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Politique Publié le vendredi 23 septembre 2011 | Parole d’Afrique

L’Armée : Les grands dossiers qui attendent le gouvernement

La question du désarmement des ex-combattants ivoiriens sera-t-elle définitivement résolue avec le nouveau gouvernement ? Telle est la préoccupation essentielle des Ivoiriens.

La refondation de la nouvelle armée ivoirienne aura-t-elle finalement lieu ? Poser la question, c’est relever implicitement les vaines tentatives relatives à la réunification de l’armée de Côte d’Ivoire .Sous l’égide du cabinet du Premier ministre, le comité scientifique du Groupe de travail de restructuration et refondation de l’Armée a organisé, l’année dernière, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud), un atelier à N’Sa hôtel à Grand Bassam. L’objectif: il s’agissait de dégager les préoccupations et les perspectives de la mise en place de nouvelles forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, la question de la réunification de l’armée se pose encore. Avec l’actuel gouvernement, la donne change. Puisque celui chargé d’apporter son expertise pour la mise en œuvre de cette mission se trouve être un coopérant. Marc Paitier, la cinquantaine révolue, d’origine nantaise (de Nantes en France). Un gradé (colonel) de l’armée de terre française désigné donc pour assister le président ivoirien, Alassane Ouattara, dans la délicate mission de refonte de l’armée ivoirienne. L’information est de la Lettre du Continent, dans sa livraison du 26 mai dernier, soulignant ainsi que le colonel Marc Paitier, un saint-cyrien, est affecté à Abidjan en qualité de conseiller spécial à la Présidence, chargé des questions militaires.

La mise en œuvre pratique de la refonte

Le dossier militaire ivoirien n’est donc pas nouveau pour lui. Sauf que sa nouvelle mission auprès des autorités ivoiriennes, en qualité de conseiller militaire, semble beaucoup plus compliquée. Une première étape, à savoir la prise d’une ordonnance début mars dernier pour consacrer la fusion des deux forces en une seule appelée Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), a été franchie. Toutefois, il est à signaler que la réalité du terrain apparaît plus complexe et nécessite un effort de reformulation du système étant donné qu’un nombre important de soldats se trouve loin du territoire ivoirien et qu’actuellement, la cohésion au sein de la grande muette n’est pas encore de mise. Ce sont au total dix années de conflit aggravé par les récents affrontements post-électoraux qui ont suscité cette division profonde. Les questions de formation pour retenir les plus aptes et compétents, l’harmonisation des grades pour la fusion des forces, la loi de programmation militaire promise par le président Ouattara, sans compter les infrastructures, les équipements et les armements sont autant de dossiers à traiter pour parvenir aux résultats escomptés.

Un pays militairement divisé

Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, a voulu aussitôt prendre le taureau par les cornes quant à la situation de l’armée divisée. « Pour mettre fin à des dérapages, je viens de prendre une ordonnance portant création des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) », avait déclaré, le président de la République courant mars, alors qu’il était retranché à l’Hôtel du Golf. L’armée unifiée devra avoir pour mission, d’assurer principalement la sécurité des personnes, des biens, du pays tout entier. Toutefois, sur le terrain, la tâche s’avère ardue, surtout quand on sait que de gros nuages persistent dans la cohabitation entre les deux forces qui continuent de se regarder en chien de faïence en dépit de gros efforts et des tentatives de rapprochement menés par les autorités civiles et militaires. Ce qui fait penser aux échecs répétés enregistrés lors du précédent régime. Pour des observateurs avisés, le Premier ministre, Guillaume Soro, devra puiser dans toutes ses ressources et faire preuve de tact et de subtilité pour trouver une solution à ce casse-tête.

Echecs répétés de l’opération du désarmement et de la démobilisation

La question de la réunion de l’armée à partir du désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des ex-combattants ivoiriens est vieille de plusieurs années. C’est, en effet, en 2004 que Seydou Elimane Diarra, premier des Premiers ministres des différents gouvernements d’après la crise militaro-politique de septembre 2002, a initié cette mission de la réunification de l’armée ivoirienne. Tout commence par un séminaire dit de validation des documents opérationnels du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion tenu à Yamoussoukro les 7, 8, 9 janvier 2004 . Les conclusions de ce séminaire se déclinent en plusieurs points. Notamment le déroulement de l’opération DDR sur toute l’étendue du territoire. Le processus prévoyait de recenser 300 personnes par jour. Mais avec des critères spécifiques d’éligibilité au programme DDR, de la catégorisation et du traitement des armes. Pour y parvenir, plusieurs sites avaient été réceptionnés en présence des colonels Kouadio Mézou de l’ex-Fds et Soumaila Bakayoko de l’ex-Fafn dont 17, abritant chacun un bâtiment de la garde républicaine réhabilité pour la circonstance à 200 millions de Fcfa, 2 nouveaux sites construits et des tentes dressées pour abriter l’opération. A Zambakro et à Bouaké, précisément au 3è bataillon d’Infanterie, des sites avaient été aménagés pour recevoir des ex-combattants afin d’entamer le processus Ddr. Un processus que des bailleurs de Fonds notamment le Japon, le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), l’Union européenne et la Banque mondiale ont accepté de financer. Le Japon à hauteur de 1,5 milliards de Fcfa. L’aide du Pnud et de l’UE portait sur la bagatelle de 2.724.902 euros destinées à la fourniture d’équipements et de fonctionnement des sites de regroupement, démobilisation et enfants soldats. La Coopération française quant à elle s’était engagée à donner 250.000 euros. Mais jamais, l’on n’a eu aucun résultat probant susceptible de donner satisfactions aux Ivoiriens qui attendaient que leur armée soit réunifiée. Avec l’arrivée du colonel Marc Paitier, l’on peut espérer que les choses iront mieux.

