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Politique Publié le samedi 19 novembre 2011 | Le Patriote

Mamadou Chérif (Président des réfugiés ivoiriens au Togo): “Des Ivoiriens vident les WC pour se nourrir”

© Le Patriote Par DR
Crise ivoirienne: des réfugiés libériens se disant victime d`agression assiègent le HCR
Liberian refugees, claiming to be victims of agression, shelter outside the UNHCR mission in Abidjan on January 9, 2011. There are media reports that Liberian mercenaries are supporting presidential claimant Laurent Gbagbo, leading to fears amongst the Liberians in Abidjan that they could become targets by supporters of Gbagbo`s internationally recognised rival Alassane Ouattara.
Mamadou Chérif, comme beaucoup d’Ivoiriens, a trouvé refuge au Togo pour échapper aux tueurs de Laurent Gbagbo. En sa qualité de président national de la communauté des réfugiés et requérants d’asile ivoirien au Togo (CRRAIT), il énumère, dans cet entretien les nombreuses difficultés auxquelles les milliers d’Ivoiriens réfugiés sont confrontés.
Le Patriote: Quel sentiment anime les réfugiés ivoiriens au Togo après la visite du Président Ouattara?
Mamadou Chérif: C’est un sentiment de joie et l’espoir est maintenant permis après son passage. Nous venons de constater qu’on nous prend en compte dans le processus de réconciliation nationale et surtout le Président a confirmé que nous allons prendre part aux discussions avec ses collaborateurs pour que nos préoccupations regroupées dans un mémorandum soient prises en compte afin que nous puissions rentrer dignement au pays.

LP: Les réfugiés sont-ils véritablement prêts à rentrer au pays et à quel moment?
MC: Nous nous posons la question de savoir si les Ivoiriens qui sont au pays connaissent véritablement la valeur du pays. Il faut être hors de la Côte d’Ivoire pour comprendre qu’elle est un grand pays qui doit manquer à tous ses fils. Tous les réfugiés désirent rentrer au pays le plus rapidement possible. (…) Nous ne parlons pas de conditions. Mais de préoccupations. Elles sont d’ordre sécuritaire, social, économique et autre. Nous insistons sur le mot parce que pour quelqu’un qui ne sait plus où résider à Abidjan, on ne peut pas lui dire d’y retourner. Il perdra toute sa dignité alors que la dignité fait partie des droits humains. Au-delà de la sécurité qui est primordiale, les réfugiés se demandent comment se réinsérer dans le tissu social pour des gens qui ont perdu leur boulot etc.
Il suffit que l’Etat trouve des approches de solutions à ces problèmes, vous verrez que ce sont des centaines de cars qui vont se suivre pour Abidjan. Les réfugiés du Togo veulent être au devant de ce départ en Côte d’Ivoire avant ceux des autres pays.

LP: Quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le terrain?
MC: Il y a la précarité à tous les niveaux. Il y a des personnes âgées, des enfants, des jeunes qui sont dans l’inactivité. Ce qui veut dire qu’on n’a pas les moyens. Le HCR nous prend en compte seulement sur le volet vivres et sur le plan sanitaire. Mais les condiments pour pouvoir assaisonner les vivres, pour faire la cuisson des vivres est déjà un problème. Donc des réfugiés, dès qu’ils ont les vivres, les revendent pour avoir le minimum et attendre encore d’autres vivres. Donc perpétuellement, ils sont devenus presque des mendiants. Aujourd’hui, le réfugié ivoirien est transformé en mendiant. Il faut quémander. Ceux qui sont en ville, sont chez des tuteurs mais il faut comprendre que le peuple togolais si hospitalier a aussi des besoins. Il y en a aussi qui ont loué des maisons qu’ils n’arrivent plus à payer. D’où des gens qui dorment à la belle étoile. Des gens qui n’ont pas de domicile fixe, qui passent la journée dans des lieux publics jusqu’à la nuit. Des réfugiés, en dépit de leur niveau scolaire, sont devenus des pousseurs de "Wotro". Des gens sont devenus des ‘’attacheurs’’ de colis au marché, d’autres vident les WC. Vous comprenez que la situation est véritablement difficile. Mais s’ils le font, c’est parce qu’ils préfèrent cela que de perdre leur dignité.

LP : Quels sont vos rapports avec les autorités togolaises ?
MC : Le Togo, il faut le savoir, est le seul pays qui ne fait pas frontière avec la Côte d’Ivoire, mais qui a donné le statut collectif aux réfugiés. C’est-à-dire que le président Faure Gnassingbé a signé un décret présidentiel pour dire que tout demandeur d’asile politique est réfugié. Ça c’est exceptionnel. Il faut reconnaître que c’est un grand cadeau et une grande compassion pour tous les réfugiés. Deuxièmement, le peuple togolais s’est investi au début de la crise. Certains ont apporté des habits, d’autres de la nourriture. D’autres mêmes sont venus chercher des réfugiés au centre d’accueil, pour les loger chez eux. Au-delà, les relations entre le bureau exécutif des réfugiés et les autorités sont des relations de respect de l’autorité, de respect des lois du pays et puis en retour, les autorités du Togo veillent à notre sécurité, à notre bien-être.

LP: Les réfugiés sont-ils pris en otage par les cadres LMP qui vivent nombreux au Togo et qui ne seraient pas prêts à rentrer?
MC: Je ne crois pas. Parce que nous avons dit aux réfugiés d’ici qu’on ne fait pas de politique. Ni dans les camps, ni dans les centres d’accueil. Etant donné que les partisans de tous les partis sont représentés. Avant d’arriver donc, vous déposez votre manteau politique à la frontière d’Aflao avant de rentrer au Togo.
C’est pour dire qu’aucun cadre n’est venu tenir ici, un discours politique.
Interview réalisée à Lomé par Yves-M. ABIET
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