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Politique Publié le mercredi 26 octobre 2011 | Le Nouveau Réveil

Mamadou Koulibaly (président fondateur de Audace Institut Afrique) : « Je n’ai pas d’argent, donc je ne serai plus candidat »

Depuis hier, se tient à la maison des apprentis à Grand Bassam, la 3ème université libérale de Audace Institut Afrique, institut créé par Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale et président de Lider, l’un des derniers nés des partis politiques en Côte d’Ivoire. Au cours d’un déjeuner avec la presse, voici les réponses données par Mamadou Koulibaly aux questions posées.


Vous parlez de guerre et de traumatismes, comment pensez-vous que les Ivoiriens oublient ce passé douloureux ?
Moi, j’exorcise les cœurs et les méfiances. Je parle aux populations.

Pensez-vous que l’on puisse laisser derrière soi ce passé douloureux quand le Fpi, votre ancien parti, ne veut pas avancer en refusant d’aller aux élections ?
S’ils n’écoutent pas, je ne peux pas faire autrement. Ce sont de véritables machines, les partis politiques.

Quel appel pouvez-vous leur lancer?
Si on ne m’a pas écouté avant, pourquoi on m’écoutera aujourd’hui ? Mais les populations, elles sont victimes, donc quand je vais les voir, dans les quartiers, dans les villages sans radio, sans télé, sans presse écrite, elles reprennent confiance doucement.

Pensez-vous qu’il faille construire un nouveau type d’Ivoirien après cette crise ?
Le citoyen ivoirien, il est normal. Il faut refaire les institutions ivoiriennes. Vous et moi, on n’est pas malades, on est un peu choqués mais si le cadre institutionnel est tel que je vois toujours en vous un ennemi, un adversaire…

Est-ce qu’on est sur la bonne voie ?
Le « on », c’est qui ? Si c’est la Côte d’Ivoire, je ne sais pas. Si c’est moi, oui. Non, on est loin de la voie.

Vous trouvez la Constitution mauvaise, pourquoi ?
La Constitution, vous prenez les 20 millions d’Ivoiriens aujourd’hui, vous leur donnez un régime parlementaire. Ce sera bien meilleur que le régime présidentiel. Même avec ce qu’on a vécu. Déjà, on n’aurait pas vécu ce qu’on a vécu parce qu’il n’y aurait pas eu d’élection présidentielle. On aurait eu des élections législatives.

Vous prônez le libéralisme et vous fustigiez le fait que les gens en ont peur ?
Les gens ont peur pour la responsabilité, c’est tout. C’est plus facile de ne pas être responsable, de dire ce n’est pas moi, c’est vous. Ce n’est pas ma faute, c’est l’autre.

Quels sont les avantages du régime parlementaire que vous défendez tant ?
Le régime parlementaire offre l’avantage d’une seule élection. Il n’ y a plus d’élection présidentielle. C’est moins coûteux, on économise en terme d’argent, en bagarres de rue, puisque celui qui est élu à Odienné n’influence pas l’élection de Bassam, n’influence pas l’élection de Treichville. Donc, il n’est pas question que mon bourrage d’urne ici puisse vous défavoriser par exemple. Et puis on contrôle mieux les gouvernants. Le parlement devient quelque chose d’important.

Si vous accédez un jour à la magistrature suprême, la Côte d’Ivoire change de régime ?
Bien sûr. Aucun problème. Et puis, nos histoires de tribalisme disparaissent avec le régime parlementaire. Notre constitution n’est pas bonne, c’est vrai, le régime présidentiel n’est pas bon. Le régime présidentiel qui est dans la Constitution n’est pas bon et tout le reste s’en déduit. Si je suis président, je la révise immédiatement.

Êtes-vous candidat à l’élection législative ?
Je serai candidat à l’élection législative. Je l’ai dit depuis 5 ans au moins. J’étais le premier candidat annoncé. Il reste à faire mes dossiers, mais comme mon salaire est coupé depuis 7 mois, est-ce que je pourrai me payer une campagne électorale? Je n’en sais rien. Donc, il se peut qu’une fois le dossier prêt, je renonce. Mais je fais quand même mon dossier.

