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Politique Publié le vendredi 9 décembre 2011 | Soir Info

Explosion meurtrière à un meeting du Pdci à Grand-Lahou / La vérité sur ce qui s’est passé : 27 Frci et 11 dozos interpellés et désarmés

Journée noire à Grand-Lahou, le mercredi 7 décembre 2011. Les militants du Pdci et particulièrement du candidat Djaha Jean, qui préparaient un meeting au quartier Frakorodougou, essentiellement peuplé par les allochtones originaires d’Odienné, ont été surpris par une roquette. Bilan : 3 morts et 3 blessés. Sur les lieux où nous nous sommes rendu, le jeudi 8 décembre 2011, le domicile de Kone Drissa, principal initiateur de ce meeting, ne désemplissait pas. Des jeunes suivaient tous les faits et gestes des éléments de la police scientifique venus faire des prélèvements dans cette cour. L’atmosphère était lourde et les voisins encore sous le choc, évitaient de faire des commentaires. « Nous avons eu très peur hier nuit. Nous n’avons pas fermé l’œil», nous a confié Mlle Sangaré Bakoro, de la famille Karamoko Fofana. Lorsque nous entrons dans la cour de Koné Drissa père des défunts, c’est ce dernier qui, courageusement, nous reçoit et nous retrace le film du drame. « Je suis un fervent militant du Pdci. A la faveur de cette campagne, j’ai choisi le candidat de mon parti. Je l’ai donc invité dans mon quartier pour animer un meeting. Le matin du 7 décembre, des jeunes s’activaient à faire la mise en place pour le meeting prévu à 16 h. Assis sous le manguier, je suivais les travaux. Il est 11 h40 minutes. Je me retire dans ma chambre pour un petit repos en attendant l’heure indiquée. C’est alors que je suis secoué par une forte détonation. Lorsque je retourne dans la cour, je suis envahi par une épaisse fumée noire. Puis je découvre les corps de mes enfants au sol. La scène est insoutenable parce qu’il y a des corps déchiquetés et des membres arrachés. C’est horrible de voir trois de mes enfants morts ainsi », a relaté le septuagénaire. Les trois enfants tués sont : Koné Adama (16 ans), Fofana Aminatou (13 ans) et Béma Kouman (14 ans). Les blessés ont tous été évacués dans un Chu à Abidjan. Il s’agit de Koné Assétou dont le bras droit est arraché, Marie, blessée au cou et Yiré atteinte à la cuisse gauche. Mais comment est survenu ce drame et qui en sont les auteurs ? A ce niveau, personne, ni même les témoins, n’osent fournir des pistes sur les présumés auteurs de ce coup malheureux. «Il est 11 h 45 mn. Nous étions en train de monter les bâches quand nous avons entendu cette déflagration. Nous ne savons pas qui sont les auteurs», nous a confié Nzi Michel, l’un des responsable de campagne du candidat du Pdci, témoin du drame. Selon des informations confirmées par le chef de famille Koné Drissa, c’est à 20 h que le ministre délégué à la défense, Paul Koffi Koffi, le chef d’Etat Major, Soumaïla Bakayoko, le commandant supérieur de la gendarmerie Kouakou Gervais ainsi que le directeur général de la police Brindou Mbia, se sont rendus sur les lieux pour constater l’ampleur du drame. Ils remettent la somme d’1,5 million de Fcfa au père des victimes. Par ailleurs, à l’issue d’une rencontre avec les forces sur place, 27 éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et11 dozos, considérés comme étant à l’origine de ce drame, ont été interpellés et désarmés. La thèse d’une fausse manipulation d’une roquette par un élément des Frci serait à l’origine du coup fatal. Les 38 éléments mis aux arrêts, ont été conduits à l’une des bases des Frci à Abobo en attendant leur audition. Nous avons recueilli la déclaration du Lt Coulibaly Abdoulaye, commandant des Frci de Grand-Lahou après ce qui s’est passé : « Pour les campagnes législatives, l’un des candidats notamment celui du Pdci, M. Djaha Jean se déplace avec environ une cinquantaine d’éléments armés ainsi que des dozos puissamment armés. Ces derniers suivent ce candidat dans toutes ses missions. Certains sont même munis de lance-roquette. Ce jour-là, c’est sans doute une fausse manipulation de ces armes par un de ces éléments incontrôlés parce que ne faisant pas partie de notre effectif, qui est à l’origine de la tragédie. Dans tous les cas, le chef d’état-major a donné des instructions fermes pour désarmer cette bande incontrôlée et ces dozos qui, il faut le dire, sèment depuis peu, le désordre dans la cité. Ils ont été ensuite conduits à Abidjan». Interrogé alors qu’il était en partance pour un meeting à Lahou Kpanda, le candidat du Pdci, Djaha Jean, a laissé entendre : « Je n’ai aucun commentaire à ce sujet. C’est un drame qui nous surprend tous et je ne peux rien dire à ce sujet. Je sais que je vais gagner ces élections». Une enquête a été ouverte pour situer les responsabilités dans l’affaire.

Norbert N’kaka (Envoyé spécial)
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