C’est dans une ambiance mâtinée des senteurs exotiques des gourmets, un décor féerique pavoisé aux couleurs du sponsor Orange Côte d’Ivoire, que des convives composés d’illustres personnalités dont des hommes de lettres, de culture et des arts ont, le samedi 5 novembre 2011, au 10ème étage de l’hôtel Ivotel Abidjan-Plateau, savouré la désignation de Frédéric Grah Mel, en qualité de lauréat du Prix Ivoire 2011 de la littérature africaine d’expression francophone. C’était au cours du Dîner-Gala convié par l’Association Akwaba Culture pour la remise du Prix Ivoire 2011. Une victoire que les jurés Charles Nokan, Foua Ernest de Saint Sauveur et Wèrè-Wèrè Liking, ont proclamée par consensus au terme d’un débat ‘’houleux’’, découlant du genre littéraire de l’œuvre proposée par l’impétrant. A en croire le président du jury, Charles Nokan, le livre biographique sur la vie de feu Félix Houphouët-Boigny a prêté à débat parce que les genres littéraires notoirement connus sont la poésie, le roman et le théâtre. Toutefois, le jury est arrivé, dira-t-il, à accepter un consensus autour de l’ouvrage du journaliste-écrivain. En remettant le million symbolique de l’Ambassade de France, Christian Oquet s’est réjoui que la langue française permette à la littérature africaine de s’exprimer et que celle-ci fasse partie de la littérature mondiale. « J’ai compris tout à l’heure qu’il y avait eu des discussions notamment si le genre de l’ouvrage de Frédéric Grah Mel qui est une biographie était un genre littéraire au même titre que le roman, la poésie et le théâtre ou autre chose ? J’ai lu les deux premiers tomes de l’œuvre lauréate. Je voudrais dire que, c’est une œuvre, me semble-t-il, à la fois scientifique, pleine de rigueur, pleine de renseignements, mais c’est également une œuvre littéraire. C’est un voyage géographique à travers l’Afrique de l’Ouest en particulier. C’est aussi un voyage dans l’histoire de la Côte d’Ivoire et celle franco-africaine. C’est une biographie parce qu’elle est pleine de renseignements et c’est une hagiographie (Ndlr : un journal ou une mémoire), pleine de sources vérifiées. On sent que c’est un travail qui vous a pris douze ans. Je crois que vous avez gardé votre liberté d’auteur, de temps à autre, émis des jugements », a témoigné Christian Oquet, par ailleurs directeur de l’Institut français (ex-CCF). Le lauréat du Prix Ivoire 2011, Frédéric Grah Mel a déclaré avoir eu en 1999, l’idée de se lancer dans une biographie du Président Félix Houphouët-Boigny. Pour lui, l’idée est partie d’une Dame française à l’époque, directrice de l’Opéra de Nice pour ressusciter le fondateur de la Côte d’Ivoire. Qui, six ans plus tard après son décès, commençait à être rangé aux oubliettes. La biographie, reconnaît-il, est un « genre littéraire » budgétivore (137 millions de FCFA), fastidieux, passionnant et résulte de plusieurs périples africains, européens et étatsuniens. Quant à Henri Lopès, parrain de la 4ème édition du Prix Ivoire, il a rassuré le lauréat sur la nature – littéraire ou non - de la biographie. «La biographie est à la fois de l’histoire et de la littérature. Toutes les œuvres de l’histoire ne sont pas des œuvres littéraires mais il y en a qui le sont. Je pense au livre sur l’histoire de la France de Michelet. Si le jury y a pensé, c’est qu’il y a cette qualité comme l’a remarqué le représentant de l’Institut français. Le ministre de la Culture et de la Francophonie a traduit son satisfecit à l’Association Akwaba Culture et à son illustre hôte, Henri Lopès. Avant de remettre à Bernard Dadié et au célèbre écrivain africain des trophées en guise de distinctions. Avant son départ dans la soirée du dimanche 6 novembre 2011, le père de la littérature ivoirienne, Bernard Binlin Dadié a donné une réception en l’honneur de l’écrivain congolais, Henri Lopès, en sa résidence de Cocody (non loin de la Médiature). Déjà, le vendredi 4 novembre 2011, à l’occasion du Forum littéraire – marquant l’ouverture des festivités du Prix Ivoire 2011- l’invité spécial Henri Lopès avait échangé avec les amateurs du livre, ses pairs et les élèves des lycées et collèges issus des établissements ivoiriens et français, à l’Institut français d’Abidjan. Le livre de Frédéric Grah Mel sera dédicacé le jeudi 10 novembre prochain au siège du Cerap, sis à Cocody-Mermoz.
Patrick Krou
Patrick Krou
