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Art et Culture Publié le vendredi 4 novembre 2011 | L’expression

25 ans après sa disparition à Dakar : Témoignages inédits sur Noël X. Ebony

Journaliste très critique, poète engagé, Noël X. Ebony - Essy Kouamé Noël à l’état civil - a précocement rangé la plume, à 33 ans, le 22 juillet 1986 à Dakar. Officiellement, le rédacteur en chef du mensuel panafricain « Africa International » a succombé à un accident de voiture, dans le précipice de la falaise de Ouakam, à proximité des collines jumelles des Mamelles qui surplombent ce quartier de Dakar, en bordure de l’Océan Atlantique.

25 ans après sa tragique disparition, L’Expression revient sur la vie de ce brillant journaliste, véritable bête noire du régime de Félix Houphouët-Boigny et légende du journalisme ivoirien. Qui était-il en réalité? Pourquoi et comment est-il mort ? « L’Expression » a rencontré son ami intime sénégalais et trois autres de ses camarades du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) de l’Université de Dakar. Ils dressent un portrait particulièrement reluisant de leur ancien compagnon. Pour eux et sur la base d’indices graves et concordants, Noël Ebony a plutôt été victime d’un assassinat maquillé. Témoignages…En exclusivité.

Actuel Directeur général de Panafrican News Agency (Pana), Babacar Fall est presque au bord des larmes à l’évocation du nom de son « frère ivoirien». A Cotonou où il travaillait pour les Nations Unies, son épouse, en pleurs, lui annonce l’effroyable nouvelle. La veille de sa mort, Noël Ebony et Mme Fall, enceinte de huit mois, avaient diné ensemble chez la belle-mère de son ami à qui il avait, ce soir-là, offert des pagnes rapportés de son bref séjour en Côte d’Ivoire. En 1973, dans le sillage d’autres journalistes ivoiriens, Gaoussou Kamissoko, Noël Eba, Martin Kakra, Rosine Djodan etc. Noël Ebony intègre la quatrième promotion du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) de Dakar. Babacar Fall partage la même classe que le protégé de Fologo.

Tous deux, « militants de la cause panafricaniste, du système démocratique pluriel dans une Afrique où régnaient le parti unique et la pensée unique », se découvrent des affinités, point de départ d’une amitié qui vire à la fraternité. Désormais très proches, leur fréquentation ne se limite plus sur les bancs de l’école. Noël Ebony est la bienvenue dans la famille Fall chez qui, il passe les fêtes de Ramadan et de Tabaski, à Kaolack, environ 200 km au Sud-Est de Dakar. Il ne tardera pas à renvoyer l’encenseur à « son frère sénégalais ». Ainsi, sur sa recommandation, Laurent Dona Fologo, alors Directeur général de « Frat-Mat », offre un stage à Babacar Fall à l’issue de la première année au Cesti. A Abidjan, les deux amis occupent leur temps de loisir à se promener « dans les cours Dioula des 220 Logements ».

Noël, fait-il remarquer, était provocateur et taquin. L’année suivante, en Pâques, Laurent Dona Fologo, devenu ministre de l’Information, invite toute la promotion de Noël Ebony en Côte d’Ivoire. Une quarantaine de ses promotionnaires de diverses nationalités parmi lesquels, Hamadoun Touré, le porte-parole de l’Opération des Nations en Côte d’Ivoire, visite Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké. Leur randonnée se termine à Assouindé. « Un avion militaire du Gatl était allé nous chercher à Dakar. Le même avion nous a ramenés.

Noël, c’était ce contact avec Fologo mais Fologo était aussi celui qui couvait toute une génération de journalistes, pas seulement des Ivoiriens. Nous devons un coup de chapeau à ce monsieur », confesse-t-il. Pourtant, rien ne prédestinait Noël Ebony à une carrière de journaliste. Lui qui a abandonné les bancs de l’école dès la quatrième. Peut-être a-t-il été influencé par ses aînés Gabriel Atta Koffi et Michel Kouamé. Disc-jockey, vendeur de disques dans les rues d’Abidjan mais aussi autodidacte, il fait ses classes dans la corporation grâce à Justin Vieyra, fondateur de « Ivoir Dimanche ».

