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Politique Publié le lundi 14 novembre 2011 | L’Inter

Koné Bilhamany Oublié pendant le partage du gâteau?

La confession du commandant Koné Bilhamany ; Ses révélations sur 10 années de clandestinité et de lutte ; Son appel aux nouveaux dirigeants

Le militaire ne parle pas. Mais, lui, a décidé de rompre un tant soit peu le silence. Sa situation sociale lui en impose, parce qu'il se sent victime d'une injustice qu'il appelle à réparer, après avoir donné sa vie pour l'aboutissement d'une cause. Lui, c'est le commandant Koné Bilhamany, l'un des chefs de guerre de la crise post-électorale, aujourd'hui basé à la brigade anti-émeute (BAE) de Yopougon. Des vertes et des pas murs, il en a connu assez depuis les années 2000, et les relate avec force précisions comme si c'était hier. Entretien.

Commandant Koné, pouvez-vous vous présenter aux Ivoiriens qui ne vous connaissent pas?

Je suis le commandant Koné Bilhamany, militaire depuis 1988. J'ai été recruté à Bouaké et j'ai fait ma formation commune de base (FCB) au 1er bataillon d'Akouédo. Après, j'ai été affecté au 2ème bataillon de Daloa.

Comment êtes-vous arrivé dans l'ex-rébellion?

A l'issue d'un mouvement que nous avons mené ensemble, je me suis retrouvé en exil, précisément le 13 janvier 2001.

Déjà avant la rébellion?

Oui, déjà avant la rébellion. Nous avions monté un mouvement que l'on a appelé ''Le complot de la mercedès noire''. Nous avons monté ce complot avec un ancien ministre très proche du régime actuel qui avait pour nom de code ''Tam-tam'', tout comme le Premier ministre actuel que l'on surnommait aussi ''Bogota''. J'ai eu à effectuer des missions très secrètes et risquées qu'ils m'ont souvent confiées. Je suis le seul à savoir comment j'ai pu faire entrer les armes au pays. Je me dis, avec ce qui m'arrive aujourd'hui, que si on m'arrêtait en ce moment là, certains allaient certainement dire qu'ils ne me connaissaient pas. On m'aurait présenté comme un trafiquant d'armes de braquage. Dieu merci, j'ai réussi à m'en sortir et nous avons monté le complot de la mercedès noire. Quand nous avons engagé les offensives, j'étais à Abidjan et je suis même intervenu sur les antennes pour inviter nos frères d'armes, gendarmes comme militaires, à se rallier à nous. J'avais pris la radio au Plateau et j'attendais du renfort de nos grands frères, feu ''IB'', Tuo Fozié, Koné Gaoussou, etc.; ceux-là à qui je rendais constamment visite depuis leur exil à Ouagadougou. J'étais l'intermédiaire entre ces exilés et les recrues pour les préparatifs sur le terrain ici au pays. Il fut un moment où le grand frère ''IB'', qui était en contact avec le ministre et Soro Guillaume, a démissionné. Sachant que je suis un de ses demi-frères, ils ont pris contact avec moi et j'ai accompli la mission comme ils me l'ont demandé. A savoir, aller rencontrer souvent ''IB'' et prendre des choses pour rentrer...

Tout ça, c'était avant l'offensive du 19 septembre 2002?

Effectivement, c'était pendant la transition, sous le Général Robert Guéi. Après cette opération, qui a échoué, je suis allé en exil pour ne revenir qu'après les accords de Linas Marcoussis, en 2003.

Après l'éclatement de la rébellion?

Exactement, nous avons eu beaucoup de difficultés à notre niveau là-bas, lorsque nous étions en exil. C'est la raison pour laquelle je n'avais pas voulu suivre le mouvement à son début. Après, j'ai été joint par le ministre Tuo Fozié, mais j'avais indiqué que j'allais les rejoindre au moment opportun. C'est ainsi que je suis rentré après les accords de Marcoussis, mais je suis arrêté le mardi 23 décembre 2003 à 18h45 par la Direction de surveillance du territoire (DST) au marché de l'Habitat d'Adjamé. Alors que j'étais en compagnie de beaucoup de frères, au nombre de 6 personnes parmi lesquelles Coulibaly Issa, garde du ministre de la Justice d'alors, Henriette Diabaté, et petit frère du comédien tué Camara ''H''.

