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Société Publié le mardi 29 novembre 2011 | L’Inter

Reportage – Transfert de la capitale / 7 mois après la crise post-électorale - Ce qui reste des chantiers de Gbagbo à Yamoussoukro

Le transfert de la capitale ivoirienne d’Abidjan à Yamoussoukro a été voté par l’Assemblée nationale et formalisé par la loi N° 83-242 du 21 mars 1983. Cette volonté du Président Houphouët-Boigny dont Yamoussoukro est la ville natale, a par la suite été rendue applicable par le décret N° 97-177 du 19 mars 1997, signé par le Président Henri Konan Bédié qui procèdera aussitôt à l’ouverture de la voie triomphale donnant accès au quartier devant abriter les sièges des institutions nationales. Mais ce ne sera qu’avec l’accession au pouvoir du Président Laurent Gbagbo qui en fera une véritable priorité nationale, que ce projet de transfert de capitale deviendra effectif. Aidé par la Chine, le Président Gbagbo fit construire très rapidement l’hôtel des parlementaires devant dans un premier temps, abriter les députés qui selon les projections de l`ex-président ivoirien , devraient siéger dans la nouvelle capitale dès 2012. L’inauguration le samedi 27 mai 2006 de cet hôtel de 300 places, va sous l’administration du Programme spécial de transfert de la capitale créé à cet effet, ouvrir de nombreux chantiers. Notamment ceux de la nouvelle Assemblée nationale et surtout du futur palais présidentiel. Mais aussi du Sénat. L’attachement du Président Gbagbo à ces chantiers dont les visites étaient l’une de ses principales activités chaque fois qu’il était présent dans la ville, a finalement amené les observateurs à baptiser de « Chantiers de Gbagbo », ces travaux de construction des nouveaux sièges des institutions. Aujourd’hui, plus de 7 mois après la chute de Laurent Gbagbo, ces chantiers sont grippés. Les vrombissements de machines qui brisaient le silence dans le futur quartier des affaires, officiellement appelé la zone administrative et politique (Zap), se sont tus. Si bien qu’une ambiance de cimetière règne en ce moment là où sortaient de terre ces édifices. Dans ces chantiers la semaine dernière, nous n’avons rencontré que des personnes, interdites de parler à toute personne étrangère et qui, bien qu’au travail, ne savent plus ce qu’ils font en ces lieux. D’abord au niveau des bureaux de direction des projets de l’entreprise PFO (Pierre Fakhoury Organisation) à qui l’Etat a confié la construction de ces édifices, c’est un portail clos par une chaîne et de gros cailloux qui nous a accueilli. Derrière les grilles de ce portail, nous apercevons une cour embroussaillée, ressemblant à une résidence abandonnée. Mais après avoir frappé plusieurs fois, une voix nous fait comprendre que les locaux continuent de recevoir les agents. « Je ne peux rien vous dire d’officiel. Toutefois, je peux vous confirmer que les travaux ont cessé depuis la période des élections. Nous venons tout de même au travail. Mais nous nous relayons parce qu’il n’y a pour le moment rien à faire. Les patrons qui ont en ce moment des chantiers sur Abidjan, y sont et appellent quelquefois pour avoir de nos nouvelles ou nous confier des missions dans la ville », nous confie-t-il, le visage et la voix encore marqués par le sommeil duquel nous l’avons obligé à sortir pour venir à nous au portail. Il nous conseille tout de même de nous rendre sur les chantiers où des techniciens pourraient mieux nous informer. Il nous indique surtout le chantier de l’Assemblée nationale. Mais vu notre proximité du chantier 211 de PFO où sortait de terre le futur Palais présidentiel, nous nous y rendons. Apparemment personne ne s’y trouve. Mais, c’est en fonçant sous les piliers imposants du Palais, et à proximité des grosses machines en place, que deux hommes armés de lance-pierres nous interpellent et nous interdisent l’accès au site, comme nous le faisait savoir d’ailleurs une pancarte à l’entrée. « Depuis novembre 2010, les travaux sont arrêtés ici. Et nous, nous veillons à la sécurité des lieux », nous fait savoir celui qui semblait être le chef de ces deux agents de sécurité, mandatés