Il s’occupe de la chronique musicale dans cet hebdomadaire. « C’est ce qui l’a amené à « Fraternité Matin ». Guy Kouassi, chef du service culture de « Frat-Mat» et Fologo l’encadraient. Son extraordinaire intelligence les fascine», témoigne l’ex-reporter de « Africa » à Londres. En 1973, il est déjà journaliste expérimenté quand Laurent Dona Fologo l’envoie à Dakar pour suivre une formation au Cesti. Le Dg de « Frat-Mat » ignorait qu’il préparait ainsi un farouche opposant au président Félix Houphouët-Boigny.

Une plume critique et un panafricaniste dévoué

Selon la tradition du Cesti à l’époque, après deux ans à Dakar, les futurs journalistes parachèvent leur formation à l’étranger : six mois en France et trois autres au Canada. A l’avenue Jourdan dans le 14ème arrondissement de Paris puis à Montréal, Babacar Fall et Noël Ebony ne se lâchent pas d’une semelle. Leur diplôme en poche en 1976, chacun des étudiants regagne son pays.

Noël X. Ebony réintègre « Frat-Mat » et « ID». Parallèlement, Paul Bernetel, crée « Demain l’Afrique », journal concurrent de « Jeune Afrique ». Noël Ebony en est le correspondant permanent à Abidjan. Ses écrits dans cette publication égratignent le régime du président Houphouët-Boigny. Audacieux, il condamne l’asile offert à Abidjan à l’empereur déchu de Centrafrique, Jean Bedel Bokassa. Visionnaire, il pose le problème de la succession du « Bélier » de Yamoussoukro et émet à cet effet l’idée d’une vice-présidence. Cet article en particulier irrite profondément Houphouët-Boigny. « Ce papier avait fait tellement de boucan qu’il avait été nuitamment convoqué par le président, traité de tous les noms d’oiseau, menacé.

Il a fallu qu’il soit exfiltré », se souvient M. Babacar Fall. « Où étaient tes parents quand nous menions la lutte contre les colons ? », lui a vertement demandé Houphouët-Boigny. Noël Ebony met à profit son exil parisien et publie en 1983, son unique recueil de Poèmes « Déjà Vu » dans lequel, il surnomme Houphouët « Monsieur 9% ». De retour à Abidjan après la tempête, il est nommé responsable de la communication à l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris. Au bout d’un an, il quitte le poste et retourne au pays. « Mais toujours entre lui et le pouvoir, ce sont des relations en dents de scie. Aucun journaliste n’est confortable avec le pouvoir à plus forte raison quand on est de la trempe de Noël. Notre pratique professionnelle se fondait sur l’indépendance du journaliste, son impertinence envers les politiciens», souligne son ami intime.

Très marqué par les grandes figures de la lutte émancipatrice du peuple noir, Noël Ebony s’intéressait de près à l’histoire africaine : Les Pharaons que Cheikh Anta Diop a révélés dans « Nations Nègres et Cultures », la traite négrière, le racisme et l’Amérique des années 1970, le combat de Martin Luther King et Malcom X. D’ailleurs, son pseudonyme Noël X. Ebony, fait référence à Malcom X et Ebony, traduction anglaise d’ébène, marque son attachement à la culture noire. « Indépendants politiquement, nous ne l’étions pas économiquement et culturellement. C’est tout cela que Noël a symbolisé », explique Babacar Fall. Il se rapproche dès lors de John Rawlings et de Thomas Sankara chez qui, il a désormais ses entrées.

Accident mortel de voiture ou crime planifié
En 1985, Joël Decupper, patron du journal « Africa International » basé à Dakar, pense à sa retraite. « Je prépare ma retraite et il faut Noël pour prendre la relève », décide-t-il. Noël Ebony débarque ainsi dans la capitale sénégalaise où de 1973 à 1976, il avait fait ses armes de journaliste. Il élit domicile dans l’appartement d’un immeuble en face de l’actuelle mairie de Dakar dans le quartier administratif du Plateau. Noël Ebony prend les commandes de « Africa International » et réussit à lui imprimer un nouveau visage. « Il avait cette culture du journaliste people. Il savait par quel bout taper pour séduire le lectorat sénégalais. Il avait bien réussi à en faire un canard qui non seulement prenait dans le lectorat sénégalais mais aussi dans toute la sous-région», juge Babacar Fall.

