïveté de croire encore que l’armée française est intervenue pour les sauver. Le gouvernement a appelé au respect du cessez-le-feu en décidant d’un cessez-le-feu unilatéral pour ne point se rendre complice d’une guerre inutile de la France contre la Côte d’Ivoire.

Face à l’impossibilité des rebelles de prendre les institutions de la République malgré l’appui aérien français et onusien, dans la nuit du 2 au 3 avril, 17 avions cargo de l’armée française ont débarqué un régiment de bérets verts de la Légion étrangère et du matériel de guerre après avoir braqué l’aéroport. On connaît la suite. En violation flagrante de la résolution 1975, 50 bombardements sur la résidence du chef de l’Etat et une colonne de 30 chars de l’armée française ont eu raison du Président GBAGBO le 11 avril 2011. Après ce coup d’Etat inédit, l’heure est venue de faire la paix. Toute paix après une guerre commence par un accord de paix. Ce que le Président GBAGBO a appelé, la partie civile de la crise ou ce que AFFI N'GUESSAN a appelé la solution politique de la crise.

Vouloir passer outre ce traité et agir en éternel ''vainqueur'' en traquant à tous les coins du pays les ''vaincus'' serait une erreur car la nation ivoirienne ne pourra que s’effriter davantage et en plus les éléments constitutifs d’un Etat disparaissent par des pillages. Nous avons des généraux sans armée, des ministres sans ministère, des juges sans tribunaux, des députés sans assemblée. L’heure est au chantage et au pillage par une armée de rebelles et de prisonniers en armes se considérant ''vainqueurs'' de l’armée régulière et abandonnée sans solde par les recruteurs.

Aujourd'hui, tous les sachants du FPI et du gouvernement sont soit en prison, soit en exil donc n’ont pas le droit à la parole, ni au dialogue, ni à l’expression de leur part de vérité.

Aujourd’hui, près de 2 millions d’électeurs presque tous du LMP, sont des exilés internes ou externes sur une population électorale qui ne compte que 5 700 000 électeurs. Si on ajoute à ces 2 millions ceux qui ne sont pas exilés mais persécutés chaque jour dans leur existence pour être des proches de GBAGBO, l’on se rend bien compte que ce n’est pas la majorité qui a voté Monsieur Alassane Dramane OUATTARA et qu’il sera difficile de gouverner contre cette majorité.

Il faut donc créer les conditions de leur libération et de leur retour pour que toutes les vérités soit dites, que tous les victimes et responsables de crimes soient identifiés avant que la justice ne prenne le relais. Vouloir faire autrement, c’est vouloir cacher un pan important de la vérité sur la crise ivoirienne.

Le gouvernement illégal et illégitime de rebelles formé à Bouaké de 2002 à 2010 n’a pas plus de légitimité que le gouvernement de l’honorable professeur AKE NGBO formé selon les lois et règlements de son pays ; les 10.000 morts de cette rébellion pendant cette période de 2002 à 2010 et le génocide Gueré en 2011 par le fait des rebelles doivent être soumises de la même justice que les victimes alléguées au camp Gbagbo.

Selon la commission spéciale mise en place par l’ONU sur les trafics en zone rebelle, plus de 250 milliards de FCFA de ressources par an soit plus de 2000 milliards en 8 ans (diamant, cacao, bois, coton, anacarde, vente illégale de carburant, moto, vélo, pagne, sucre, lait, huile, casses d’agences BCEAO etc.) ont été détournés par les rebelles sans qu’aucun compte n’est été fait à l’Etat. Les auteurs de tous ces crimes ne peuvent pas être en liberté tandis que ceux qui ont permis à l’Etat d’exister malgré ces manques à gagner sont en prison ou poursuivis. Selon Africa mining intelligence n°251 du 01/067/2011, l’exploitation frauduleuse par les rebelles du diamant continue jusqu’aujourd’hui, exploitant plus de 300.000 carats chaque année générant plus de 12 milliards l’an.

Si le souci du nouveau pouvoir est véritablement de bâtir un Etat de droit, alors il est important que la loi ne soit pas à double vitesse et qu’elle soit la même pour tous au risque de faire de la justice un instrument d’injustice qui entraverait pour longtemps la paix et l’unité nationale.

Reconstruire l’Etat, l’Etat de droit, la nation et la démocratie, reste donc une œuvre immense qui doit commencer par la liberté d’aller et venir et la liberté d’expression en toute sécurité, en libérant Laurent GBAGBO et tous les prisonniers politiques et en créant les conditions de sécurité nécessaires pour le retour des exilés. Tels sont les préalables à toute réconciliation sincère et durable qui n’hypothèque pas l’avenir. »

Ahoua DON MELLO
Docteur Ingénieur des Ponts et Chaussées
Ex-Directeur Général du BNETD
Ministre de l’Equipement et d’Assainissement, porte-parole du gouvernement AKE NGBO
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