x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mercredi 17 août 2011 | L’expression

Commercialisation frauduleuse du cacao ivoirien : Le trafic illégal vers le Ghana s’est accentué

© L’expression
La Côte d`Ivoire reprend ses exportations de cacao
La fin de la crise post électorale et le retour à la normalité n’ont pas freiné ce trafic frauduleux du cacao ivoirien vers le Ghana. Les producteurs indélicats ayant pris goût ils ont intensifié leur activité.


Multiples raisons, selon les témoignages de certains acteurs, justifient l`écoulement frauduleux de la fève brune ivoirienne au Ghana. Il y a d’abord le refoulement du cacao dans les ports d’Abidjan et San Pedro pour « mauvaise qualité ». Lorsque le produit est refoulé, il est ramené à Abengourou afin de procéder à un nouveau reconditionnement. Le hic, c’est qu’une fois à Abengourou, ce cacao change de fuite et prend la route du Ghana voisin. La destination vers le port ghanéen s’explique aussi par les nombreux barrages et le racket sur les routes ivoiriennes mais aussi et surtout le bon prix pratiqué au pays d’Atta Mills par les pisteurs. Notre interlocuteur n’hésite pas à lister les canaux de fuite du cacao ivoirien. La ville de Niablé, située à environ 2 Km du Ghana, reste un canal d’écoulement par excellence. De nombreuses plantations appartenant à des paysans ivoiriens s’étendent parfois sur le territoire ghanéen du fait de la proximité. Ces derniers n’hésitent pas à convoyer leur production de l’autre côté de la frontière. Le trafic se fait la nuit avec la complicité de certains agents des forces de défense et de sécurité qui empochent des pots de vin oscillant entre 3.000 et 5.000 Fcfa par barrage. Akati, une bourgade située à 18 Km de la sous-préfecture d’Ebillasokro et à 25 Km d’Abengourou, constitue une autre plaque tournante du trafic. Cette localité logée au cœur de la forêt classée de Diamalakro est convoitée par les planteurs des deux pays. Des villageois soulignent que l’essentiel des convois font escale à Akati avant de prendre la route en direction du Ghana. Quand les véhicules, lourdement chargés quittent Zaranou ou Ebillasokro, ils sont escortés par des agents des forces de sécurité et de défense pour faire échec aux éventuels coupeurs de routes qui sévissent dans la zone. Le département de Béttié, précisément la localité d’Attiékro, est bien connu des trafiquants.

Des prix d’achat attractifs


Les pisteurs ghanéens ont trouvé l’astuce pour attirer les producteurs ivoiriens dans leur filet. Pour la campagne en cours, les prix dd l’autre côté oscillent entre 900 à 950 Fcfa le kilo. « La situation économique des paysans s’est davantage dégradée. Le trafic frauduleux du cacao vers le Ghana auquel s’adonnaient certains hommes d’affaires s’est accru du fait du blocus sur les ports ivoiriens. Dans la région, des responsables de coopérative poursuivent ce commerce frauduleux qui constitue une perte énorme pour l`économie ivoirienne et surtout pour les coopératives», déplore Maurice Sawadogo, administrateur à la Fédération ivoirienne des producteurs café-cacao, délégué régional de l`Est. Le troisième vice-président de l`Union des coopératives agricoles de Côte d`Ivoire, Tanoh Serge Toussaint, ne cache pas son agacement face à ce fléau. «Nous payons nos impôts. Au titre de l`exercice 2010, notre coopérative (Coopai) a payé 200 millions de Fcfa de Droit unique de sortie (Dus) à l`Etat de Côte d`Ivoire alors que le cacao qui rentre au Ghana n`apporte aucune devise dans les caisses de l`Etat », fait-il remarquer.
L’arrivée des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) n’a pas freiné la fuite du cacao ivoirien vers le Ghana. Bien au contraire, le racket sur les camions a pris des proportions plus inquiétantes. « On nous impose entre 300 à 500.000 Fcfa sur chaque chargement. Avant la chute de Gbagbo, nous payons tout au plus 50.000 Fcfa pour un chargement à destination d’Abidjan. Nous avons décrié ce racket. En vain car il est revenu en force», dénonce K. N., exploitant agricole. Pour freiner la fuite de cette matière première vers le Ghana voisin, les paysans ont mis en place des comités de surveillance avec le concours de Kassi Amouzou, ex-président du Conseil de gestion du fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café cacao ( Fdpcc). Cela avait permis, disent-ils, de juguler un tant soit peu la fuite illégale. « On avait onze comités sur toute la frontière Est, à l’exception d`Aboisso. On a fait un bon travail avec l`arrestation de plusieurs véhicules en partance pour le Ghana. A Ebilassokro et Abronanmoué surtout. Les deux premières années ont été très bonnes », se félicite Adou Edoukou Léon, président des comités de surveillance et coordonnateur régional de l`Anaprocci. M. Adou note avec beaucoup de regret le manque de suivi qui a occasionné la disparition des comités en 2008. Conséquences : les régions productrices assistent, impuissantes, à l’écoulement de leurs produits vers le Ghana en transitant par Abengourou. 100.000 tonnes de la production nationale transite chaque année par Abengourou, 70% de la production de l`Indenié rejoint le Ghana, selon les statistiques fournies par l`ex président des comités de surveillance. Il est temps, pour l’administration Ouattara qui fait de la bonne gouvernance son cheval de bataille, de poser le bon garrot pour arrêter cette hémorragie…économique et financière.


Bomo Ange
Correspondant régional

Légende : Les productions de café caco sont acheminées vers le Ghana voisin par des de jour comme de nuit
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