Il multiplie les grands reportages qui le conduisent à Ouagadougou et Accra. Cinq ans après sa mort, « Africa International » a été vendu et délocalisé de Dakar à Paris. « Notre consœur camerounaise, Marie-Roger Biloa, dirige actuellement le journal à Paris», tient à préciser Babacar Fall. Le 22 juillet 1986, on retrouvera le corps sans vie de Noël Ebony dans sa voiture dans le précipice de la falaise de Ouakam. Noël Ebony, assurent ses compagnons, était un habitué de cet endroit. Étudiants, lui et ses camarades s’y rendaient souvent pour se prélasser, admirer le soleil couchant ou l’infini horizon au-dessus de l’Océan Atlantique. L’enquête diligentée conclut à une mort accidentelle avec ces détails : la victime n’avait pas attaché sa ceinture de sécurité ni actionné le frein à main.

Mais, cette version n’emballe pas ses amis et proches. Illustration dans ce passage d’une de ses biographies: « Il perd la vie (…) dans des circonstances obscures, comme il convient de le dire lorsque que tout le monde pense à un assassinat si bien maquillé qu’il est difficile de nommer ce qu’on ne peut prouver ». Pour Cheikh Tidiane Fall, directeur de la communication et de la coopération de la Sénégalaise des Eaux (Sde), société publique de distribution d’eau du Sénégal et ex-rédacteur en chef du quotidien gouvernemental « Le Soleil », des points d’interrogation demeurent. « On se pose toujours des questions », admet-il. « Nous n’avons jamais eu de réponses convaincantes. Nous savons que la mort de Noël trouve son origine dans ses différends avec le régime du parti unique en Côte d’Ivoire mais il nous est difficile de le dire.

Sa mort est suspecte. Il était sur le coup de menaces, d’où sa venue à « Africa International » à Dakar », rappelle Babacar Fall. Mame Less Camara, correspondant de Bbc à Dakar et chroniqueur au quotidien « Le Populaire » est intrigué par un détail. Quelques semaines avant la mort de Noël, le cadavre d’un commissaire de police, Souaïbou Ndiaye, a été retrouvé au même endroit après une grève de policiers sous ses ordres. C’est à se demander, s’interroge-t-il, si ce lieu n’était un champ d’exécution des « empêcheurs de tourner en rond ». Un crime n’étant jamais parfait, la clé de contact du véhicule manquait au tableau de bord. L’a-ton piégé à cet endroit qu’il fréquentait régulièrement ? Les investigations policières sont restées muettes sur cette hypothèse. Comme si l’on voulait effacer toute trace de l’homme, son recueil de poèmes « Déjà Vu » disparaît mystérieusement des rayons de librairies.

Le pouvoir socialiste sénégalais s’est-il fait complice d’un meurtre commandité par Abidjan ? « Nos collègues ivoiriens ne peuvent pas mener pareille opération sans préalablement nous en informer », a assuré un membre des services secrets sénégalais, ami de Noël Ebony, à Babacar Fall. Pourtant, le doyen Moussa Paye, ancien journaliste au journal « Le Soleil » est formel : « l’Etat sénégalais est forcément mêlé à cette affaire. C’est une affaire entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal qui a abouti à l’assassinat supposé de Noël. On se doit, pour sa mémoire, de rétablir la vérité sur les circonstances de sa mort ». Ami à la fois à Noël Ebony et son frère Michel Kouamé, il fonde ses argumentations sur ces constats. D’abord, il régnait, selon lui, une espèce de halo d’insécurité autour du journaliste. Ensuite, il s’en tient à cette confidence de l’écrivain Boris Boubacar Diop.

