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Économie Publié le samedi 15 octobre 2011 | Nord-Sud

Production vivrière / Indénié : l’igname reprend le trône

Tubercules très prisés par les peuples du Moyen-Comoé et du Zanzan, les ignames n’avaient pas connu un bon essor économique du fait de la crise post-électorale. Aujourd’hui, la denrée renaît. Mais, sa commercialisation cause des soucis aux grossistes et aux détaillants.


Daouda Sidibé  tient  un magasin bon­dé d’ignames. Il est 9 heures, nous som­mes au quartier Château à quel­ques encablures de la «Place de la solidarité». Dans ce secteur, il est le seul qui s’est spécialisé dans la vente de ce tubercule très prisé par les peuples de l’Indénié et du Djuablin. La horde de femmes et quelques hommes à cet endroit témoignent de l’attrait que cette denrée suscite. Ces acheteurs s’occupent à mettre leurs tubercules dans des pousse-pousse et des cuvettes pour aller les revendre dans les marchés. Les hommes ont de petits sacs pour leur consommation quotidienne. « A certains endroits, les ignames sont trop chères, mais ici, ce n’est pas le cas», soutient Koffi, un consommateur. Il explique s’être fidélisé chez Sidibé Daouda après sa mésaventure chez une détaillante qui lui avait vendu  de l’igname de mauvaise qualité au marché du quartier-relais. «L’intérieur était pourri. Depuis que j’ai connu cet endroit, je viens chaque fois me ravitailler ici et je n’ai aucun problème », affirme-t-il. Dame Adjoua Kouko, une commerçante, la cinquantaine passée, souligne qu’il est difficile de liquider un stock d’igna­mes. « La plupart de mes clients sont des villageois. Après la vente du cacao, ils viennent s’approvisionner. Je pouvais gagner entre 5.000 et 10.000 Fcfa par jour. Mais actuellement, ce n’est plus pareil. Je fais un bénéfice de 3.000 Fcfa voire 2.000 Fcfa », grogne-t-elle. « Il faut que le gouvernement nous aide ».

Des variétés d’ignames à des prix variés

Le ‘’baitai-baitai’’ est l’igname qui est très consommée à Abengourou. Sa consommation et sa commercialisation n’interviennent qu’après le rituel de la fête des ignames. Ce tubercule est récolté au mois de décembre. Les variétés actuelles qui foisonnent sur les marchés de la cité royale sont importées du Zanzan, une zone de forte production. Il s’agit des variétés appelées ‘‘kponan’’ et ‘‘assawa’’. Selon Sidibé Daouda, les deux variétés sont bonnes. « C’est le ‘‘kponan’’ qui marche ici. ‘‘L’assawa’’ est meilleur pour le ragout ». Et il ajoute que : «cette année, ces variétés ont bien réussi en production. Le kilo de ‘‘kponan’’ coûte 200 Fcfa et ‘‘l’assawa’’ est à 175 Fcfa. Les frais de chargement coûtent cher aux commerçants. Pour un chargement de 10 roues, il faut payer 150.000 Fcfa, de Bondoukou à Abengourou. Actuellement, le montant varie d’un individu à un autre ». Poursuivant, il indique qu’avant la crise, il pouvait gagner 50.000 à 60.000 Fcfa par jour. Aujourd’hui, il se retrouve avec 20.000 Fcfa. Il argue aussi avoir perdu 8 à 9 tonnes de stocks d’ignames du fait de la conservation. « Pendant la crise post-électorale, mon magasin était fermé. Du fait de la chaleur, le stock est pourri ». Dans la cité royale, on trouve des commerçantes occasionnelles qui improvisent des espaces pour écouler leurs produits. C’est le cas de Bernadette Akissi qui expose chaque soir à 16 heures son produit non loin de la gare des ta­xis. « Les 3 gros morceaux (kponan) coûtent 2.000frs et les 3 petits morceaux de 3 à 1.000frs ou 1.500frs » Contrairement à dame Adjoua Kouko, elle nous a rassuré s’en tirer à bon compte et soutient que sa clientèle se compose généralement de fonctionnaires.

Les 2/3 de la production consommée

Sa voisine se désole de l’exigence de certains clients. « Ils trouvent que le prix des ignames est élevé. Alors qu’on ne peut pas imputer la faute aux commerçants. Avant, on pouvait avoir le kilo à 150fcfa. Actuellement, il revient à 200 ou 250fcfa », se défend-elle. Au grand marché d’Abengourou, les vendeuses haranguent les clients à venir s’approvisionner. Créant ainsi une concurrence déloyale qui désavantage les commerçantes installées à l’intérieur du marché et qui payent des ta­xes. « Actuellement, les commerçantes qui sont à l’intérieur du marché n’arrivent pas à faire recette ; c’est vrai que c’est dur, mais nos clientes sont interceptées avant qu’elles n’entrent au marché », déplore dame Djamila Coulibaly. Pour Mathias Edi Assiro, directeur régional de l’agriculture à Abengourou, les peuples du Djuablin et du Moyen-Comoé sont de grands consommateurs d’ignames. « Ils consomment les 2/3 de leur production d’ignames sur les 30.000 tonnes. On peut estimer à 12.000 tonnes d’ignames vendues. Soit une recette annuelle de 1milliard 440.000 Fcfa si le kilo coûte 120 Fcfa », a-t-il soutenu. Ainsi, dans les zones d’Abengourou et de Bettié, 241 hectares de surfaces exploitées ont été identifiés et 1364 hectares à Agnibilékrou soit un total de 1899 hectares exploités en 2010. «Nous travaillons en collaboration avec l’Agence nationale d’appui et de développement rural (Anader). Pour le moment, nous n’avons pas encore arrêté les chiffres de 2011 », poursuit-il. Le Zanzan (Bondoukou, Tanda et Bouna) est le plus grand fournisseur d’ignames kponan et assawa. Si la commercialisation de ces tubercules a été rendue possible après la crise post-électorale, il n’en demeure pas moins  que c’est un casse-tête chinois pour les grossistes et les détaillants de les écouler facilement sur les marchés. En attendant donc la  traite du binôme café-cacao, les recettes sont en dents de scie.

 
Koffi Jean Luc à Abengourou
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