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Politique Publié le mercredi 23 novembre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Cour Pénale Internationale / Tout le monde ment aux Ivoiriens : Ce qui n’a jamais été dit sur le transfert de Gbagbo à La Haye

LMP et RHDP mentent aux Ivoiriens au sujet de Laurent Gbagbo. Le gouvernement ivoirien a indiqué qu’il souhaite que Laurent Gbagbo soit jugé à l’extérieur, au nom de la transparence et de l’équité ; et pour éviter qu’on dise que l’ex-chef de l’Etat a été jugé par une justice aux ordres du régime Ouattara. Au nom de ce souci de transparence, le Président de la République, Alassane Ouattara, prend le risque de subir les critiques selon lesquelles, la décision de transfert de Laurent Gbagbo, est la marque d’une incapacité à crédibiliser et à rendre libre et indépendante la justice ivoirienne. Selon des observateurs de la scène politique ivoirienne, le choix politique fait par Ouattara de faire juger Laurent Gbagbo à l’extérieur, implique un refus d’assumer localement toutes les conséquences de la crise postélectorale.

D’autres observateurs y voient plutôt une fuite en avant, et un refus d’assumer et d’endosser une condamnation éventuelle de Laurent Gbagbo

Tout le monde peut être jugé en Côte d’Ivoire, sauf Laurent Gbagbo, son épouse, Blé Goudé et Dogbo Blé, selon des sources, tout simplement parce que les crimes de guerre, et les crimes contre l’humanité dont ils sont accusés, ne peuvent être jugés en Côte d’Ivoire, selon le procureur de la République. De tels crimes, selon Simplice Koffi, ne peuvent être jugés parce qu’ils ne sont pas connus par les lois et le code pénal de la République de Côte d’Ivoire. Mais cette explication ne convainc pas les partisans d’une solution interne, qui observent : «A l’heure où le Président de la République, prend des ordonnances valant loi, au moment où le nouveau parlement s’installera dans quelques semaines, et qu’il peut voter des lois pour déterminer ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire en intégrant les dispositions du traité de Rome, pour le ratifier, et faciliter l’intégration dans le dispositif pénal ivoirien, le recours à la CPI pose problème. C’est pourquoi, on veut le faire avant le 11 Décembre 2011, car avec l’élection du nouveau parlement, nos autorités n’auront plus d’arguments.» Cela dit, tout le monde note que dans la procédure en cours, le gouvernement ivoirien a le mérite de reconnaître qu’il a un parti-pris. Oui en effet, en appelant à la rescousse la CPI, Ouattara admet, avoue et estime que Laurent Gbagbo est coupable, et que de ce point de vue, les autorités judiciaires placées sous l’autorité du pouvoir politique, ne peuvent être à mesure de le juger dans l’équité. Forcément, sous le régime Ouattara, Laurent Gbagbo sera condamné lourdement et ne bénéficiera d’aucune circonstance atténuante, ni du vent de la réconciliation ! Est-ce de cela que le FPI et les partisans de Laurent Gbagbo veulent vraiment ? N’empêche, cette façon de voir et de vouloir faire n’est pas du goût de nombreux militants et partisans du RHDP, pour qui le départ de Laurent Gbagbo à la CPI est forcément le signe de sa culpabilité, ainsi que la preuve de ce qu’il sera condamné à une lourde peine, pour le restant de la vie. La vision pro-Ouattara de la culpabilité de Laurent Gbagbo est donc amplifiée par les pro-Gbagbo, qui annoncent même des dates et périodes précises de transfèrement éventuel de Laurent Gbagbo. Alors que l’ancien chef de l’Etat n’a même pas été inculpé, ni encore reconnu coupable ou responsable, ses partisans s’empressent à accréditer une inculpation, en évoquant tout simplement qu’il va être transféré. Tenter de prévenir, de dénoncer à l’avance et essayer d’anticiper, finit donc par avoir un effet contraire.

La preuve par les rumeurs de coup d’Etat

Par exemple, quand un pro-Ouattara dit que le FPI veut renverser Ouattara et faire un coup d’Etat contre le nouveau régime, il appelle évidemment le pouvoir à réagir, à prendre des mesures pour empêcher cela; il vise également à faire peur aux putschistes. Mais en même temps, crier au coup d’Etat signifie que la sécurité n’est pas du tout totale et qu’un coup d’Etat est bel et bien possible. Si un coup d’Etat n’était pas possible et réalisable, sous Ouattara, pourquoi alors accorder du crédit à ce qui pourrait être de simples élucubrations et des rêves debout, de mauvais perdants de LMP.