Un jour, pendant qu’il était avec Noël, deux émissaires du président Houphouët-Boigny s’étaient présentés à eux. L’écrivain a lu la peur dans les yeux de Noël à la vue de ces deux hommes. Ils étaient porteurs d’une offre du président que Noël a déclinée. Puis les morts suspects sur la fameuse falaise de Ouakam dont les enquêtes n’aboutissent jamais. Sans compter que la gendarmerie a refusé de communiquer sur les constats de l’accident. Aussi de folles rumeurs à Dakar faisaient-elles passer le patron de Noël Ebony, Joël Decupper, comme « un honorable correspondant, c’est pour dire pudiquement qu’il était en contact avec les services spéciaux occidentaux ». Que dire de Jean Collin, ce sulfureux barbouze, tout puissant ministre de l’Intérieur très redouté à l’époque sinon qu’il ne serait pas lui aussi étranger à la mystérieuse disparition du célèbre journaliste.

Enfin Moussa Paye se désole de l’attitude de la famille du disparu. Peu de temps après la mort de Noël, raconte-t-il, Michel Kouamé qui trouvait suspect la mort de son jeune frère s’est rendu à Dakar pour solliciter l’aide des amis de Noël afin d’entreprendre une action judiciaire. Michel Kouamé lui a personnellement fait part de cette intention à l’hôtel « Atlantique » où il avait pris ses quartiers. Puis un jour, il est brusquement rentré à Abidjan, lui laissant simplement un message à la réception : « Je suis parti ». Plus tard, une de ses consœurs, Marie-Louise Faye, fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères et ancien stagiaire à « Frat-Mat », rencontre Michel Kouamé. « Et l’affaire Ebony, où en est-on avec ça ? » Réponse sèche et ferme de son interlocuteur : « Quelle affaire ? Ne m’en parle plus ! ». « A partir du moment où les principaux concernés ne voulaient plus faire de vagues, nous avons dû à notre niveau oublier cette affaire », dit avec regret Moussa Paye.

Un journaliste de référence aux immenses qualités professionnelles et humaines

« Noël est un lait qui n’a pas eu le temps de cailler », « le Wolé Soyinka de l’Afrique Francophone », les métaphores affolent sur la grandeur du journaliste et du poète. Ses pairs approuvent unanimement ses qualités journalistiques. « Il avait le journalisme dans le sang. Pour les jeunes journalistes, il doit être un exemple. Il était très rigoureux avec la langue, l’enquête. À la virgule près, il était très difficile de changer son papier. En plus, on ne pouvait pas lui faire publier n’importe quoi », apprécie Babacar Fall qui raconte leurs interminables nuits en train de discuter sur un papier à publier. Lors d’une conférence de l’Unesco à Paris sur la restitution des biens culturels noirs, Noël Ebony pour le compte de « Africa International», publie un article sur la question intitulé « Rendez-nous nos poupées noires » en référence à la fameuse phrase de Léon Gontran Damas « Rendez-les moi mes poupées noires ». Le papier fait grande sensation. « C’est un papier magnifique que n’importe quel jeune journaliste doit pouvoir lire », recommande le Dg de Pana. Noël Ebony, c’était également cette facilité de contact avec l’autre. « Il peut s’asseoir avec un eskimau dans le Nord du Canada comme s’il se connaissait depuis longtemps. C’est l’une des qualités d’un journaliste. Avoir le contact facile et savoir écouter. En écoutant une personne, on apprend beaucoup de choses d’elle. Noël avait cette capacité d’écoute », le dépeint-il. Cheikh Tidiane Fall, qui se rend fréquemment en Côte d’Ivoire dans le cadre du partenariat entre la Sde et le groupe Cie-Sodeci découvre au cours d’un de ses séjours à Abidjan les prix « Ebony ». « C’est une excellente initiative. C’est un journaliste à célébrer et à donner en exemple aux jeunes pour leur montrer qu’on peut faire du journalisme en ayant de hautes valeurs car il en avait. Brillant, il l’était aussi », le décrit-il.