Êtes-vous prêt à siéger au Gouvernement ?
Non.

Pourquoi ?
Parce que je n’ai pas gagné d’élection. En tant qu’opposant, oui. C’est un apport inestimable chaque matin de dire au gouvernement, attention. Bravo. Non ! Non, ce n’est pas bon.

Que pensez-vous des 100 jours du Président Alassane Ouattara ?
Ah, il faut que je regarde de près sa politique.

Vous refusez de rentrer au gouvernement…
Je n’ai pas dit que je refusais, j’ai fait ça en des mêmes termes que vous…

Vous êtes contre le fait que le parti qui a gagné les élections forme un gouvernement d’union ?
C’est que le parti n’a pas gagné. Celui qui gagne gouverne, celui qui perd s’oppose, un point, un trait. C’est la démocratie qui le veut. Pourquoi faire des élections, gagner et dire à tout le monde : venez gouverner ? Ça n’a pas de sens, les élections sont là pour répondre à deux questions : qui gouverne et avec quel programme? Mais si j’ai perdu, ce n’est pas mon programme, donc je ne peux pas gouverner.

Mais on rentre dans un gouvernement d’union pour apprendre à gouverner ?
Pour apprendre et vous pensez que les chefs d’Etat qui restent 20, 30 ans gouvernent mieux que ceux qui passent 3 ou 4 ans au régime ?

On a vu le cas de Laurent Gbagbo qui a connu beaucoup de problèmes?
On a le cas d’Obama, de Sarkozy. Ils sont là, ça fait combien d’années ? Et puis Eyadema et Bongo qui sont restés très longtemps. Donc l’apprentissage n’est pas un gage de succès.

Et si Ouattara, malgré tout, vous appelle pour servir le pays ?
Il ne fera pas ça. Il a déjà tellement d’éminentes personnes autour de lui. S’il n’en trouve pas au Rdr, il en trouvera au Pdci. Sinon au Rhdp. Déjà il y en a tellement qui se battent, pourquoi aller chercher ailleurs? C’est une hypothèse, laissons-la au stade d’hypothèse.

Les relations entre la France et la Côte d’Ivoire que vous avez beaucoup dénoncées au Fpi sont au beau fixe, quel commentaire ?
Est-ce que ce que je dénonçais a changé ?

Le terminal à containers a été cédé à la France sous Gbagbo Laurent et sous Ouattara, la Côte d’Ivoire et la France travaillent ensemble ?
Il dit que les deux régimes sont pareils. C’est ce que vous dites (rires). C’est vous qui le dites hein.

Vous avancez que Laurent Gbagbo n’est pas le prisonnier de Ouattara, pouvez-vous être plus clair ?
Le président Ouattara a dit qu’il a mis le Président Gbagbo à la disposition de la Cour pénale internationale, donc ce n’est plus son prisonnier, je répète le discours officiel. Moi, j’ai ma religion mais quand quelqu’un croit à une religion, je la respecte. Je ne fais pas de guerre religieuse.

Pourquoi pendant 10 ans, vous n’êtes pas parvenu à faire corriger ces choses-là alors que vous étiez au cœur du pouvoir Fpi ?
Il y a un économiste américain qui s’appelle Milton Freidman. Il a fait sa thèse dans les années 35 ou 40 et puis il a fait la promotion de ses idées toute sa vie. Et c’est le jour où Ronald Reagan est arrivé au pouvoir et Magret Thatcher que ça a vu un début d’application et puis le monde a changé et lui a vécu 10 ans après, il est mort. C’est les idées, il faut les promouvoir, il ne faut pas se décourager et c’est ce que l’Institut Audace fait. On ne cherche pas des résultats immédiats, c’est de former des gens, les informer jusqu’à ce qu’un jour, quelqu’un arrive à avoir les moyens de faire les changements nécessaires…
Propos recueillis à Grand-Bassam par Diarrassouba Sory
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