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Politique Publié le samedi 10 septembre 2011 | Le Mandat

Interview/ Kima Emile (Président du comité de soutien aux Accords politiques de Ouagadougou) : “Mes propositions pour la réconciliation et la paix”

Leader d’opinion et ambassadeur de la paix en Côte d’Ivoire, Kima Emile veut apporter sa pierre à la réconciliation entre les Ivoiriens. Aussi, le président du comité de soutien aux Accords politiques de Ouagadougou invite-t-il les ressortissants de la Cedeao à aider le pays qui les accueilis à aller à la réconciliation.

L’application de l’Accord politique de Ouagadougou (Apo) n’est pas encore effective. Il reste le désarmement et l’encasernement des ex-combattants. Quelle est votre réaction sur ce sujet ?

L’Apo n’est pas caduc. Je continue d’apporter mon soutien à son application. Pour moi, le plus important, c’est la paix, la meilleure arme. Il faut que mon pays d’accueil ait la paix. Tout le reste vient après.

Pendant la crise postélectorale, vous avez pris des positions qui ont dérangé certains de vos compatriotes et des Ivoiriens. Qu’est-ce qui a bien pu motiver votre choix ?

Non, les gens ne m’ont pas compris. Je n’ai pas pris de position pour tel ou tel candidat. Je suis resté fidèle à ma logique. Premièrement, j’ai toujours dit que nous ressortissants de la Cedeao, nous devons nous démarquer de la politique de notre pays d’accueil.

Deuxièmement, j’ai toujours refusé qu’on nous utilise comme un bétail électoral.

Troisièmement, nous devons accompagner les Ivoiriens à aller à la paix. Ensuite, nous devons les aider pour qu’il y ait l’entente. Ce n’est pas mon devoir de diviser les Ivoiriens ou la communauté ouest-africaine. J’ai toujours dit aux ressortissants de la Cedeao de respecter les lois de la Côte d’Ivoire, de ne pas s’immiscer dans la politique ivoirienne. Un pays sans étranger ne peut se développer. C’est vrai, j’étais proche du pouvoir, ce qui est tout à fait normal. Je suis un leader d’opinion et responsable de la communauté Cedeao.

Mais, en me rapprochant du pouvoir, c’est pour que les préoccupations de mes compatriotes puissent être prises en compte. Où est le mal en cela ? La politique ne doit pas nous diviser. On mène des débats d’idées. Il y a des ministres qui travaillent avec le président Ouattara et qui ont servi le régime Gbagbo. Donc, mettons-nous ensemble pour construire la Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens n’ont pas besoin de règlement de compte,ni de haine.

Vous êtes le président du soutien à l’Accord politique de Ouagadougou. Il y a un signataire de cet accord qui a perdu le pouvoir. Il a été arrêté et inculpé par la justice ivoirienne pour crime économique. Votre commentaire ?

En tant que leader d’opinion, le président de la République, Alassane Ouattara, doit se mettre au-dessus de toutes les parties .Dès que vous êtes chef de famille, vous devenez le père de tous les enfants. C’est vrai, il ya eu la crise, mais, ce sont tous des Ivoiriens. Je ne donne pas d’ordre, je pense qu’il faut libérer tous ces prisonniers politiques pour apaiser le cœur de tout le monde. Je pense que toutes les parties qui étaient en conflit ont subi des conséquences. Nous ne sommes plus à l’heure des règlements de compte, nous sommes dans la phase de réconciliation et du pardon.

Vous avez récemment rencontré le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation ( Cdvr) avec des leaders des jeunes pro-Gbagbo et ceux des Forces nouvelles. Que lui avez-vous dit ?

Nous sommes allés le rencontrer pour le féliciter après sa nomination par le chef de l’Etat.

Avant de poser tout autre acte pour la réconciliation, nous sommes allés l’informer de nos actions et des activités que nous avons déjà menées. Il nous a donné des conseils. Chaque Ivoirien doit apporter sa contribution pour que la paix revienne. Nous avons rencontré M. Charles Konan Banny, nous lui avons fait savoir que Kima Emile s’occupe de la Cedeao.

