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Société Publié le mardi 23 août 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Salia Ouattara, essayiste, auteur de « Comment vaincre le stress » : ‘’Je suis un intellectuel de la rue’’

Il s’appelle Salia Ouattara. Il a 64 ans, est né à Bouaké et est originaire du département de Prikro. Issu de l’ethnie Akan Andoh, Salia Ouattara est musulman pratiquant. Il a livré son secret dans un ouvrage intitulé « Comment vaincre le stress et la peur » ses conséquences sur le comportement de l’homme. Simple infirmier, Salia Ouattara se définit lui-même comme un intellectuel de la rue. Interview.
Qui est Salia Ouattara ?
Je suis né à Bouaké. Mais, je suis originaire de Prikro. Musulman de l’ethnie Andoh, du groupe Akan. Comme tout élève, j’ai commencé par l’école primaire avant d’atterrir au collège d’orientation entre 1961-1963 puis au lycée municipal entre 1963-1965. En Octobre 1965, j’ai fait un petit passage à l’école des infirmiers d’Etat en 1966-69. Je me suis spécialisé en technicien de circulation extracorporelle : cœur et poumons. En 1978-2001, je deviens délégué médical. Puis j’arrête sans être officiellement à la retraite. Aujourd’hui, je vis une citoyenneté durable, consacrée à la science et à la spiritualité.

Vous êtes auteur d’un essai « Comment vaincre le stress et la peur ». Quel est l’impact réel de ces tensions intérieures dans le comportement de l’homme ?
Comment vaincre le stress et la peur est une technique personnelle. Parce que j’ai constaté que la respiration de tout homme stressé témoigne de son état d’âme. Une personne stressée perd toute notion du temps et de l’espace. Et dans la réalité physiologique, le stress ou la peur peut provoquer des troubles d’organisation de la pensée. J’ai connu moi-même le stress. Et personne n’échappe au stress. C’est la dynamique du déséquilibre résultant d’un traumatisme. J’ai cette certitude. Mais je n’ai pas les moyens pour convaincre le collège scientifique. Parce que tout simplement, je ne peux pas, tout seul, valider mes recherches.

Vous êtes autodidacte et chercheur. Comment êtes-vous devenu scientifique et spiritualiste?
La science médicale m’a permis d’étudier l’anatomie et la physiologie de l’homme. Et moi, je comprends bien le corps humain, tenu par l’âme qui relie le corps et l’esprit, qui gère à son tour la physiologie que je crois être vrai. Et, c’est bien ce rayonnement cohérent qui soutient l’homme dans la spiritualité. Au plus profond de moi-même, je vis et je vis bien.

En la matière, on vous définit comme un intellectuel de la rue. Etes-vous d’accord sur cette définition ?
J’ai un jour rendu visite à l’écrivain Bernard Dadié grâce à Logbo Gnézé, enseignant à l’université de Bouaké. Bernard Dadié a voulu savoir qui j’étais… Tout simplement, j’ai répondu: un intellectuel de la rue…avec un niveau d’étude de la classe de 3ème. A l’école primaire, j’étais très brillant. Je suis entré en 6ème à partir du CM1. Je n’étudiais pas. Bavard et turbulent, j’étais toujours en retard mais j’avais mes moyennes. De l’école primaire TSF Bouaké au Collège d’Orientation de Bouaké (Ndlr ;COB) en passant par le lycée municipal. J’atterris à l’école des beaux arts, dirigée à l’époque par Homs. Là aussi, je suis parti… de moi-même.

Dans vos recherches sur l’équilibre humain, vous avez dit que la voix et les sens sont des facteurs de santé et de développement pour l’homme. Soyez plus explicite ?
Très sérieux, parce que c’est le désaccord religieux qui crée tout le malaise dans le monde. Dans mon consensus religieux que je crois possible, il faut avoir des hommes intègres, des hommes bien éduqués et bien formés spirituellement pour faire un monde merveilleux. Je suis très déçu parce que les scientifiques se prononcent difficilement sur le sujet et pourtant, ils sont capables d’avis importants. Pour le consensus religieux, l’humanité scientifique a son mot à dire et doit particulièrement s’ouvrir au débat.

J’insiste sur la même préoccupation…
Tout le monde sait que l’homme, pour exister, doit vivre. Et pour être en vie, il faut respirer. Et si nous sommes en vie, il faut apprendre à se réaliser. Aussi ne faut-il pas avoir peur de la mort. Ce que je dis est très formateur et finit par trouver la solution dans la respiration, ou le souffle du soupir. Rien que cela, on peut vaincre le stress et la peur, deux attitudes et comportements qui déséquilibrent l’équilibre humain. Les scientifiques le savent mais ils ‘’enseignent’’ difficilement leurs recherches à leurs élèves, les plus méritants.

Pourquoi insistez-vous sur le fait que l’amour fait frontière avec la haine ?
La frontière entre la haine et l’amour c’est l’intérêt. Tout ce qui est satisfaction. C’est tout.