La refonte de l’armée, un défit pour Soro

Selon la Lettre du Continent, l’officier de l’armée française de terre n’est pas à sa première mission en terre ivoirienne. Il a servi de 2005 à 2006 en tant qu’assistant auprès du général Elrick Irastorza, alors commandant de la force française Licorne. Aujourd’hui, loin d’une mission d’interposition, le colonel de l’armée française tient entre ses mains le destin d’une institution en termes de réorganisation et reformation. Mais en attendant, il faut d’abord et avant tout procéder au désarmement et à la démobilisation des ex-combattants, avec en point de mire la réinsertion de certains. Un casse-tête chinois qui, on peut le dire, a épuisé tous les Premiers ministres des différents gouvernements de réconciliation nationale. De Seydou Elimane Diarra, l’on est passé à Charles Konan Banny. Mais toujours pas de succès aux termes du processus. Avec Banny, les acteurs avaient tout de même fait bonne impression. L’opération qui devrait aboutir sans conditions et sans difficultés au triptyque désarmement-démobilisation et réinsertion. Mais entre l’ambition et le résultat, il y a un grand fossé. Ce qui apparaissait donc une action bienheureuse et comme objectivement réalisable s’est heurté à un mur infranchissable. Ainsi, les jeunes patriotes qui, pourtant, avaient donné le gage d’une adhésion totale à la chose nationale, s’étaient en fin de compte rétractés sans explication. Pourtant des moyens conséquents leur avaient été octroyés par Banny pour faciliter l’opération dans sa conduite et dans son aboutissement. Mao Gloféi du Front de Libération de Grand Ouest (Flgo), Pasteur Gammy du Mouvement de Libération de l’Ouest et tous les autres à qui Banny avait fait une confiance inouïe, ont désisté en dernière minute. La raison ? Seuls les concernés peuvent en faire le décryptage. Ainsi donc avec Charles Konan Banny, le processus n’a connu aucun dénouement heureux du fait des difficultés susmentionnées mais et surtout du fait des dissensions internes aux Fds et Fafn. Or , comme lui, Seydou Diarra avec le président de la Commission Nationale du Ddr, Charles Donwahi, avait lui aussi fait un clin d’œil aux jeunes patriotes, notamment Thierry Legré du Mouvement Conscience républicaine, le Commandant Watchard Kédjébo du mouvement pour la libération de Bouaké, Idriss Ouattara de la fédération des ‘’parlements’’ et agoras de Côte d’Ivoire, de Soro Palougo de la Jeunesse consciente du Grand Nord, Asséké Jean Claude de l’Union des jeunes patriotes wê, qui avaient marqué leur adhésion au processus DDR à travers l’acte d’engagement pris dans la nuit. Les mêmes moyens ont été mis à la disposition de l’ancien Premier ministr, Charles Konan Banny qui, comme son prédécesseur, a entrepris des visites à l’intérieur du pays pour la réalisation du processus. Mais rien n’y fit. Avec le retour de l’ancienne dénomination de l’armée, y a-t-il quelque espoir au bout du compte ? La question mérite d’être posée. De fait, la dénomination de l’Armée ivoirienne était Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci). A l’avènement au pouvoir d’Alassane Ouattara, elle a pris le nom de Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Une appellation qui, jusque là, suscite commentaires et interrogations, même au sein de la grande muette. Et c’est pour répondre à ces interrogations et mettre un terme aux commentaires quelquefois désobligeants qu’un atelier a été organisé. En effet, réunis, pendant dix jours sur les matrices d’action des Forces armées, une cinquantaine d’experts a analysé un projet d’ordonnance portant organisation de l’armée, pour voir dans quelle mesure donner une étiquette nationale à notre armée. C’est ainsi que l’ancienne dénomination a été retenue : Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci). L’atelier a par ailleurs proposé l’amélioration des conditions de travail des militaires par la réhabilitation des infrastructures, l’amélioration de leur image par la multiplication des actions civilo-militaires pour aboutir à la réorganisation d’une armée disloquée et désabusée. Seulement voilà, des difficultés d’ordre technique, politique et financière n’ont de cesse d’entraver le processus. Ce sont notamment le retard pris dans le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants.

De Gballou
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