Un journaliste, enseigne-t-il, c’est la maîtrise des techniques rédactionnelles, la maîtrise de la langue et le sens des valeurs. « Noël ne se compromettait pas, il avait des principes qui lui servaient de boussole. Les prix « Ebony » constituent une motivation pour les jeunes journalistes », pense le directeur de communication de la Sde qui l’apprécie en ces termes : « Je ne me rappelle pas qu’il ait eu de clash avec des membres de la promotion. Cela est une qualité forte parce que vous ne pouvez pas passer trois ans avec des gens sans avoir des problèmes, des divergences. Lui, il arrivait à s’entendre avec tout le monde. Il savait mettre de l’ambiance». Babacar Fall voit en lui, un érudit, à la fois francophone et anglophone, « un grand homme de culture, d’une tolérance et d’un humanisme hors paix ».

Et de relater: « Je me suis retrouvé avec lui dans des discussions à New-York avec des professionnels du Jazz américain en train de discuter jusqu’à six heures du matin en Anglais, c’est extraordinaire. Il a une connaissance de l’Amérique, des Américains et du Jazz. C’était quelqu’un d’ouvert ». L’autre Fall insiste sur sa « dimension supérieure sur le plan intellectuel ». Noël, raconte-t-il, me donnait l’impression de quelqu’un qui était beaucoup dans la réflexion, généralement très pensif et qui arrivait à s’élever. Pour l’ami intime, « Noël n’était pas un mur de lamentations. Il s’est battu pour des sociétés démocratiques en Afrique, pour le pluralisme politique et de la presse. Aujourd’hui, cela est en train de se vérifier partout. Son combat n’a pas été vain. Ceux qui l’ont assassiné oublient qu’on n’assassine pas des idées ». Sa disparition, déplore-t-il, a été un énorme gâchis car « il aurait apporté immensément au journalisme africain, à la poésie africaine et de façon générale à la littérature africaine ».

La preuve, son premier et unique recueil poétique « Déjà Vu » suivi de « Chutes », réédité en octobre 2010 par le Belge Jean-Pierre Orban est « salué par la critique comme une œuvre marquante dans l’histoire de la littérature africaine ». Frédéric Grah Mel a produit « 20 années de passion en 100 articles », un livre qui rassemble les meilleurs articles du journaliste. L’Université d’Heidelberg en Allemagne lui a consacré deux publications. « Ebony a laissé des traces dans l’histoire politique et professionnelle du journalisme militant ou pas. Il était une personne très vivante. Pour moi, Noël est le prototype du journaliste africain qui doit répondre aussi bien aux défis de son époque qu’aux nécessités de sa profession. Il faut continuer à l’exhiber en modèle à la jeunesse africaine même si d’autres images et conceptions du journalisme se sont imposées », souhaite Moussa Paye.

Noël Ebony, après une messe d’adieu à l’Eglise catholique « Malenfant » de Dakar, a été inhumé dans son village de Tanokoffikro dans la sous-préfecture de Koun-Fao où il a vu le jour en 1953. Sa famille découvre à ses funérailles que leur fils était un véritable « prophète » à l’étranger. Une trentaine d’amis de diverses nationalités arrivent de Paris, Londres, Hararé, Dakar, Ouagadougou, Accra etc. pour l’ultime adieu. « Les gens avaient payé leurs billets d’avion rien que pour assister aux funérailles de Noël. Ce sont des amis que sa famille ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve.

Nous avons fait une veillée funèbre avec des fanfares à l’Ivoirienne », commente Babacar Fall. Sa mort brutale a-t-elle durement affecté ses camarades du Cesti au point qu’ils soupçonnent un meurtre ? Peut-être ! Mais, à leur décharge et convenons-en, les assassinats politiques, à l’époque des régimes de parti unique, pour réduire au silence les voix discordantes, étaient du « Déjà Vu ». N’est-ce pas poète Ebony ? Il a laissé derrière lui un fils, Zié Ebony vivant à Rennes en France, né de sa relation avec Rita Koné, propriétaire du défunt maquis « La Maison Blanche » à Marcory. Un mois, après l’enterrement de Noël Ebony, Babacar Fall est l’heureux père d’une fillette. Il la baptise à juste raison Noëlle, en souvenir de son « frère ivoirien », immortel à jamais !

Traoré Yacouba Diarra à Dakar
Légendes :
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