Quelles sont les actions menées pour que la paix revienne ?

Je parle plus aux ressortissants de la Cedeao. Je m’entretiens aussi avec les jeunes de la galaxie patriotique. Je demande à ceux qui sont exilés de rentrer au pays.

Est-ce que vous êtes en contact avec les jeunes de Lmp qui sont en exil ?

Je suis en contact avec les pro-Gbagbo qui sont au Ghana. Nous leur demandons de rentrer dans leur pays.

Que faites-vous pour garantir leur sécurité ?

Je ne suis pas le ministre de l’Intérieur. Je ne peux qu’intercéder pour la paix et la cohésion entre les Ivoiriens.

Il y a aussi des ressortissants de la Cedeao qui ont fui la Côte d’Ivoire !

C’est normal, s’il y a eu une crise, moi aussi, j’ai été une victime : j’ai été pillé. La guerre ne trie pas. Il y a des militants Lmp et Rhdp qui ont subi les conséquences de cette guerre. Tout le monde en a souffert.

Quels sont vos rapports avec la communauté burkinabé vivant en Côte d’Ivoire ?

Je n’ai aucun problème avec mes compatriotes. On se rencontre souvent et on échange.

La communauté burkinabé a beaucoup souffert de la crise. Est-ce que les dispositions ont été prises pour les aider ?

On parle de nous parce que nous sommes nombreux en Côte d’Ivoire. Nous sommes quatre millions en Côte d’Ivoire ; c’est un Etat. Sinon, il y a des Maliens, des Sénégalais et autres. Tout le monde a perdu dans cette crise. L’Etat burkinabé a fait sa part pour que les élections se passent dans très bonnes conditions.

Qu’est-ce que la communauté souhaite pour aller à la paix ?

Je pense qu’il faut parler aux uns et autres. Que chacun pardonne. Que les militants du Rhdp, de Lmp, se mettent ensemble et se pardonnent.

Quels sont vos rapports avec le nouveau pouvoir ?

Nous avons des interlocuteurs auprès de ces nouvelles autorités. Nous sommes en train de travailler avec Eugène Djué, le leader de la jeunesse patriotique et Bema Fofana, le leader des jeunes des Forces nouvelles sur instruction et avec la bénédiction du Premier ministre, Guillaume Soro.

Est-ce que vous avez un programme?

Nous allons faire une tournée dans le district d’Abidjan pour rencontrer les ressortissants de la Cedeao, ensuite entamer les villes de l’intérieur. Nous travaillons avec les autres jeunes, mais je m’occupe de la communauté ouest- africaine. J’ai organisé un meeting pour les ressortissants de la Cedeao au stade Champroux de Marcory. Il y avait un monde fou. Le stade a refusé du monde. C’est sur le terrain qu’on juge le travail de tout un chacun.

Quel est votre message au président de la République, au Premier ministre et au président de la Cdvr mais aussi, aux ressortissants de la Cedeao ?

Je pense qu’il faut avoir confiance aux nouvelles autorités. Il faut les encourager. Nous sommes prêts à l’aider. Le président de la République est le père de la Nation. Lors de la fête de Ramadan, il a dit de pardonner et d’aller à la réconciliation.

Il y a des Ivoiriens qui disent que la réconciliation n’exclue pas la justice?

Il faut une vraie réconciliation. On ne peut que se réconcilier avec son ennemi. Il faut mettre balle à terre. Je conseille l’humilité à tous les Ivoiriens. Il faut éviter de frustrer en voulant rendre justice. Il s’agit de la paix et de la cohésion sociale dans un pays. Aucun sacrifice n’est de trop. C’est dans le pardon, la tolérance et le dépassement de soi que les Ivoiriens parviendront à reprendre à vivre ensemble. C’est bien difficile, mais pas impossible.

Entretien réalisé par
Guy Tréssia
Patrick N’guessan
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