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Politique Publié le mardi 18 octobre 2011 | Le Patriote

Tuo Fozié (Commandant de l’unité anti-racket) : “Nous allons tout faire pour ne pas décevoir les Ivoiriens”

© Le Patriote Par Emma
Visite de travail aux USA: le Président Alassane Ouattara a quitté Abidjan, mardi
Mardi 26 juillet 2011. Abidjan. Aéroport international de Port-Bouet. Photo: le general d`aviation Abdoulaye Coulibaly entre les commandants Tuo Fozié (g) et Koné Zakaria (dr)
Une unité d’élite pour la lutte contre le racket et les tracasseries routières vient d’être créée. Nous avons rencontré son premier responsable le ministre Tuo Fozié. Dans cette interview, il parle de sa mission et de l’affaire UNIPOL où il est accusé d’avoir retiré des noms de la liste des 600 éléments retenus d’office pour intégrer la nouvelle armée. Entretien.
Le Patriote : M. le ministre, une unité d’élite pour la lutte contre le racket vient d’être créée et vous en êtes le premier responsable. Quelles sont vos impressions ?
Tuo Fozié : Dans un premier temps, je voudrais dire merci à mes supérieurs qui m’ont fait confiance en me nommant à la tête de cette unité. Mais en toute sincérité, je voudrais vous dire que ce n’est pas de gaité de cœur que j’ai accepté cette nouvelle mission. Car ce n’est pas un cadeau qu’ils m’ont fait. Pour la simple raison que je connais la Côte d’Ivoire. Je connais peu la police et la gendarmerie. Mais tout le monde en Côte d’Ivoire sait comment fonctionne ces deux entités. En Côte d’Ivoire comme dans la sous-région, tout le monde sait que le racket, dans ces deux corps, est la chose la mieux pratiquée. Donc, vous voyez que depuis le jour où on m’a remis l’arrêté de nomination, je n’ai plus le sommeil. Pour moi, ce n’est pas un cadeau. J’ai même eu à le dire au ministre de l’Intérieur ceci : « Mais cher frère, qu’est-ce que j’ai fait et puis c’est moi que tu choisis pour diriger cette unité ? ». On en a rit et puis il m’a dit ceci : « Courage, on ne t’abandonnera pas. Nous allons t’assister ». Dans cette même logique, je suis allé voir toutes les autres autorités en charge de la Sécurité et de la Défense pour leur réitérer mes mêmes craintes tout en leur confiant ma mission. Pour l’heure, je dis que ce n’est pas un cadeau, car je sais ce qui m’attend. Et je leur donne rendez-vous dans un an pour leurs impressions qui seront mes impressions.

LP : Vous êtes tout de même là. Qu’est-ce qu’il vous faut pour réussir cette mission ?
TF : Je pense qu’avant de créer l’unité, mes chefs hiérarchiques connaissaient déjà les besoins de cette unité pour son fonctionnement. Donc, je crois qu’ils savent ce qu’il y a à faire et ce qu’ils doivent faire pour permettre à l’unité anti-racket de réussir sa mission. Que ce soit au niveau des moyens matériel, financiers et de logistique, ils savent ce dont l’unité a besoin pour bien fonctionner. Ce n’est donc pas à moi de le dire. J’ai déjà échangé avec ma hiérarchie sur la question. Je pense qu’au moment opportun, ils répondront à nos préoccupations pour que les Ivoiriens puissent nous voir en action et nous juger. Je n’ai donc pas besoin de le dire dans la presse, puisqu’ils y ont pensé au préalable.

LP : De quels éléments l’unité sera-t-elle composée ?
TF : L’unité est composée de tous les éléments des corps des forces armées ivoiriennes. Vous avez la gendarmerie, la police, la douane et les Eaux et Forêts.

LP : Comment les choses vont-elles se passer concrètement sur le terrain?
TF : Comme son nom l’indique, l’unité est chargée de lutte contre toutes les formes de racket et de tracasseries routières sur nos routes. Son rôle est donc d’aider l’Etat de Côte d’Ivoire à récupérer les gains qui devraient entrer dans les caisses de l’Etat qui vont ailleurs. Notre mission est donc de faire en sorte que ces gains retrouvent les caisses de l’Etat. C’est ce que l’Etat de Côte d’Ivoire attend de la cellule qu’il vient de mettre en place. Sur la question de savoir comment les choses vont se faire de façon concrète, je souhaiterais que les Ivoiriens et les journalistes viennent nous suivre sur le terrain.

LP : Votre choix pour diriger cette unité n’est-il pas dû à votre image d’homme intègre, rigoureux et discret que vous vous êtes toujours efforcé de présenter aux autres ?
TF : Je ne sais pas si je mérite sincèrement les qualités que vous venez de m’attribuer. Je ne sais pas si je suis réellement l’homme que vous venez tantôt de décrire, mais je tiens à vous dire que ceux qui ont choisi de me faire confiance ont leurs raisons à eux. Le jour que vous croiserez l’un d’entre eux, vous pourrez lui poser la question.

