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Politique Publié le lundi 5 septembre 2011 | L’expression

L’Editorial : La leçon Choï

© L’expression Par Emma
Après des années de bons et loyeux services rendus à la Côte d`Ivoire: le dîner d`adieu à Choi Yun-Jin
Vendredi 26 août 2011. Abidjan. Après des années de bons et loyeux services rendus à la Côte d`Ivoire, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Choi Yun-Jin quitte définitivement notre pays. Le ministre d`Etat, ministre des Affaires étrangères Daniel Kablan Duncan tenu à lui offrir un repas d`adieu
Il ne l’a pas laissé transparaître. Mais, le 1er septembre 2011, quand il quittait le sol ivoirien, Choï Young-Jin pouvait légitimement savourer le sentiment du devoir accompli. Le diplomate sud-coréen aura été l’homme par qui le destin de la Côte d’Ivoire bascula… Mais dans le bon sens. Peu de personnes dans ce monde auraient pu regarder Gbagbo et sa horde de tueurs, affranchis des pesanteurs diplomatiques, animés par la volonté uniquement biologique de conservation du pouvoir comme planche de salut, et s’opposer à leur aventure de novembre 2010 qui se prolongera jusqu’au mois d’avril 2011. Le 28 novembre 2010, les Ivoiriens se rendent massivement aux urnes. C’est le deuxième tour des élections présidentielles historiques. Elles sont attendues par tous comme la sortie de la crise politico militaire qui paralyse le pays depuis septembre 2002. Au petit matin du lendemain, le lundi 29 novembre 2011, les initiés savent que le pays de Houphouët-Boigny est sur la corde raide. Ce que beaucoup d’observateurs, y compris de nombreuses chancelleries de grandes nations, souhaitent mais redoutent est là : Gbagbo a perdu les élections. Comme à son habitude, le patron du Front populaire ivoirien, Fpi, et son conglomérat d’organisations satellites réunies au sein du Congrès national de la résistance et la démocratie, Cnrd, jouent le pourrissement. Il espère apeurer suffisamment la Commission électorale indépendante, Cei, pour empêcher la proclamation des résultats, et jeter dans la bataille son « grand électeur », le Conseil constitutionnel, aux mains de ses partisans. A leur tête celui qui se rendra tristement célèbre, Paul Yao N’Dré. La machine folle se met effectivement en marche. Les éléments de la garde républicaine du général Dogbo Blé entrent en action. Ils tentent de déloger les gendarmes en charge de la sécurité au siège de la Cei. A l’intérieur du bâtiment, les hommes de main du chef de l’Etat sortant bloquent le déroulement de la proclamation des résultats. Le monde entier verra sur les écrans des télévisions Damana Pickas s’emparer, puis déchirer les feuilles des résultats provisoires que le porte-parole de la commission électorale, Bamba Yacouba, s’apprêtait à lire. La messe était dite. Les élections ne se solderont pas par une issue pacifique. A la manœuvre, Gbagbo semble maitriser son jeu. La télévision est retirée de la Cei. L’insécurité s’installe dans l’institution et la vie des commissaires ne tient à rien du tout. Au prix d’efforts titanesques, le président de la Cei parvient à regagner l’hôtel du Golf. Il proclame les résultats provisoires de la consultation. Alassane Ouattara a été élu par les Ivoiriens avec un peu plus de cinquante quatre pour cent des voix. Ce jeudi 3 décembre 2010, les Ivoiriens savent que la partie ne fait qu’entrer dans sa phase critique. Les résultats de la Cei ne seront jamais acceptés par le camp qui avait pour slogan de campagne « On gagne ou on gagne ». Ils n’ont pas tort. La réplique de Gbagbo est immédiate. A travers les ondes de la télévision nationale où s’est précipité le président du Conseil constitutionnel, l’information tombe : « les résultats de la Cei sont nuls et de nul effet », tonne Yao N’Dré. Le lendemain, les vrais résultats, ceux pour lesquels le prince a sorti le gros bâton et s’apprête à braver le monde entier sortent de la bouche de l’homme commis aux sales besognes. Gbagbo est proclamé vainqueur avec cinquante et un pour cent des voix. Par un Conseil constitutionnel qui sera obligé de fournir un trésor d’imaginations pour trouver la parade juridique, et offrir un semblant de légalité au coup d’Etat militaire de Gbagbo. Le samedi 4 novembre 2011, le chef civil de la nouvelle junte ivoirienne se fait investir président de la République. En présence de ses partisans. Ni diplomates, ni chefs religieux, encore moins de chefs coutumiers dignes de ce nom ne feront le déplacement. C’est que la précipitation de Gbagbo répond à une angoisse. Celle là très forte : jusqu’où ira le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu ? En effet, Gbagbo, en historien, ne se souvient pas de pays où le chef de l’Etat en poste a été désavoué par une mission de l’organisation internationale. Les us et coutumes de la diplomatie, et les nombreux exemples démontrent plutôt qu’il peut être sermonné pour des actes considérés comme pas très courtois. Pas plus. Autrement dit, Gbagbo s’attendait à ce que Choï fasse la moue, mais s’aligne sur son hold-up. Mal lui en a pris. Au soir du vendredi où Yao N’Dré et ses acolytes ont opéré leur forfaiture, le Sud-Coréen, sans se départir de son flegme, a remis les pendules à l’heure. A 17 h, sur les ondes de la radio onusienne en Côte d’Ivoire, il certifiera les résultats proclamés par la Cei. « Alassane Ouattara est le seul président élu de la Côte d’Ivoire. Même si tous les recours introduits par Gbagbo étaient pris en compte, le résultat ne changerait pas ». En ces quelques mots, Choï a ainsi sauvé le vote des Ivoiriens. Le Coréen sera avec les populations jusqu'au bout. Bravant les balles, les menaces et les moyens de corruption de toutes sortes déployés par Gbagbo. A Choï, la Côte d’Ivoire renaissante doit beaucoup ! Les générations futures, plus que les Ivoiriens d’aujourd’hui se souviendront de ce grand, (ce n’est pas qu’un détail de taille), Coréen.
D. Al Seni
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