LMP allié objectif de Ouattara pour Gbagbo à la CPI?

LMP fait donc le lit, du départ de Laurent Gbagbo à la CPI, en tentant de crier au loup, en voulant prévenir au lieu de guérir. Louable de refuser de jouer au médecin après la mort, intéressant de brandir sa force pour ne pas s’en servir, mais il est temps, qu’on soit RHDP ou LMP, de cesser de mentir aux Ivoiriens.

Avant d’être transféré, avant de donner une date, il faut d’abord que Laurent Gbagbo soit
inculpé et reconnu responsable (dans le cas des crimes de guerre et crimes contre l’humanité

La notion de responsabilité semble valoir culpabilité). C’est seulement si Laurent Gbagbo est effectivement inculpé que l’on pourrait parler d’un transfèrement. Sans oublier la délocalisation possible de la CPI. Un tribunal spécial de l’Onu a été installé en Yougoslavie et en Sierra Léone.

Le cas libyen instruit d’ailleurs une jurisprudence à prendre en compte. Contrairement au cas ivoirien, un mandat d’arrêt avait été déjà émis par le procureur Ocampo contre Kadhafi et son fils. Kadhafi est mort ; son fils est arrêté. Mais voici que le CNT refuse de le livrer à la justice internationale. Si le procureur, qui se rend en Libye pour négocier au lieu d’exiger que le fils Kadhafi soit purement et simplement livré, échoue à le faire transférer, autorise un procès à l’intérieur de la Libye, il ne facilitera pas la tâche au gouvernement Ouattara d’une part, et rendra compliqué son réquisitoire contre Laurent Gbagbo face aux juges, qui étaient censés examiner le cas Gbagbo depuis le 03 Novembre, fin des éléments de l’enquête préliminaire. En dehors des autorités ivoiriennes, qui n’ont pas le pouvoir d’inculper Laurent Gbagbo et qui veulent s’en laver les mains, seul le FPI avait eu la meilleure réaction, à l’époque à la veille de l’arrivée du procureur Ocampo. Le FPI avait souhaité une enquête ouverte et impartiale, sachant bien que Laurent Gbagbo n’avait pas encore été inculpé. Par la suite, les observateurs ont noté que dans le camp Ouattara, des figures comme Chérif Ousmane, Ben Laden et Losseni de Man avaient été mises en cause. Alors que personne ne fait cas de ceux-ci, voici que tout le monde est emballé, aussi bien dans le camp Ouattara, que dans le camp Gbagbo par la propagande et le vuvuzela autour d’un transfèrement de Laurent Gbagbo et de ses proches seulement. Comme si l’agenda de la justice internationale était à la solde du régime Ouattara. Ceux qui se souviennent des grandes batailles diplomatiques à l’Onu et à l’UA, ceux qui se souviennent de la position de l’UA sur l’inculpation du Président Béchir, ceux qui estiment qu’aucun chef d’Etat africain ne peut conseiller la CPI, disent déjà à voix basse, que lors de sa tournée dans les pays du Conseil de l’Entente, le Président de la République a pu écouter le plaidoyer de ses pairs, qui ne peuvent être soupçonnés de sympathie pour Gbagbo. Cela va-t-il changer la donne ? En attendant, chacun continue de mentir et de faire du bruit. LMP comme RHDP, chacun avance des dates, et la guerre des nerfs, la guerre psychologique se poursuit. Cela perturbe le peuple, fait monter la tension, effraie quelques opérateurs économiques, et retarde le sentiment de normalisation. Laurent Gbagbo devient au grand dam des gouvernants, (à la joie de ses partisans heureux de troubler le sommeil de Ouattara, selon eux) le sujet le plus prisé par les journaux et objet de débats dans les foyers. Mais quels intérêts des partisans de Ouattara ont à alimenter et amplifier des rumeurs de ce genre ? Savent-ils qu’au fond, des barons du FPI et certains pro-Gbagbo souhaitent vraiment que Laurent Gbagbo aillent à La Haye, comme Ouattara lui-même le souhaite ? Voici l’explication donnée : «à La Haye, le Président Gbagbo sera bien traité, et sera loin des humeurs de ses geôliers. Nous serons plus libres et plus à l’aise pour mener nos activités, sans aucune crainte de représailles directes pour notre chef. Nous manifesterons librement en Côte d’Ivoire et en Europe.» Dont acte!

Charles Kouassi
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