par une société de gardiennage pour le compte de PFO. « Avant, nous étions employés de Pierre Fakhoury, mais notre contrat a été revu et nous dépendons désormais d`une société de gardiennage », ajoute t-il, précisant qu’ils perçoivent régulièrement leur salaire. « Jusque-là, aucune des nouvelles autorités, tant locales que nationales n`est venue ici depuis la prise de fonction du président Alassane Ouattara. On nous a dit une fois que le président lui-même allait venir visiter ici, mais il n’est pas encore venu », fait-il remarquer. « Gbagbo lui, venait ici chaque fois. Souvent même au moment où on ne s’attendait pas à lui, il surprenait les travailleurs. Quand il était Président et qu’il était de passage à Yamoussoukro, ce qui était d’ailleurs régulier, il pouvait visiter les chantiers deux à trois fois le même jour », se souvient le gardien. Sur le site, on constate que les 16 piliers devant supporter le pont sur lequel doit être construit le bâtiment principal du Palais présidentiel, sont en finition. Déjà marbrés, ils débordent de grosses barres de fer gagnées par quelques rouilles. De grosses et impressionnantes machines remarquablement couvertes de toiles d’araignées demeurent à leur place, à coté des piliers. « Depuis que les travaux ont été arrêtés, les machines sont restées en place », conclut notre interlocuteur, qui précise que l’arrêt des travaux du Palais a eu lieu bien avant la tenue des élections présidentielles. Au chantier 212 de PFO de la future Assemblée nationale, nous sommes également bloqués au portail de la clôture par deux vigiles. Eux aussi refusent que nous ayons accès à la bâtisse de 500 places en construction. « Si vous passez ici tôt demain, vous pourrez rencontrer le chef du chantier qui pourrait vous renseigner. Il est là et vient ici chaque matin. Même l’un des plus grands patrons (un Européen) actuellement à Abidjan où ils suivent un chantier au niveau du palais présidentiel au Plateau, était là la semaine dernière. Il vient souvent pour voir comment vont les choses (…) Les machines sont en place. Mais pour les chantiers d’Abidjan, certaines de ces machines ont été transportées sur Abidjan. Mais on croit qu’on les ramènera pour la reprise des travaux », nous a-t-il fait savoir, soulignant que les travaux à leur niveau sont également stoppés depuis la période des élections. « Toutefois, régulièrement les matins, les machinistes viennent mettre les machines en marche, question de les entretenir. Mais les travaux proprement dits sont arrêtés. Nous ne savons rien de la reprise. Même les ouvriers n’en savent rien. Chaque matin, nombreux d’entre eux passent ici pour avoir des informations avec nous. Mais nous-mêmes ne sommes pas mieux informés qu’eux », a également fait savoir celui qui semblait être le chef des vigiles de ces lieux. Au nombre de dix, ils se relaient par groupe de cinq entre la journée et la nuit. Dans la cour, nous apercevons des agents, certainement des manœuvres en train de débroussailler. « Oui, eux, sont là pour rendre la cour propre et entretenir le coin. C’est eux qui ont par exemple placé ces bois (il nous les indique ) qui soutiennent la clôture. Les fortes pluies et les vents font tomber souvent la clôture (qui cache le chantier des regards de passant) ». Juste de l’autre côté de la voie qui longe le futur parlement, l’espace aménagé pour abriter le Sénat a refait place à la broussaille, et personne ne perd son temps à surveiller une broussaille. Bien que nous ayons suivi les conseils des derniers vigiles, nous n’avons pu rencontrer le chef du chantier. Du côté du programme spécial du transfert de la capitale, c’est l`omerta totale. Difficile d’avoir une voix qui pourrait situer l`opinion sur la suite que les nouvelles autorités entendent donner à ces travaux de transfert de la capitale à Yamoussoukro. Les populations de la ville, elles, sont dans l’indifférence totale. Seulement, les centaines de jeunes que ces chantiers avaient sortis du chômage, n’attendent que la reprise des travaux.

Blaise BONSIE à Yamoussoukro

Ph: Chantier 1 à 8
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