LP : Le racket est un véritable fléau sur nos routes. L’attente des Ivoiriens sur la question est grande. N’avez-vous pas peur de les décevoir ?
TF : Je l’ai déjà dit tantôt. Ce n’est pas un cadeau qu’on m’a fait. La crainte de décevoir est là. Mais en même temps, si l’Etat de Côte d’ivoire a décidé pour la première fois de créer une unité pour lutter contre le racket, c’est parce qu’il est conscient des ravages que fait ce fléau au sein de la société et de l’économie du pays. Dans un premier temps, ensemble, nous allons essayer de ne pas décevoir et de faire tout ce qui est en notre capacité pour réussir cette mission. Je demande, pour terminer sur cette question, à tous les usagers et les partenaires, notamment le patronat, la chambre de commerce et les syndicats des transporteurs, de nous assister, de nous accompagner et nous faciliter la tâche. Nous allons faire de notre mieux pour satisfaire l’Etat de Côte d’Ivoire et l’Ivoirien en particulier.

LP : Avez-vous déjà commencé les actions sur le terrain ?
TF : Non ! Nous sommes pour le moment dans une phase de prospection et d’installation. Nous attendons de recevoir encore du matériel pour commencer. Mais cela se fera incessamment.

LP : Il y a eu avant votre unité, des tentatives d’endiguer le racket par le passé avec la création d’unité comme « police des polices ». Mais toutes ces tentatives ont été un échec. Ne craignez-vous pas que votre unité connaisse le même sort?
TF : C’est une éventualité qui constitue pour nous, une préoccupation. Mais fort des anciennes expériences, ensemble avec les Ivoiriens, nous allons essayer de gagner cette lutte contre le racket. Je vous donne donc rendez-vous dans quelques semaines pour faire un bilan à mi-parcours. Nous ferons tout pour être à la hauteur. Il est vrai qu’il y a eu d’autres entités avant nous. Mais les expériences ne sont pas les mêmes. Les hommes ont changé. C’est fort de ces anciennes expériences que nous allons travailler avec d’ailleurs quelques anciens de ces unités. Ils nous diront pourquoi ils ont échoué par-là et comment ils ont réussi par-ci. C’est tous ces anciens éléments que nous allons réunir pour essayer de faire notre part.

LP : Lorsque vous faisiez encore partie des Forces armées des Forces nouvelles, vous aviez en charge l’encadrement des éléments de la police et de la gendarmerie. Ces éléments sont censés intégrer d’office la nouvelle armée. Aujourd’hui, certains d’entre eux disent avoir été écartés de la nouvelle armée et vous accusent. Expliquez-nous un peu ce qui se passe ?
TF : J’ai été très surpris et meurtri dans ma chair de constater que quelqu’un, un jour puisse penser que je suis capable de retirer le nom d’un élément qui a été admis à un concours et que j’ai encadré pendant près de six ans. Aujourd’hui, je dépose cette liste à l’état-major pour être validée et que j’apprends le lendemain, dans un journal, que des éléments se plaignent que j’aurais retiré leur nom. Je profite de votre micro pour demander à ce que la lumière soit faite sur cette affaire. Quant à ces éléments, j’attends qu’ils viennent me dire quels sont ceux qui ont composé parmi les 600 éléments d’UNIPOL des Forces nouvelles et qui ne sont pas sur la liste. Car moi, j’ai encore la liste et s’il y a un seul qui n’est pas intégré, qu’il vienne me voir et il le sera. Voilà qui est clair. Je ne sais pas d’où vient le retrait de certains noms sur la liste officielle. Quand le Premier ministre m’a instruit, j’ai déposé la liste à l’état-major et la même liste au PNRCC. Je ne peux donc pas comprendre que dans ce circuit, qu’il y ait des noms qui sautent. Pour moi, ça existe. J’exige que la lumière soit faite sur cette affaire. Je leur demande, même demain, c’est leur droit, d’entrer en contact avec moi. Gendarme ou policier, si quelqu’un n’a pas son nom sur la liste, il sera intégré. Le seul élément qui a été exclu de la liste est un jeune qui a été pris en flagrant délit de braquage. Et c’était avant même la crise postélectorale. En dehors de ce cas, sur les 600 éléments, je mets au défi quiconque de me dire qu’il a été retiré de la liste.

LP : Si ce n’est pas vous, qui est donc responsable de ces retraits ?
TF : Dieu merci, j’ai encore ma liste. Si un élément vient me voir pour dire qu’il a été retiré de la liste, je le prends avec moi. On va à l’état-major et au PNRCC. Il sera automatiquement réintégré sur la liste. Il peut compter sur moi pour cela. J’invite tous ces éléments à venir me rencontrer. Et le plus tôt serait le mieux. Je suis à leur disposition. Je voudrais, pour terminer, lancer un petit mot à la presse. Certains de vos confrères oublient très souvent la force qu’ils représentent. La presse est un pouvoir. C’est pourquoi, on l’appelle le quatrième pouvoir. Elle doit donc éduquer, instruire et informer. Mais malheureusement, elle a tendance à l’oublier. Le plus souvent, elle ne frappe pas là où il faut frapper. C’est ce qui fait que moi, je préfère la fuir. Je demande à la presse d’aider l’unité anti-racket dans sa mission. Car en l’aidant, elle contribuera grandement à l’avènement de la Côte d’Ivoire que nous appelons tous de tous nos vœux.

Réalisée par Jean-Claude Coulibaly
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