Science et Spiritualité : Un thème déjà évoqué par d’autres écrivains. Qu’allez-vous faire si votre ouvrage ne marche pas ?
Je vais vous dire que mon livre est déjà épuisé grâce à un ami Koné Dogomory qui a payé l’éditeur. J’ai fait du porte à porte pour ‘’vendre’’ mon ouvrage. Surtout, j’ai ciblé des personnes de qualité. En tout cas, ceux qui veulent rééditer l’ouvrage, peuvent s’adresser à Koné Dogomory qui m’a beaucoup soulagé dans la conception de mon livre.

L’argent et la célébrité : Quel serait votre choix pour parvenir à votre épanouissement ?
L’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître. Gagner de l’argent, c’est utile mais trop en avoir donne aussi des soucis. Célèbre ? Je rigole. J’ai été déjà célèbre. Au collège, avec le professeur Boundou François, j’étais très célèbre en dessin. Avec le professeur Bouton, j’étais premier en sciences naturelles et croquis. J’étais le dessinateur du journal du lycée municipal. « Echos », c’était le nom du journal. L’argent c’est bon, la célébrité aussi. Mais moi, je veux exister en pleine santé qui consiste à respirer à plein poumon, l’esprit connecté au paradis, pour enrichir mes réflexions, bâties sur mes propres écoutes. C’est une thérapie au-dessus de l’argent et de la célébrité. Et, j’y crois.

Salia Ouattara, vous êtes un intellectuel. Mais aussi un Ivoirien. Quelle est votre réaction face aux évènements politiques en Côte d’Ivoire ?
J’ai déjà dit devant plusieurs politologues et éminents littéraires que c’est bien le tribalisme, le manque de sagesse et d’amour qui ‘’tuent’’ la Côte d’Ivoire. On fait la politique en Côte d’Ivoire avec le sentiment de tribalisme. C’est ce qui a entraîné la guerre en terre ivoirienne.

Pensez-vous que certains chefs d’Etat d’Afrique commettent une grosse erreur en s’accrochant au pouvoir par tripatouillage de la Constitution ?
C’est un comportement humain quand nous savons que le pouvoir est doux. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde de pensées, d’attitudes et de comportements qui font les intérêts de chacun de nous. Les chefs d’Etat africains qui refusent de quitter le pouvoir, connaissent déjà le délice.

Vous avez fait l’armée. Mais quelle armée ?
J’ai été soldat, classe 681A à l’école des forces armées de Bouaké. C’était en 1969-1970, et j’ai fait seulement 15 mois pour finir sergent-chef. A l’époque, il y avait de bons conseillers militaires. Ouattara Thomas D’Acquin, Gueï Robert, Decassant, Zinsou, Coulibaly Ibrahim qui ont donné une lettre de noblesse aux forces armées de Côte d’Ivoire. A l’école des forces armées de Bouaké, j’étais au service santé militaire avec pour formateurs, les médecins- colonels Abinan et Ahimon.

Votre livre traite des tensions intérieures chez l’homme. Quel est votre regard sur les hommes politiques en Côte d’Ivoire influencés par la haine, la violence, les rancœurs et la méchanceté ?
Je vais tout simplement, pour toute réponse, citer l’ancien président du Conseil constitutionnel Yao N’Dré : « Nous sommes tous possédés par Satan ». Et moi, j’ajoute que tout ce qui est Satan est démoniaque. La haine, la violence, la méchanceté sont de très vilains sentiments. Et, c’est ce qui a alourdi l’atmosphère politique en Côte d’Ivoire. Cela de façon excessive et qui ne nous apporte rien que le drame. Mon livre, traite justement de ce déséquilibre chez l’homme. Moins nous doutons, plus nous devenons stressés, violents et méchants. C’est pourquoi, ce livre a été distribué et offert gracieusement à Laurent Gbagbo, Bernard Dadié, Zady Kessi Marcel, Ouattara Alassane et au Camerounais, le père Miba Abessolé ; sans oublier les espaces confessionnels dont Radio espoir et les différentes mosquées d’Abidjan.

Votre message au nouveau ministre de la Culture et de la Francophonie, Bandaman Maurice ?
Je félicite le ministre Bandaman Maurice pour son combat, le bon combat pour la littérature. Mais le plus difficile reste à venir. Je pense à un colloque scientifique et spirituel dont le contenu pourrait tourner autour rôle et de la place de la culture dans le processus de reconstruction nationale et pour la paix. Et je souhaite que d’éminents professeurs comme Théophile Koui, auteur du livre ‘’Côte d’Ivoire, les cavaliers de l’apocalypse’’, avec les 14 résolutions du forum passé, les 10 résolutions des 4 grands Bédié, Gbagbo, Gueï, Soro à Yamoussoukro et les 72 résolutions d’intellectuels africains, soit invité. Je pense que tout cela n’est pas excessif pour le renouveau de la Côte d’Ivoire.
Ben Ismaël
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