Qu'est-ce qui vous a poussé à monter le complot de la mercedès noire?

Sous la transition militaire, on a senti que le Général Guéi était en train de dévier de sa trajectoire. On arrivera à l'élimination de certaines candidatures telles que celles du président Bédié et du Dr Alassane. Ce qui a occasionné le charnier à l'issue des élections de 2000 par des éléments du camp commando d'Abobo et d'Agban. C'est ce charnier qui va provoquer la démission de ''IB'' de son poste d'attaché de défense au Canada où il avait été affecté.

Que reprochiez-vous, à cette époque, à Gbagbo qui venait d'arriver au pouvoir?

C'était lui le conseiller du Général Guéi, qui était le chef de l'Etat. Les deux ont convenu d'un deal pour aller aux élections. Il a même promis au Gal Guéi qu'il serait son Premier ministre quand il serait élu. Donc, il n'était pas question qu'il accepte les candidatures des autres qui ne leur étaient pas favorables. C'est ce qui n'a pas marché et ils se sont trahis entre eux. Etant donné que dans les casernes, le général ne considérait pas les autres militaires et que c'est Boka Yapi qui était devenu son lieutenant de guerre, ils ont baissé les bras et ne l'ont pas soutenu lorsque le président Gbagbo s'est proclamé élu.

Que s'est-il passé par la suite, après votre arrestation?

Nous avons été envoyés à la DST. Ma femme que j'ai pu joindre le jour de mon arrestation, est allée rencontrer le ministre de la Défense d'alors, René Amani. Ce dernier a appelé à la DST pour demander qu'on nous défère à la maison d'arrêt militaire d'Abidjan (MAMA). J'ai été déféré avec le caporal, en son temps, Coulibaly Issa. Les 6 autres personnes, avec qui nous étions, sont restées à la DST. Sans que nous ayons reçu de visite, après 3 mois, le commissaire du gouvernement, Ange Kessi est venu me libérer. Au moment où le complot de la mercedès noire se passait, mon chef de corps qui était au service, était parti à la retraite. Mais, comme il était peut-être avec le pouvoir en place, il a été reconduit aux Renseignements de la défense. Lorsqu'on m'avait arrêté, il était le directeur des renseignements des armées. Il a dit qu'il n'était pas question qu'on me libère. Mais, le colonel Ange Kessi a rétorqué qu'il n'avait pas de preuve contre moi et a menacé de se décharger de l'affaire et de me déférer à la maison d'arrêt correctionnelle d'Abidjan (MACA). C'est ainsi que j'ai été déféré à la MACA le 11 février 2004, comme un prisonnier civil. J'y suis resté durant plus d'un an. Vous savez, j'étais au cabinet de Mme Sangaré, qui était la Conseillère de Mme Gbagbo. Avec les renseignements, elle a su que c'était moi. Donc, il fallait me garder en prison le plus longtemps possible. Ce qui a été fait.

En quelle année êtes-vous sorti de la prison?

Je suis sorti de la prison en 2008, mais à la maison, je continuais de recevoir toujours la visite de policiers au nom de mon chef de corps qui m'a livré à la prison. C'est l'un des hauts gradés, commandant d'une unité de la place. Un jour, j'ai décidé de fuir pour me rendre chez un de mes beaux-parents, quand on m'a encore arrêté à la gare, alors que j'étais en tenue avec mon sac en main. Ceux qui m'ont arrêté ont même dit au commandant de brigade de la ville de me tuer là où je me suis rendu, parce que je serais un élément très dangereux pour la République. Mais, c'était trop tard, beaucoup de personnes étaient déjà au courant, même mes chefs hiérarchiques, qui me rendaient visite en son temps. Voyez combien j'ai eu un parcours très tumultueux fait de beaucoup de risques, au nom de ce combat qui a abouti aujourd'hui. Imaginez-vous qu'en son temps, il existait plus de 280 barrages à franchir entre le Burkina et la Côte d'Ivoire! Allez prendre du matériel de guerre dans un pays comme cela pour revenir, il fallait avoir de la baraka pour le faire. Je n'ai pas hésité à le faire pour la cause.

Donc, vous n'avez pas pris part à l'attaque du 19 septembre 2002?

