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Art et Culture Publié le jeudi 11 août 2011 | Le Mandat

Reconstruction Post-crise : La musique pour ressouder les liens

© Le Mandat Par DR
Fête nationale de l`indépendance: le village gastronomique du Concerto a refusé du monde
Samedi 6 aout 2011. Abidjan. Malgré le report du Concerto, l`espace du village gastronomique ne désemplit pas. Photo: DJ Ramatoulaye dans ses oeuvres
La Côte d`Ivoire post-crise est appelée à se bâtir sur des valeurs de pardon et de réconciliation. Aussi, la musique dans toute sa dimension et sans parti politique pris, peut toucher toutes les sensibilités et prôner l’amour et l’unité entre les peuples et les races. Mais, en Côte d’Ivoire, les mélodies de certains musiciens ont surchauffé l’atmosphère, au plus fort de la crise postélectorale, pour ne pas dire au cours des dix années de guerre. Ils n’ont pas pris de gants pour soutenir Gbagbo pendant la dernière élection présidentielle et surtout durant la crise postélectorale. Contre des espèces sonnantes et trébuchantes ou, parfois, par conviction, ces artistes-musiciens politiciens ont encensé les dignitaires du régime déchu, même quand ils se sont accrochés au pouvoir malgré leur défaite électorale. C’est dire qu’à leur façon, ces artistes ont aussi contribué à envenimer la crise. Au lieu d’appeler à l’apaisement, ils ont, par des chansons enflammées, attisé les inimitiés, soufflé sur les braises ardentes de l’ivoirité. A ce titre donc, ces musiciens qui chantaient faux sont aussi comptables de ce qui est arrivé au pays, au même titre que les militaires, les jeunes patriotes, les miliciens et autres mercenaires. Il n’y a pas que les balles qui tuent, les mots le font autant, sinon plus. C’est donc tout naturellement que, lorsqu’un terme a été mis au coup de force électoral, ces musiciens ou organisateurs d’événements culturels n’ont pas hésité à prendre le large, pour ceux qui ont échappé aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Pour eux, le retour dans l’immédiat au bercail est incertain. Ils ne sont pas dans la situation de certains de leurs homologues qui se sont "cherchés" pour des raisons évidentes de sécurité et qui sont rentrés ou sur le point de le faire, avec le retour à la normale. C’est le début d’un séjour forcé et sans fin au Ghana et au Bénin notamment. Et cela, malgré la réconciliation nationale prônée par les nouvelles autorités. Ils ont trop de choses à se reprocher pour rentrer, de peur qu’on ne leur demande des comptes. Même en l’absence de mandats d’arrêt contre eux, ils n’osent pas franchir le pas. Leur sentiment est tout à fait compréhensible et leur crainte est d’autant fondée que la réconciliation dont il est question a bien un contenu politique. A entendre les nouvelles autorités d’Abidjan, le discours est plus focalisé sur les responsables politiques et militaires exilés de l’ancien régime à qui l’on demande, avec insistance, de rentrer, au nom de la réconciliation nationale.

Quand la musique adoucit les moeurs

On fait peu cas des autres exilés dont des artistes-musiciens pro-Gbagbo dans le cadre du processus de réconciliation. C’est sans doute pourquoi le groupe musical Magic System, avec, à sa tête, Salif Traoré dit A’Salfo, s’intéresse particulièrement aux artistes-musiciens ayant soutenu l’ancien président. Depuis la fin de la crise, ce groupe qui a su rester neutre aux temps forts des embrouilles électorales, œuvre pour un retour au pays de ces artistes. Avec le soutien des nouvelles autorités, A’Salfo, qui a été reçu en audience par le nouveau chef de l’Etat, Alassane Ouattara, tout comme le reggae maker Tiken Jah Fakoly et ses amis, font des pieds et des mains pour que ces personnes reviennent en Côte d’Ivoire sans être inquiétées. Par ce projet qui ambitionne d’organiser une caravane de la paix des artistes-musiciens à travers la Côte d’Ivoire, ils veulent faire savoir que la réconciliation dont il est question passe aussi par la musique. Si les politiques parlent de réconciliation, les artistes-musiciens ne sauraient être en reste car ces derniers font de la politique à leur façon. Et pour cela, ils sont, soit, adulés quand ils caressent dans le sens du poil, soit persécutés par le pouvoir en place quand ils critiquent ses actions. Si l’on n’interdit pas aux artistes-musiciens d’avoir des opinions politiques, de faire même de la politique, ils ne doivent pas oublier qu’ils sont aussi des leaders d’opinion. A ce titre, ils doivent prendre fait et cause pour le peuple et non pour les dirigeants. Il y a plus d’honneur à être artiste du peuple qu’à s’afficher comme artiste d’une personnalité ou d’un régime. « Un artiste appartient au peuple et non à un parti politique ou à une religion », avait fort judicieusement clamé A’Salfo dont les efforts de réconciliation par la musique et ceux de ses amis magiciens ont porté des fruits. En effet, leur démarche a amené leur ancien manager, Angelo Kabila, devenu pro-Gbagbo et pro-Blé Goudé, à rentrer tout récemment du Bénin où il s’était exilé. Il a même été reçu en audience par le ministre de la Culture, Maurice Bandaman, en compagnie de A’Salfo. Voilà qui pourrait rassurer tous ceux qui hésitent encore ou qui ne croient pas au projet de Magic System. Alors, après Kabila, à qui le tour pour qu’en fin de compte, les artistes ivoiriens, dont certains se sont laissés égarer par des politiciens, soient unis pour de bon ?

EUPHRATE DJAKO
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