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Société Publié le mardi 8 novembre 2011 | Le Mandat

Enquêtes / Petits métiers d’Abidjan : Dans l’univers des cireurs / Un métier qui rapporte

Entre les klaxons des gbakas, par-ci et autres woros-woros, par-là, ou encore entre les voitures des particuliers et le brouhaha quotidien des piétons en transit ou en partance pour la commune du Plateau et ailleurs, des gamins se faufilent et hèlent des passants en attirant leur attention par des expressions du genre « tonton, je peux cirer » ou encore « Laver cirer ! Laver cirer ! ». C’est dans ce tintamarre qu’un jeune garçon de 11 ans a attiré notre attention. Nullement découragé par la pluie fine, Alassane K. propose ses services à tout passant. Un sac en bandoulière ayant perdu sa couleur, déchiré par endroits et cousu à la main, Alassane K use de ses moyens de fortune pour se faire entendre et s’attirer les regards des potentiels clients. Dans sa main, deux brosses à chaussures. Il est en compagnie de Mery H., 17 ans, qui reproduit les mêmes gestes. Ils déclarent exercer cette activité de leur propre chef. Alassane K. et son ami Mery H. expliquent : « Déjà dès 6heures nous quittons Lokodjoro pour nous rendre au Plateau ».

Dans la commune du Plateau

Une fois descendus des embarcations de fortune appelées « pinasses », Alassane K. et son ami Mery H., munis de leurs matériels de travail offerts par leurs parents, se dirigent vers la gare Sud de la Sotra, au Plateau, un lieu où les bus « déversent » les travailleurs et les éventuelles personnes à la recherche de leur pitance quotidienne. Dans l’enceinte de cette gare, de nombreux enfants ont érigé leurs quartiers généraux pour pouvoir exercer leurs activités. Certains, assis sur les bancs en ciment de la place contiguë aux bureaux des agents de la Sotra, hèlent les usagers, quand d’autres sillonnent les différents quais en quête d’un client. Les plus entreprenants, comme Alassane et son ami Mery, se promènent dans les ruelles du quartier pour augmenter leurs chances de se faire beaucoup plus de clients. A l’aide de cirage de couleur noir ou marron et d’une bouteille contenant du savon dilué dans de l’eau, nos deux amis nettoient les chaussures de ceux qui viennent à eux pour solliciter leurs services. « D’abord, je prends cette brosse et j’enlève la poussière qui s’est déposée sur la chaussure ». Ensuite, à l’aide d’une autre, qu’il prend le soin de nous présenter, il étale la cire sur la chaussure. « Je prends le cirage et je le mets sur la chaussure, en fonction de la couleur de celle-ci », nous raconte Alassane. Puis, « je prends un chiffon pour frotter pour la faire briller». Parfois, explique à son tour Mery, « on lave les chaussures quand c’est trop sale, avant de les cirer ».

Le gain, certes mais aussi l’assurance de la pitance quotidienne

Les chaussures sont cirées moyennant 50 FCFA la paire. A l’instar de ses autres camarades, Alassane préfère descendre un peu plus tôt. « Moi, je rentre à la maison à midi, avec 1500 FCFA dans la poche ». Mery, lui, descend un peu plus tard. « C'est à 17H que je quitte le Plateau et je gagne 3000 FCFA par jour ». A midi, poursuit-il, « je mange souvent des galettes ou du ‘’garba’’ » (semoule de manioc accompagné de poisson frit). « L’argent que nous gagnons durant toutes ces vacances servent à subvenir à nos petits besoins et à aider nos parents pour acheter nos fournitures scolaires », ont-t-ils soutenu.Un peu plus loin, un autre adolescent attire notre attention. Il a à peine 18 ans et est en classe de 1ère dans la ville d’Issia. « Je m’appelle Issouf M. et je suis en vacances à Abobo chez ma tante et chaque année, en vacance, je le fais pour pouvoir payer ma scolarité », se réjouit-il. « Je gagne en moyenne entre 2000 FCFA et 2500 FCFA ou plus quand il y a de l’affluence ». Mais, cela demande des sacrifices constants. « J’arrive à la gare de la Sotra à 4H du matin par le bus et je rentre à 19H à la maison », dit-il. Nombreux sont donc les enfants que nous avons interrogés à Adjamé et à Abobo qui ne vont plus à l’école pour diverses raisons et qui se sont adonnés au métier de cireur de chaussures pour économiser de l’argent, pour apprendre un métier aux fins de se prendre « en charge ». Mais, comme Alassane, Mery et Issouf, ils sacrifient leur adolescence, leurs vacances et parfois leur innocence pour braver des dangers et s’adonner à cette activité. Qui, malgré tout, ne manque pas de nourrir son homme. « Il n’y a pas de sots métiers », dit l’adage.

MARIE PAULE KOFFI
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