Non, beaucoup ne me croyaient pas encore en vie. Même ceux avec qui j'étais déjà en exil. Tous croyaient que j'avais été tué. Récemment, quand j'ai retrouvé certains après les combats, même le commandant Ben Laden n'a pas cru que c'était moi quand il a vu les engins avec lesquels j'étais au front et qu'on lui a dit que c'était les hommes du commandant de la brigade Ninja, Koné Bilhamany. Il a été très surpris de me revoir en vie. Sinon, il faut le dire clairement, je n'ai pas été un élément des Forces nouvelles. Au contraire, peut-être des éléments des Forces nouvelles doutaient de

moi, a vec tout ce qui s'était passé entre nous depuis notre exil. D'autres ont même tiré sur Hervé Touré (alias Vétcho). Tous ces faits ont fait que je n'ai pas voulu revenir si tôt. Parce que la confiance n'était pas encore de mise.

Que faisiez-vous alors quand vous étiez sorti de prison, pendant que les autres continuaient le mouvement?

J'étais à Abidjan, à la maison. Je ne faisais rien. C'est ma femme qui nous nourrissait avec son commerce de ciment dans la sous-région. J'ai rejoint le mouvement depuis le mois de décembre 2010, après le second tour de l'élection présidentielle. J'ai pu réintégrer la troupe grâce à mon petit, Traoré Daouda (il nous l'indique), qui m'a suivi jusque même dans mon exil. Quand le mouvement a commencé, lui, étant rentré, m'a appelé et est allé à ma rencontre là où j'étais. Je n'avais même pas le transport pour revenir. C'est à crédit que je suis venu avant qu'il ne paye. On s'est croisés précisément à Agboville d'où j'ai rejoint le mouvement à Abobo PK 18.

Avec feu le commandant Ibrahim Coulibaly?

Non, j'étais avec le commandant Konaté, l'un des responsables du commando invisible d'Abobo, les chefs de guerre tel Dédougou, Inza Karamoko, etc. En tout cas, Abobo était partagé. C'est à cette période que j'ai revêtu la tenue. Je me suis rendu pour ma première fois au Golf hôtel où j'ai rendu visite au ministre Tuo Fozié. J'y ai rencontré le commandant Ouattara Youssouf ; ils étaient tous étonnés de me revoir vivant.

Comment avez-vous été accueilli, comme un des leurs?

Franchement, ils m'ont bien accueilli. Je dis merci au ministre Tuo Fozié et à Ouattara Youssouf. On se voit quand c'est possible et ils m'ont dit de venir les voir tant que j'ai un problème.

Vous dirigiez la brigade Ninja pendant les combats. Où était basée cette brigade?

La brigade Ninja n'avait pas une base fixe. Elle existe depuis 2003 et est composée de jeunes qui se sentaient un peu frustrés, parce que pourchassés, menacés en permanence d'arrestation et de mort. A la vérité, nous avions créé cette brigade depuis l'exil. Vous aviez du remarquer que sur le tee-shirt des éléments de cette brigade, il y a le signe G5, qui est le groupe des 5 fondateurs de cette brigade que sont les commandants Hervé Touré, Konaté Daouda (qui est retourné aujourd'hui en exil), feu Koné Donetenin tombé aux combats en 2002 à Agban, Coulibaly Yorogbogbo dit ''Tchuc'' , tué pendant l'attaque de M'bahiakro et Koné Bilhamany, votre serviteur. A mon retour d'exil, lorsque j'ai voulu monter une troupe pour soutenir mes devanciers sur le terrain, c'est cette même brigade Ninja que j'ai reprise. Nous étions basés à ''Bois Sec'' à Abobo PK 18.
Revenons un peu sur le commando invisible. Vous qui avez combattu à Abobo, qui en est le vrai père?

Il n'y a pas pas un vrai père du commando invisible. C'est une histoire d'organisation et de solidarité. Il y avait plusieurs groupes. Celui des commandants Konaté, Inza Karamoko et Dédougou. On menait les actions en groupe. Après les combats, on se partageait le matériel sur lequel nous avons pu mettre la main sur le terrain, et chacun s'en allait dans sa base. Parce qu'on n'avait pas de matériel, il fallait attaquer et arracher du matériel à l'adversaire en face.

''IB'', qui s'est proclamé général, a réclamé la paternité du commando invisible?

