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Politique Publié le samedi 10 décembre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Réactions de quelques exilés

Ils ont donné leurs points de vue sur la situation sociopolitique en Côte d'Ivoire et relevé les griefs à l'encontre du nouveau pouvoir. Des griefs, disent-ils, qui empêchent leur retour au pays. Même s'ils se disent nostalgiques de la Côte d'Ivoire, ces ivoiriens interrogés disent ne pas se plaindre de leur nouvelle situation. Leur souhait d’une Côte d’Ivoire plus démocratique et réconciliée reste le point d’ancrage de leurs doléances.

Fofana Youssouf, président de la Voix du Nord et secrétaire à la communication de la Copie :
«L’appel du Chef de l'Etat n'est pas sincère»

‘’Nous sommes en bonne santé ici, nous réfléchissons pour la Côte d'Ivoire et nous souhaitons qu'il y ait les conditions démocratiques dans notre pays afin que nous retournions pour faire la politique. Nous voulons rentrer mais nous estimons que l'appel du Chef de l'Etat n'est pas sincère. On n'appelle pas la souris pour ensuite casser sa tête. On a appris l'arrestation de Mao Glofiéi qui a pourtant fait des interviewes allant dans le sens de la réconciliation. Le Président Gbagbo était à Korhogo et il était plus facile d'aller le chercher pour un dialogue républicain. Mais c'est au moment où nous parlons de cette réconciliation dans laquelle Gbagbo est un élément clé, qu'on le déporte à La Haye pour y être jugé. Ce qui l'écarte définitivement de la réconciliation. Quand on veut faire la réconciliation et qu'on rejette 46 % des ivoiriens, selon eux-mêmes leurs résultats de la présidentielle, je pense que ce n'est pas sincère de la part du Chef de l'Etat. Il faut qu’il soit sincère pour que la réconciliation soit possible. Sinon s’il faut dix ans ou quinze ans, nous restons ici à Accra. Pour non seulement sauver nos vies mais aussi pour mettre la pression. Quand nous saurons que les conditions politiques et sécuritaires sont réunies, Alassane Ouattara n’aura pas besoin de nous démarcher. Nous rentrerons dans notre pays pour participer à la vie politique’’.

Pasteur Gammy, président du Miloci (mouvement d’autodéfense) «Je m’inquiète pour ceux qui parlent de coup d’état»

‘’Vous voyez que j’ai pris du poids ! Je voudrais m’inquiéter en ce qui me concerne, de ceux qui parlent de coup d’état. Nous sommes ici à l’aise et on attend que Dieu intervienne. Quant au transfèrement de Laurent Gbagbo, nous disons toujours que c’est le plan de Dieu. Vous avez vu qu’à la CPI, Gbagbo est devenu plus célèbre. Donc que les ivoiriens soient tranquilles. Car le même Gbagbo que nous avons vu partir à La Haye reviendra parmi nous bientôt. En ce qui concerne la situation en Côte d’Ivoire, nous pensons que le nouveau pouvoir porte en lui-même les germes de sa propre destruction. Et nous sommes convaincus que cela ne va pas durer longtemps’’.

Idriss Ouattara, président des agoras et parlements, SG de la Copie: «Il faut que Alassane Ouattara ouvre ses bras aux autres fils de la Côte d’Ivoire»

‘’Il y a un recul de la démocratie en Côte d’ Ivoire. Les lois ne sont pas respectées. On a nommé un président du conseil constitutionnel sans tenir compte des règles en la matière. On passe outre l’Assemblée nationale pour gouverner. On fait une extradition du président Laurent Gbagbo sans respecter les règles élémentaires du droit. En tant que juriste, j’ai mal pour mon pays et j’ai mal pour l’Afrique. Qu’est ce qui urgeait tant pour qu’on ne respecte pas les règles en matière d’extradition pour Laurent Gbagbo ? En tant qu’intellectuel, je voudrais dénoncer cela. Laurent Gbagbo avait accepté la rébellion, Alassane Ouattara était revenu de son exil pour participer à la vie politique en Côte d’Ivoire, Henri Konan Bédié aussi. Les journalistes, sous le mandat de Laurent Gbagbo n’étaient pas emprisonnés. Il y avait des grèves dans le pays et chacun exprimait son opinion et Laurent Gbagbo acceptait tout cela dans un contexte de crise. Aujourd’hui, Alassane Ouattara gouverne librement mais il n’accepte pas la contradiction. Dans ce contexte, on ne peut pas demander aux exilés que nous sommes de rentrer dans notre pays. Nous voulons retourner dans notre pays mais il faut la décrispation du climat sociopolitique. Il faut que Alassane Ouattara accepte d’ouvrir ses bras aux autres fils de la Côte d’Ivoire que nous sommes pour que nous bâtissions la Côte d’Ivoire ensemble. Nous comprenons finalement que Alassane Ouattara ne veut pas ouvrir le champ politique. Il veut s’assurer une longévité sans contradiction, sans opposition significative. C’est le sens des législatives à sens unique d’où on exclut systématiquement les partisans de Laurent Gbagbo. Nous ne voulons pas de cette Côte d’Ivoire. C’est pourquoi nous avons fondé la coalition des patriotes ivoiriens en exil pour donner de la voix. On ne peut pas nous nier le droit d’exister même en exil ! Nous nous organisons donc pour décrier et mobiliser tous nos camarades pour la lutte démocratique afin que la Côte d’Ivoire redevienne ce qu’elle a été’’.

Nadaud Clément, président de Sorbonne Solidarité (espace de libre expression) et représentant Copie au Togo : «Alassane Ouattara doit surmonter tous les clivages»

‘’Nous constatons simplement que la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire est devenue délétère. Nous constatons que Alassane Ouattara n’est plus guidé par l’houphouëtisme mais par lui-même. Nous nous retrouvons en exil parce qu’il y a une culture de la haine qui fait que nous ne pouvons pas rentrer dans notre pays. Alassane Ouattara, de notre avis, doit surmonter tous les clivages et se départir de la France. Il faut qu’il réalise qu’il est le président de la Côte d’Ivoire et non pas d’une partie et qu’il assume la destinée du peuple ivoirien. C’est à lui de tendre la main aux ivoiriens. C’est à lui de favoriser la réconciliation. Si Alassane Ouattara veut de la réconciliation, il devrait savoir que ces législatives en cours sont caduques et l’Assemblée nationale qui en sera issue n’est pas représentative de la Côte d’Ivoire. Nous dénonçons le découpage électoral tel qu’il a été mené. Nous estimons que ce découpage devait être consensuel comme en 2000. La justice est aujourd’hui aux ordres et les chefs d’accusation du procureur sont à la tête du client. Et nous ne savons pas de quoi nous serons accusés demain quand nous allons rentrer au pays. Nous ne voulons pas rentrer chez nous au pays parce qu’il n’y a pas de justice’’.
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