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Politique Publié le vendredi 16 septembre 2011 | Le Temps

Prix Houphouët-Boigny à Paris / Gaspillage, transhumance, bruit… : La célébration dans la haine

© Le Temps Par DR
Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix 2011: le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara est arrivé samedi, à Paris
Samedi 10 septembre 2011. Paris (France). Le Président Alassane Ouattara vient participer à la cérémonie de remise du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, Edition 2011
Duplicité, effets médiatiques, abus, tel aura été le concentré du Prix Félix Houphouët-
Boigny pour la recherche de la paix. En lieu et place des «Grands-mères de la Place de
Mai», l’on a eu droit à la célébration dans la haine du vainqueur de la guerre. L’on a aussi
trinqué pour le Grand Prisonniers de guerre : Gbagbo. «Les secrets et coulisses de la
revanches de héritiers», belle illustration qui n’a pas son égal. Le confrère L’intelligent
d’Abidjan a le verbe là où il faut. Et pourtant, il devait s’agir d’une cérémonie qui
consacre et célèbre des valeurs telles que la paix, le dialogue, la tolérance... Alassane
Dramane Ouattara, le nouveau Président ivoirien dans les délices des cérémonies
officielles. Avec lui son ancien rival et adversaire l’ancien chef d’Etat. Psaume de
Bédié : «Les Ivoiriens respirent et le pays se remet au travail sous la gouvernance du
président Alassane Ouattara. Nous disons Alassane Dramane Ouattara, Ado, un haut
cadre pétri d`expérience et de compétence». La haine de Gbagbo faisant, Henri Konan
Bédié se découvre supporter numéro un dans la galaxie des Adoboys. C’est l’ivresse des
paillettes, spot light et lambris dorés. Paris la capitale française croule sous le poids des
convives, une brochette de personnalités ayant en commun l’aversion d’un Laurent
Gbagbo qu’elles ont, hélas, dû subir pendant une décennie au sommet de la Côte d’Ivoire.
Blaise Compaoré du Burkina Faso, pays base arrière de la rébellion des ex-rebelles et
grand bénéficiaire des pillages des ressources minières et agricoles ivoiriennes; Abdoulaye
Wade (qui se présente comme le doyen des houphouetistes) du Sénégal, plaque tournant
de la diplomatique anti-Gbagbo; le Sénégalais Abdou Diouf président de l’Oif
(Francophonie) parrain institutionnel de la coalition rebelle ivoirienne, et les autres, ceux
qui culpabilisent croyant que leurs absences pourraient être mal interprétées. A savoir le
président mauritanien Mohamed Oul Abdel Aziz, le nouveau président du Conseil
constitutionnel ivoirien Francis Vanga Wodié, et tutti quanti. Mais où sont les Grands-
mères de la Place de Mai ? Perdues dans l’immense salle de l’Unesco ! On n’aura pas
d’yeux pour elles, mais à peine ces mots du président Bédié parrain du Prix qui «salue la
décision unanime» du Jury et «salue la distinguée Présidente de cette Organisation,
Madame Estela Barnes de Carlotto, et je lui souhaite plein succès dans son combat pour
la justice et la paix». Leur présence, transparente, tranche avec l’objectif réel des
organisateurs, les héritiers d’Houphouët-Boigny. Ceux-ci en fins limiers de la politique,
ont tenu à se donner de la visibilité sur la scène internationale. En voulant se polir une
image de faiseur de paix après dix années de guerre qu’ils ont imposée aux populations
ivoiriennes pour un retour obstiné aux affaires. Cérémonie en trompe œil, autant dire, M.
Ouattara est la super star qui, à la surprise des non initiés, vole la vedette aux vaillantes
Grands-mères d’Argentine qui n’auraient pas dû momentanément abandonner leurs
rouleaux de tricotage. Mais il y a aussi plus de la moitié du gouvernement du Premier

ministre Guillaume Soro, les présidents des institutions ivoiriennes, des dirigeants de
partis politiques revendiquant l’héritage du premier président ivoirien et de simples
militants. Toute cette transhumance au frais du trône d’Eburnie. Plus de trois cents
personnalités aéroportées avec qui il faudra compter les jetons de présence. Un mois de
matraquage médiatique, des plateaux des télés françaises avant et pendant la cérémonie,
alors qu’un autre chef d’Etat aurait reçu la presse dans son hôtel, c’est plutôt lui Ouattara
qui se déménage sur le plateau de Tf1. La soif de communiquer est bien perceptible. La
sécu pour les Vip mais aussi pour gazer les troubles fête. Des primes, certainement, pour
le policier le plus zélé, résultat : des militants de la liberté violentés dont un concitoyen
ivoirien - Prégnon Djadjé - copieusement bastonné par les «soldats de la paix» de Sarkozy.
Bref ! Le budget pourrait envoisiner la dizaine de milliards de francs cfa. Presque la valeur
chiffrée de la cérémonie d’investiture du président Ouattara à Yamoussoukro. L’argent
coule à flot, on dépense sans compter, le peu qui continue encore de tomber dans les
caisses de l’Etat quand les com-zones ne sont pas encore passés se servir. Mais il n’y a pas
que ce hic. Il y a également le fait que la paix se célèbre au nom d’Houphouët-Boigny, au
moment où Laurent Gbagbo ancien président de la République vainqueur constitutionnel
de la dernière élection présidentielle déchu par une coalition d’armées étrangères, vit
reclus dans une prison au nord de la Côte d’Ivoire. Ce que Félix Houphouët-
Boigny «apôtre de la paix» lui-même n’aurait jamais ouvertement osé. L’Unesco célèbre la
paix (!?!) Alassane Ouattara, lui, trinque pour ces prisonniers de guerre : le président
Gbagbo, le Premier ministre Aké N’Gbo, le gouverneur Dakoury Tabley, des ministres de
la République, des présidents d’institution. Et pour ses exilés politiques, un patchwork de
chefs de partis, d’intellectuels enseignants d’universités, de syndicalistes et de leaders
d’opinion et de citoyens anonymes… C’est pratiquement l’équivalent d’une ville ou plus
qui est en exil. Vraiment ‘’la revanche des héritiers’’. Dommage que le Prix Félix
Houphouët-Boigny soit réduit à cela, dix huit ans après la mort de celui qui se faisait
appeler apôtre de la paix! !

Bertina Soro
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