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Société Publié le mercredi 17 août 2011 | Soir Info

Maisons d`arrêt / Comment les premiers prisonniers sont arrivés à la Maca, hier : Tout sur le pénitencier réhabilité

Les prisonniers des maisons d'arrêt ont été libérés le 31 mars 2011, à la faveur de l'exacerbation de la crise post- électorale pour faire tomber l'ancien régime. Le mardi 16 août 2011, la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) a enregistré seize prisonniers, après sa réouverture. L'ambiance sur les lieux.


A la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) de Yopougon, il est 10h40, ce mardi 16 août 2011. Des policiers sont présents. Quelques gardes pénitentiaires, des journalistes et autres personnels civils sont dehors. Le ciel semble clément. Cinq minutes, plus tard, des gendarmes arrivent, suivis de hauts gradés de leur hiérarchie. Quelque temps après, un motard, à perte de vue, déchire le silence. Il est suivi d'un car de la gendarmerie nationale. Les riverains sortent nombreux des logements, en face, pour voir ce qui se passe. Le car, après des manoeuvres, stationne devant le pénitencier, à gauche de l'entrée principale de la prison. Une pluie fine tombe. Chacun cherche à s'abriter. A 11h02 mn, le ministre d'Etat, Garde des sceaux, ministre de la Justice, Me Ahoussou Jeannot arrive. Une dizaine de minutes, après, le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur, Hamed Bakayoko lui emboîte le pas. Comme son homologue de la Justice, il sert la main des personnels civils qui ont formé une haie d'honneur et fonce vers la grille à deux battants de la Maca. La minute qui suit, la prison est ouverte. Les deux ministres saluent près de deux cents gardes pénitentiaires qui ont formé une haie d'honneur, à l'intérieur, avant de se diriger vers les locaux de l'administration. Tous les murs, jadis crasseux, sont dans de nouveaux habits. La couleur jaune leur va à merveille. Les ministres et leur suite traversent les bâtiments A (délits mineurs jugés) et B (délits mineurs non encore jugés) et font escale dans le dernier bâtiment, au fond, le bâtiment C, réservé aux gangsters, aux voleurs à main armée, aux assassins, en un mot, à ceux qui sont condamnés à plus de 5 ans de prison. Ils entrent dans la cellule 3 du premier étage. Ici comme dans les cinq autres, il n'y a pas de place prévue pour se coucher. Longue d'environ 15m sur près de 5m, elle est dotée d'un Wc au dessus duquel se trouve un robinet. On apprendra qu'elle contenait au moins 80 personnes. Le « blindé », en haut, où les hôtes ne se rendent pas, il s'agit d'un ensemble de cellules (des réduits) de près de 9m2, avec le même système de toilette.

Un repas par jour

Une fois par semaine, le prisonnier, jugé dangereux peut sortir de sa cellule. « Avant, ils portaient des chaînes au pied », explique un garde pénitentiaire. Les ministres qui foncent, plus tard, au bâtiment des « assimilés » (pour des personnes respectables), un peu excentré, posent les pieds au 1er étage et pénètrent dans les cellules 12 (qu'avait occupé Gbagbo en 1992, où dans une cabine, un lavabo et un Wc à bidet se font face), 20 et 17. Dans la 20, le ministre Hamed Bakayoko va se remémorer son séjour en ce lieu, il y a longtemps, avec des personnalités dont nous taisons les noms. « C'est mieux », lâche-t-il. Chaque cellule est pourvue de quatre lits en bois. Un meuble, solidement fixé au sol, servira de table à manger. Il y a également une cabine à toilette. Un tour à la cuisine permet aux ministre d'apprendre que les détenus auront un repas, par jour. « Ils se débrouillent alors pour les autres repas? », demande le ministre de l'Intérieur qui reçoit une réponse affirmative du régisseur Yao Patrice. Le ministre de la Justice indique que les choses iront nettement mieux que les années passées. A 11h48mn, les ministres sortent de la Maca et quittent les lieux. Le car de la gendarmerie qui attendait, fait son entrée. Il est demandé à tous les journalistes et aux civils de sortir. Ils ne s'exécutent pas. Ils sont alors abordés un à un. Le journaliste et le cadreur de Rti1 qui reconnaissent l'un de leurs collègues, Hermann Aboa, assis devant, en première ligne, à droite, derrière la cabine du conducteur, arborant une chemise bleue ciel, tiennent à lui témoigner leur soutien. Malgré la pression des gardes pénitentiaires, ils insistent pour lui faire des gestes qui en disent long sur leur envie de lui serrer la main et d'en savoir certainement davantage sur ses conditions de vie et de détention à la gendarmerie d'Agban, depuis le 21 juillet. Ce dernier, loin d'être abattu, présente une mine de gaieté et répond à l'équipe de la Rti1. Pour ne pas que des indiscrets prennent des photos, les gendarmes ordonnent que le car avance encore jusqu'à atteindre le portail d'entrée à la cour principale de tous les bâtiments. Sous la contrainte, nous sortons de la Maca, peu après midi, laissant derrière nous, les seize premiers prisonniers dont un confrère, Hermann Aboa arrêté pour « atteinte à la sûreté de l'Etat » qui seront dans des cellules du bâtiment C. Nous n'en saurons pas plus sur ses co-détenus quand le portail se fermera derrière nous. Notons qu'avant l'arrivée des ministres, nous avons pu visiter les bâtiments des mineurs et des femmes. Le relooking est complet, partout. Même les logements des gardes pénitentiaires ont été peints. A en croire une source, pour éviter le transfert de drogue dans la prison, un magasin y sera ouvert. Les repas qui viendront de la ville ne seront plus acceptés comme par le passé. Les détenus seront surveillés par des gardes et des gendarmes mieux armés.

Dominique FADEGNON
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