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Politique Publié le mercredi 7 septembre 2011 | Notre Voie

Depuis l’exil / Jean Marie Konin (Président de la Fenopaci) : “La libération de la Côte d’Ivoire va conditionner sa stabilité”

Jean Marie Konin, président de la Fédération nationale des orateurs, « parlements » et agoras de Côte d’Ivoire (Fenopaci) est en exil depuis le 13 avril dernier. Il a accepté de livrer ses impressions sur la situation sociopolitique de la Côte d’Ivoire. Le président de la Fenopaci est convaincu que la stabilité du pays est conditionnée par sa libération du joug colonial français.
Notre Voie : Où êtes-vous en exil et comment passez-vous vos journées ?
Jean Marie Konin : Souffrez que je garde mon lieu d’exil secret. Mais, Je passe beaucoup de temps dans la prière. Je prie pour tous les Ivoiriens qui aujourd’hui sont en esclavage et en déportation dans leur propre pays. Comme l’a révélé le Seigneur Jésus Christ dans Ecclésiaste 10 verset 7, « J’ai vu des esclaves monter sur des chevaux et des maîtres en train de marcher comme des esclaves ». Je voudrais, par conséquent, inviter à la prière et à la repentance. Car très bientôt les choses se normaliseront dans ce pays.

NV : Quelles sont, selon vous, les conditions de la réconciliation nationale évoquée par le nouveau régime ivoirien?
JMK : Le problème ivoirien est avant tout politique. La réconciliation nationale ne peut être effective que s’il y a une volonté politique dans ce sens. Comment parler de réconciliation nationale quand on détient arbitrairement, en prison, toute une classe politique qui représente au moins 50% du peuple. Il faut d’abord libérer ces prisonniers politiques, arrêter toute sorte d’exactions, mettre fin à ce méli-mélo juridico-politique qui crée un vuvuzela ridicule. Dans quelle République sommes-nous ? Le tribalisme exacerbé est la règle de gestion sous le régime Ouattara. Hormis les Malinké (Dioula) et accessoirement les Baoulé, toutes les autres ethnies du pays se sentent exclues de la gestion du pays sous Ouattara. Vraiment le chemin de la réconciliation nationale sous ce régime est très impraticable.

NV : Quel est l’avenir des « parlements » et agoras?
JMK : Ces espaces où se retrouvaient quotidiennement les Ivoiriens, toute tendance politique confondue, pour échanger sur la marche de leur pays, étaient le symbole même de la parole libérée sous le régime Gbagbo. C’est cet acquis que le régime Ouattara veut supprimer. Tous les acteurs de ces espaces de liberté d’expression sont activement recherchés, leurs maisons pillées, leurs familles harcelées par les escadrons de la mort des Frci. Les sbires du régime Ouattara s’attaquent aux « parlements » et agoras. L’exemple palpable est « la Sorbonne » au Plateau. Mais grâce au soutien de tous les Ivoiriens, nous avons réussi à établir un « parlement » virtuel supranational qui nous permet de suivre l’évolution de l’actualité sur toute l’étendue du territoire national. Les « parlements » et les agoras sont des tribunes, des plate -formes d’échanges entre le peuple et ses dirigeants. Le dirigeant doit rendre compte de sa gestion au peuple qui à son tour doit être à mesure de donner son avis sur la conduite des affaires publiques. Il faut, à terme, institutionnaliser ces espaces pour approfondir notre démocratie. Par exemple, le député d’une circonscription avant tout débat à l’hémicycle peut prendre l’avis de ses administrés pour approfondir son observation et être en phase avec le peuple. Ça doit être aussi le cas des maires et tout autre responsable à quel que niveau que ce soit dans la société. Ces espaces n’appartiennent ni à un parti politique, ni à une religion.

NV : A quelles conditions, la Côte d’Ivoire retrouvera-t-elle la stabilité politique, sociale et économique ?
JMK : La stabilité d’un pays dépend fondamentalement du niveau d’évolution de la mentalité du peuple sur des questions essentielles de son existence, telle que sa souveraineté à tous les niveaux. Or, la racine principale de la guerre en Côte d’Ivoire est le choc produit par la prise de conscience du peuple ivoirien de son droit à disposer de lui-même et les susceptibilités néocolonialistes de la France que nous enquiquinons avec nos revendications souverainistes. Cette lutte, au niveau où le président Laurent Gbagbo l’a placée est sans compromission. La stabilité de la Côte d’Ivoire dépend de la volonté de la France de nous libérer du joug colonial. Au lieu d’aller dans ce sens, la France fait le contraire en renforçant les liens de la dépendance. C’est dire que la stabilité tant recherchée n’est pas pour demain. Ce n’est ni l’incarcération de Laurent Gbagbo et tous les démocrates ni le soutien tout azimut de la France au régime Ouattara qui va résoudre le problème.

NV : Que doivent faire alors les Ivoiriens pour obtenir la stabilité durable de leur pays ?
JMK : De toutes les puissances colonialistes, la France reste celle qui ne s’est pas encore affranchie de son complexe de colon. Mais nous n’allons pas rester éternellement soumis. Tôt ou tard, il va falloir prendre le contrôle de notre destin. C’est pourquoi le souci primordial de l’Ivoirien ne doit pas être la recherche d’une stabilité hâtive. Mais plutôt de conquérir la liberté qui est le baromètre de toute paix durable. Vouloir une stabilité dans la soumission, c’est comme construire un château sur du sable. Si tu confie la clé de ta tranquillité à ton voisin, ta paix dépend de son humeur. Donc face à l’attitude néocolonialiste de la France, les Ivoiriens ne peuvent que lutter. Et la France le sait très bien. Mais, Il est de la responsabilité des Ivoiriens de libérer la Côte d’Ivoire. Tant que cet objectif n’est pas atteint, tout projet de stabilité est illusoire.

Entretien téléphonique réalisé par
Koukougnon Zabril
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