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Politique Publié le samedi 5 novembre 2011 | Le Patriote

Libération exigée de Laurent Gbagbo/ l’UE hausse le ton : Il y a 7 ans des bombes tombaient sur Bouaké et Korhogo

© Le Patriote Par DR
Sortie de crise: les accords politiques de Ouagadougou mis à rude épreuve
Photo d`archives. Le RDR se recueille sur le carré des martyrs assassinés lors des manifestations de l`opposition du 24 mars 2004
5 novembre 2004-5 novembre 2011, cela fait sept ans jour pour jour , que l’opération « Dignité » a été enclenchée par les loyalistes de Laurent Gbagbo. Pendant deux jours, les bombes, l’aviation de l’armée restée fidèle à Laurent Gbagbo a fait pleuvoir des bombes sur les villes de Bouaké, Korhogo et Séguéla. Les Sukhoi-25 et MIG-24 ont été lâchés sur les positions des Forces nouvelles. A l’occasion de leur anniversaire, Le Patriote par devoir de mémoire, a décidé de revenir sur ces douloureux événements.
3 novembre 2004. Il est 8 h du matin. La cour de l’état-major des Forces de défense et de sécurité au camp Gallieni, est bondée de jeunes gens. Ils réclament leur enrôlement pour aller combattre en zone CNO contre les rebelles. L’esplanade du bureau du général Mathias Doué est prise d’assaut par de milliers de jeunes patriotes. Le chef d’état-major, Mathias Doué, reçoit la visite de Charles Blé Goudé, le chef de file des « jeunes patriotes ». Il veut le déclenchement des hostilités avec les Forces nouvelles. Le général Doué le convainc de l’imminence d’une opération contre les hommes de Guillaume Soro. Les deux hommes sortent et sont ovationnés par la foule. « Vous voulez aller à Bouaké ? », lance-t-il. « Oui !», répond la foule. Il libère alors une rafale pour montrer ce qui attend les candidats au front. Le lendemain, dès les premières heures, au moment où l’on s’ y attend le moins, les positions des Forces nouvelles sont bombardées. Des bombes sont larguées sur Bouaké, Korhogo et Séguéla. Pendant deux jours, c’est la désolation totale dans ces zones. L’eau et l’électricité sont interrompues depuis Abidjan. Cette opération en plus des bombardements fait plusieurs dizaines de morts. Quatre-vingt-sept morts officiellement. Plus de cent morts officieusement. Les journaux de l’opposition, dans la même foulée, sont réduits au silence. L’opération est baptisée « Dignité » par ces concepteurs. Tout se passe bien pendant deux jours. Le troisième jour, un des Sukhoi-25 qui effectuait les bombardements sur Bouaké, lance des obus sur le lycée américain. Huit militaires français et un civil américain sont tués et 38 personnes sont blessées. Les autorités françaises sont saisies du drame. Le ministre de la Défense, Mme Alliot-Marie avec l’autorisation du président Jacques Chirac décident d’intervenir. Ordre est donné à toutes les troupes françaises présentes sur le territoire ivoirien de replier sur Abidjan. L’armée française détruit à terre, toute la flotte de l’aviation ivoirienne. Ce qui crée l’émoi dans le camp du président Laurent Gbagbo. Charles Blé Goudé fait une intervention télévisée les heures qui suivent. Il demande à la population et aux « jeunes patriotes » de descendre dans la rue pour défendre le pays qui est attaquée par l’armée. « Toi qui dors, réveille-toi ! Toi qui manges, arrête de manger ! », lance-t-il sur les antennes de RTI. Dans les minutes qui suivent, de milliers de personnes prennent les rues d’Abidjan. Des entreprises et établissements scolaires français sont attaqués. Des scènes de pillages ont cours. Surtout dans les quartiers où résident les ressortissants français. L’armée française, sous le commandement du général Poncet, quadrille la ville. Toute la nuit, certains ressortissants français sont évacués et conduits jusqu’à la base militaire du 43e BIMA à Port-Bouët. Selon des témoignages, d’autres ont eu moins de chance. Des hommes sont molestés tandis que certaines femmes sont violées. Le lendemain, la commune de Cocody ressemble à un véritable champ de bataille. Une foule nombreuse fait face à l’armée française qui a pris ses quartiers à l’hôtel Ivoire. La France est accusée de vouloir perpétrer un coup d’Etat contre le président Laurent Gbagbo. A la télévision comme à la radio, des messages de haine sont distillés. La France est accusée de vouloir installer le docteur Alassane Dramane Ouattara par un coup d’Etat. Le général Mathias Doué est aussi accusé d’être dans le coup. Le face-à-face de l’hôtel Ivoire dégénère. La foule qui grossissait au fil des heures bouscule le cordon de sécurité installé par l’armée française. Les troupes du général Poncet postées à cet endroit sont en passe de se faire déborder par la foule de plus en plus excitée. L’officier de l’armée, le lieutenant qui commandent les troupes présentes à l’hôtel Ivoire, demande au colonel Guiai Bi Poin venu aux nouvelles, de faire reculer la foule. Pendant que les deux hommes échangent, la foule continue d’avancer. Il s’en suit un cafouillage monstre. Des coups de feu partent. Les troupes françaises pour se frayer un passage, n’hésitent pas à tirer. Elles réussissent tant bien que mal à se dégager de l’étau humain qui se resserrait autour d’elles. Mais à quel prix ? Le bilan est lourd. Plusieurs dizaines de personnes sont tuées. On enregistre également de nombreux blessés. L’opération « Dignité » tourne à la catastrophe. Le lendemain des événements, une bataille médiatique commence. Dans les deux camps, les justifications fusent de partout. C’est à celui qui va convaincre le mieux l’opinion. Les troupes françaises sont accusées d’avoir délibérément tiré sur la foule. La ministre Alliot-Marie exige une enquête sur ce qui s’est passé à l’hôtel Ivoire et accuse certains officiers et hommes politiques ivoiriens d’avoir orchestré ce carnage. Les semaines qui suivent, le général Mathias Doué est demis de ses fonctions et remplacé par son commandant des théâtres des opérations, le colonel Philippe Mangou. Mathias Doué finit par quitter le pays après avoir été interné dans une clinique pour, dit-on, un palu. Si leurs conséquences continuent d’être ressenties dans la société ivoirienne, les événements de novembre 2004 ont permis de démontrer aux deux camps belligérants que seule la voie du dialogue pouvait dénouer la crise ivoirienne. Novembre 2004 a donc préparé la signature des accords politiques de Pretoria, puis de Ouagadougou.
Jean-Claude Coulibaly
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