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Politique Publié le mercredi 17 août 2011 | L’Inter

Crise ivoirienne / Soro-Michel Gueu : leur histoire / Des révélations sur la rencontre des deux hommes

© L’Inter Par Emma
Le dernier bastion des partisans de Gbagbo tombe: soldats, miliciens et mercenaires libériens déposent les armes aux pieds des Forces républicaines, à Yopougon
Vendredi 29 avril 2011. Abidjan, commune de Yopougon. Des dizaines d`anciens éléments de la BAE, de la Garde républicaine, de miliciens ivoiriens et des mercenaires libériens déposent les armes au cours d`une cérémonie placée sous l`égide de l`Onuci. Les généraux Philippe Mangou et Gueu Michel (photo), ainsi que les commandants Chérif Ousmane, Morou Ouattara et Ben Laden rassurent les hommes de Eugène Djué et Magui-le-tocard...
C`était une rencontre familiale et amicale, loin des caméras et autres micro de la presse. Et c`était le samedi 30 juillet dernier, au domicile du Général Michel Gueu, ancien chef de cabinet militaire du Premier ministre Guillaume Soro. L`information nous a été livrée par une personnalité proche du PM, qui a pris part à la rencontre. C`est que l`officier supérieur promu récemment Général de division et nommé chef d`état-major particulier du président de la République, et ses parents Dan, y organisaient un dîner en l`honneur du Premier ministre Guillaume Soro, pour lui témoigner leur reconnaissance après la promotion de Michel Gueu. Le patron des Forces nouvelles était accompagné du Général de division et chef d`état-major des armées, Soumaïla Bakayoko, du ministre Tuo Fozié et de quelques ambassadeurs. L`occasion pour Soro de livrer, face aux parents de Michel Gueu, des pans entiers de sa collaboration avec l`officier des ex-Forces armées nationales de Côte d`Ivoire (Fanci), depuis leur rencontre en prison, jusqu`à ce jour. « Je suis ici, non pas en tant que Premier ministre, mais en tant qu`ami et frère du Général de division Gueu Michel. Le Général et moi, c`est une amitié de longue date qui a débuté dans les difficultés, car en 1995, nous nous sommes rencontrés dans la prison de la Direction de la surveillance du territoire (Dst). C`était des moments extrêmement difficiles. Nous nous y sommes trouvés à tort, parce qu`on nous accusait d`un coup d`Etat. Je ne sais pas si c`était vraiment à tort. En 1995, c`était faux mais peut-être qu`on nous a donné l`idée d`en faire. Je me suis très tôt convaincu qu`il n`y a pas de hasard. Il y a un enchaînement d`évènements et il y a quelquefois l`accélération de l`histoire. Mon Général et moi, nous nous sommes retrouvés après cette prison. Chacun a connu des déboires et chacun a fait son chemin. Mais Dieu a voulu que nous nous retrouvions et nous nous sommes retrouvés », a révélé Guillaume Soro, et ce n`est pas tout. L`officier supérieur a également été d`un soutien de poids à l`ex-rébellion pendant les négociations serrées de Lomé, au début de la crise avec la délégation présidentielle conduite par Laurent Dona Fologo. « A Bouaké, je ne l`oublierai pas, nous étions invités à Lomé pour aller discuter en 2002 quand le cessez-le-feu avait été signé. J`ai pris ma voiture et j`étais avec Tuo Fozié et Chérif Ousmane. Arrivés à l`aéroport, on s`est regardé et j`ai dit qu`on s`en va discuter à Lomé face à une délégation présidentielle, une grande délégation avec des personnalités d`expérience comme Fologo et comme Gui Dibo. Et quelqu`un s`est approché de moi pour me dire Guillaume, il faudrait avoir dans votre délégation un officier pour que votre délégation ait du poids. J`ai demandé à Tuo Fozié, quel officier on peut avoir ici à Bouaké. Et on s`est rappelé que le Général Gueu, à l`époque Colonel était là. J`ai repris mon véhicule, je suis allé au camp (le 3ème Bataillon), et là-bas, j`ai dit que je veux voir le Colonel Gueu. Quand je l`ai vu, je lui ai dit ceci : " Mon colonel, je suis venu vous voir et je veux que vous m`accompagniez à Lomé ». Le Général Gueu a répondu favorablement à l`appel de Soro. Son grade de colonel des ex-Fanci donnait ainsi du poids et du crédit à la délégation de l`ex-rébellion face à celle envoyée par Laurent Gbagbo à Lomé.

Le coup de fil du Général à son épouse

« C`est important de le rappeler, car il y a des moments, où il faut prendre une décision. Des moments "T" où vous n`avez aucune visibilité sur votre avenir. Où c`est une décision à risque pour vous. Tous les hommes ne prennent pas la bonne décision au bon moment. Sans hésiter, il m`a donné son ok. La seule chose qu`il m`a demandée c`est de lui permettre de donner un coup de fil à son épouse. Je lui ai répondu qu`il peut même en donner deux. Après son coup de fil, il a fait ses bagages et on est parti à Lomé. A cette période, il était très important qu`on ait un officier dans notre délégation. Depuis ce jour, le Général Gueu et moi, nous ne nous sommes plus quittés », a expliqué le patron des Forces nouvelles, non sans louer les qualités d`officier de valeur et de collaborateur fidèle chez Michel Gueu. « Chez les Yacouba, il n`y a pas beaucoup d`intelligents, il est le seul qui fait exception », a-t-il dit avec un brin d`humour basé sur l`alliance interethnique entre les peuples Sénoufo et Yacouba.
Heureux, les parents du Général Gueu Michel, par la voix de leur porte-parole, M. Kato Gilbert, ont rendu un vibrant hommage au Premier ministre pour la confiance qu`il a placée en leur fils, en le proposant à ce haut poste de chef d`état-major particulier du président de la République. « Le peuple Dan vous attend à Danané, à Zouan-Hounien et à Bin-Houyé pour vous dire de vive voix sa reconnaissance ». Quant à Michel Gueu, il a appuyé l`invitation de ses parents à Guillaume Soro. « Ma promotion est en grande partie votre œuvre. Et comme l`ont demandé mes parents, nous vous attendons au village pour vous rendre l`hommage que vous méritez », a dit Gueu Michel au Premier ministre.

Hamadou ZIAO
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