IB est venu nous trouver sur le terrain. Lorsqu'il rentrait, il existait déjà le commando invisible. Les éléments du CeCOS tués devant la MACA (maison d'arrêt et de correction d'Abidjan), ça s'est passé avant que ''IB'' n’arrive. C'est d’ailleurs pourquoi dès qu'il est arrivé, il a entrepris de conquérir les autres combattants pour les ramener à lui. Il a tenté de les amener à se rallier à lui, puisque que ce sont des combattants qu'ils connaissait, pour avoir été ensemble depuis le coup d'Etat de 1999.

Avez-vous rencontré ''IB'' avant sa mort?

Pas avant sa mort. Vous savez, IB c'est mon cousin. C'est mon grand frère, puisque sa mère et la mienne sont de la même famille et du même village. Mais, il n'y avait pas de lien ni de contact entre nous, vu ce qui s'est passé entre nous depuis l'exil. C'est le jour de sa mort que je me suis rendu à la morgue d'Anyama pour aller constater les faits.

Alors, aujourd'hui, que devient le commandant Koné?

Le commandant Koné est là, toujours à la BAE avec le commandant Coulibaly Ousmane (alias Ben Laden).

Occupez-vous un poste à la BAE?

En tout cas, ce n'est pas ce que je voulais. Depuis 2001, où mes déboires ont commencé, je suis suspendu de ma solde. J'ai pris mon dernier salaire le 31 décembre 2000. Jusqu'à ce jour, je survis grâce à ma femme et à mon petit frère. On ne m'a pas encore réintégré dans mes fonctions et je continue de vivoter. Le contexte ayant changé, j'attends encore qu'on me rétablisse dans mes droits, après tous ces sacrifices que nous avons faits ensemble.

En avez-vous saisi les nouvelles autorités?

Pas pour le moment, puisque dans l'armée il faut procéder toujours par ordre hiérarchique. J'ai fait plusieurs tours à l'Etat-major, qui sont restés sans suite. Le colonel Soumahoro, que j'ai rencontré, m'a dit qu'il a adressé une lettre au colonel de la direction des ressources humaines (DRH) des armées. Mais, jusque-là, toutes ces procédures restent sans suite. Néanmoins, auprès du commandant Coulibaly Ousmane, qui est le chef de corps du groupement tactique (GT) 8 de la BAE dont je fais partie, je suis adjoint à son commandant des camps. Je lui ai soumis mon problème, et il a adressé un message à l'Etat-major. D'après ce qu'on m'a dit, ce message serait entre les mains du colonel Chérif Moussa.

Qu'en est-il du Premier ministre, ministre de la Défense avec qui vous sembliez avoir eu quand même des rapports très étroits par le passé?

A plusieurs reprises, j'ai tenté de rencontrer le Premier ministre Soro, sans succès. J'ai confié mon problème à mon avocat pour qu'il rencontre le ministre Amon Tanoh afin qu'il puisse m'aider à joindre le Premier ministre et lui expliquer mon cas.

N'est-ce pas parce que vous n'avez pas fait partie formellement des Forces nouvelles que votre cas bloque?

Non, ce n'est pas parce que je n'étais pas au commencement de la guerre. Tout le monde sait que j'ai combattu à ma manière, que ce soit tôt ou tardivement. Tous les préparatifs jusqu'à ce qu'on arrive à l'apothéose après les élections, j'étais au cœur du système. Ce n'est pas le Premier ministre Soro ni l'autre ancien ministre qui diront le contraire.

Qu'attendez-vous qu'on fasse pour vous?

Qu'on me mette là où je mérite d'être. Il faut qu'on me réintègre formellement dans mes fonctions de militaire et que je me retrouve au même niveau que mes camarades de promotion qui sont aujourd'hui des officiers, des commandants. Tous ceux qui ont fait l'exil avec moi, Chérif Ousmane, Koné Zackaria, etc, sont devenus tous commandants. Quand je partais en exil, j'étais caporal-chef, l'informaticien du chef de corps. J'ai fait ma formation à l'Ecole des forces armées (EFA). Il y en avait qui étaient moins gradés que moi. Après 21 ans de service et tout ce que j'ai enduré, je pense que je mérite qu'il y ait une mise à niveau me concernant.

Il est difficile de croire que vous ayez fait tout ce parcours et que l'on ne prête pas d'oreille à vos doléances. Qu'est-ce qui ne va pas?

C'est un peu cela qui est ma préoccupation. Je ne sais pas ce qui ne va pas, puisqu'aujourd'hui on agit en ''chacun pour soi Dieu pour tous''. Aucun chef n'est prêt à aider son ami. Ils se disent que '' ce que celui-là a fait pour le mouvement, si moi je prends mon temps pour l'aider, peut-être qu'il va finir par me dépasser''. Donc, chacun lutte pour sa tête, et se bat d'abord pour lui-même. Chacun plaide pour sa chapelle plutôt que de parler de quelqu'un d'autre.

Peut-on parler de problème de cohésion au sein des ex-forces nouvelles?

Non, il n'y a aucun problème de cohésion. Jusque-là, tout va bien. On collabore sans problème ; nos actions sont coordonnées. Mais seulement, il y a un problème d'intérêt et d'égo.

Qu'entendez-vous faire si ça ne marche pas?

Je ne sais pas ce que je vais faire. Sinon, je suis militaire de métier depuis 21 ans. Je ne sais pas ce que je vais faire encore, et j'espère que ça va marcher. Sinon, peut-être que je vais démissionner pour me retrouver ailleurs dans un autre pays pour ne pas paraître un suspect et subir encore des souffrances comme celles que j'ai déjà endurées.

Actuellement, comment vous en sortez-vous, vos hommes et vous?

Il y a des amis et des chefs tels que les ministres Messemba Koné et Tuo Fozié, qui m'aident à tenir mes éléments.

Commandant Bilhamany, votre nom serait cité aussi dans le ''complot du Badjan'', du 11 au 12 novembre 2003 sur la RTI...

C'est à partir de cette opération même qu'il y eu la création de la brigade Ninja. Et c'est à l'issue de cette opération que j'ai été arrêté, le 23 décembre 2003, quand on disait que j'avais une base à UNICAFE à Anyama. Or, tout cela était faux.

Que recherchiez-vous à travers toutes ces attaques?

Nous avons pris des risques pour notre peuple, pour notre liberté. Il fallait reconquérir, nous-mêmes, nos propres libertés d'abord, parce qu'on ne pouvait plus vivre en paix comme les autres. On était traqué partout. Moi, j'ai passé plus de 3 ans sans dormir chez moi. J'étais obligé de dormir chez un cousin à Adjamé et la journée, je fais mes courses, je prends contact avec mes collaborateurs. Je ne pouvais pas rentrer chez moi à la maison, tellement j'étais recherché. Ma tête a même été mise à prix pour 5 millions. Si on me tuait, à ce moment-là, personne n'allait savoir que je me battais pour une cause noble. Puisque c'est moi qui étais l'homme orchestre de tous les préparatifs. Tout ça est passé, et Dieu merci je suis encore en vie.

On parle de nouveaux recrutements au GT 8 de la BAE. Qu'en est-il?

Nous, pour le moment, on regarde faire. Il y a des gens qui nous ont rejoints. Nos collaborateurs, qui nous ont aidés à combattre, qui n'ont jamais été en exil et qui ne connaissent pas nos souffrances. Aujourd'hui, ils sont tous dans l'organisation. Raison pour laquelle il y a problème dans le profilage. Nous avons d'énormes problèmes, parce qu'on laisse les combattants et chacun envoie son cousin ou sa cousine. Actuellement, on peut avoir 2 sections de jeunes filles, à raison de 30 personnes par section. Elles ne savent même pas comment on en est arrivé là. Chacun fait venir sa famille parce qu'aujourd'hui, on ne combat pas. Ce qui fait que les vrais combattants intéressent peu par rapport à ces arrivants-là, puisqu'on dit même qu'il y a trop de combattants. Si tous ceux-là avaient combattu effectivement, les combats n'auraient pas duré. Maintenant, on oublie ceux qui ont combattu. On a du mal même à les profiler.

Peut-on dire qu'il y a une sorte de frustration en votre sein?

On ne peut que le dire. Il y a beaucoup de frustrations. On ne met pas les gens à leur place. Ceux qui nous ont soutenus depuis 2000, on dit qu'on va les démobiliser, etc. Pendant ce temps, on prend d'autres personnes. Et si on recrutait tout le monde et qu'on faisait 3 à 5 ans sans recrutement.

N'y a-t-il pas à craindre que ces frustrations créent d'autres problèmes?

C'est justement pourquoi je propose qu'on garde tout le monde, au lieu de démobiliser et de prendre d'autres personnes pendant ce temps.

Entretien réalisé par F.D.BONY
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